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therasse therasse 20 septembre 2018 13:08
L’IMPUISSANCE A CONNAÎTRE LES CAUSALITES NE LES REND PAS INEXISTANTES POUR AUTANT OU DE L’(IN)EXISTENCE DES DIEUX LEGISLATEURS..

Le hasard ne devrait-il pas plutôt se nommer : « méconnaissance des causalités » ? Idem pour ce qu’on nomme liberté ? Cette conception n’est pas neuve, c’est ce que pensait Spinoza ( « L’Ethique »).

 « Si l’homme se croit doté de libre arbitre c’est qu’à la fois il s’ignore lui-même, mais qu’il a pourtant conscience de quelque chose : il ignore les causes qui le déterminent à vouloir et à se mouvoir, tout en étant conscient de ses volontés et de ses mouvements. Sa croyance illusoire en une liberté indéterminée est donc elle-même déterminée : cette croyance vient de ce qu’il n’a conscience que des effets que provoquent en lui les choses extérieures, et qu’il ignore les causes qui les produisent. C’est pourquoi l’homme se prend pour une cause libre. » Pascal Séverac, philosophe, chargé de cours à Paris à propos de Spinoza dans une édition spéciale de la revue « Le Point »

 « Telle est cette liberté humaine que tous se vantent d’avoir et qui consiste en cela seul que les hommes sont conscients de leurs appétits et ignorants des causes qui les déterminent. C’est ainsi qu’un petit enfant croit librement désirer le lait, un jeune garçon irrité vouloir la vengeance et fuir s’il est peureux. L’ivrogne croit dire par un libre décret de son âme ce qu’ensuite, sobre, il voudrait avoir tu. Ainsi le dément, le bavard, et bien d’autres de même farine, croient agir par un libre décret de leur âme et non être portés par une impulsion. Et comme ce préjugé est inné en tous les hommes, ils ne s’en libèrent pas facilement. » Spinoza - Lettre 58 (A Georg Hermann Schuller)

Ce n’est pas le fait que la situation présente et le passé sont complexes, que l’abondance des causalités constitue un labyrinthe inextricable pour notre cerveau, que tout ça n’existe pas. La psychanalyse a par ailleurs bien montré, n’en déplaise à Onfray, qu’au delà de la conscience existe une autre réalité causale de désordres mentaux, nommée inconscient ou subconscient dont le souvenir, remonté à la conscience exerce des effets étonnants sur la vie présente et future chez les patients.

En remontant quinze, vingt, trente générations on trouvera chaque fois un couple sans le coït duquel nous ne serions pas là aujourd’hui, ou si le coït avait été différé de quelques secondes, car la foule de spermatozoïdes qui déboula vers l’ovule aurait été différente ainsi que le vainqueur. Donc la lignée de descendants qui s’ensuivit.

Causalité, toujours et encore.

Evidemment on pourra s’obstiner à nommer cela hasard. Juste une question d’étiquette. Perso, je préfère « déterminisme » même si les enchaînements causaux ne sont ni perceptibles, énumérables par notre cerveau limité.

L’impuissance à connaître des espaces inconnus ne supprime pas ceux-ci pour autant.

 Avec Spinoza, la question de Dieu était évacuée car qui dit déterminisme évacue le libre arbitre donc la morale manichéenne du bien et du mal, donc enfer et paradis car qui n’est pas responsable ne peut être récompensé ni puni. Le panthéisme apparaît dès lors comme un camouflage de Spinoza, rendu nécessaire par l’époque qui n’appréciait pas beaucoup les athées, ni leur langue qu’ils étaient tentés de couper.

 Etre excommunié, soit ! Chassé de la communauté juive, resoit ! Mais amputé de la caroncule et brûlé, on comprend aisément que le philosophe n’ait pas été « chaud bouillant » pour cette perspective-là.

 Doit-on pour autant cesser de mettre en jugement un prévenu au prétexte de ces causalités à l’infini. Assurément non ! Mais il ne s’agit là que d’hygiène sociale, il importe d’en être conscients. Plutôt une mise à l’écart d’un indésirable, d’un nuisible, que de punir le responsable d’un méfait, qui aurait «  »« choisi »«  » de le commettre.

Une décision purement utilitariste de préservation du groupe à l’égard d’un individu qui n’a pas respecté le contrat social, celui du milieu où il a choisi de vivre. 

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