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kb kb 14 octobre 2018 19:39

suite 3

Ce désir de revanche et de conquête ne revient qu’au début du XIXème siècle puisqu’il fallait au préalable affaiblir l’empire ottoman, en éveillant le sentiment nationaliste au sein des peuples soumis et en leur fournissant des encouragements et des armes qui donnèrent aux mouvements d’indépendance nationale, la force et la cohésion sans lesquelles elles n’auraient jamais pu briser le joug du Sultan :

 Le soulèvement des Grecs en 1822, donna le premier signal du démembrement.

 Roumains, Serbes, Bulgares et Albanais suivirent le mouvement.

 L’émancipation des peuples chrétiens des Balkans était déjà un fait accompli.

 Au lieu de calmer les rebellions nationales au sein de l’empire malade, les puissances européennes les enfiévrèrent et les nourrirent de haine à l’égard de l’autorité sultanienne, profitant simultanément de l’état critique des finances de l’empire dont l’endettement extérieur atteignait des sommets abyssaux : les emprunts étrangers n’étaient accordés qu’ en échange de garanties et de gages ( concessions, octrois de monopoles, exploitations des mines, quais, docks, entrepôts, chemins de fer, banques, exploitations pétrolières, droits de douane.....

 Ainsi, les Puissances pompaient-elles avidemment les richesses du pays. De sorte qu’une grande partie du revenu national allait directement dans les coffres-forts des banques de Londres, de Paris, de Vienne et de Berlin.

 Le pays se putréfiait à vue d’oeil et les Sultans sentaient monter vers eux la colère de leurs sujets.

 L’Empire, appelé désormais "l’Homme malade", agonisait :

 Tout donnait une impression de misère et de vétusté.

 Au lieu de remédier à cette pénible situation, le Sultan couvrit ses territoires d’un ensemble de réseaux d’ ’indics’ ayant pour mission exclusive de surveiller la population. Aussi, n’y avait-il de liberté ni de sécurité pour personne et les prisons regorgeaient de détenus.

 Le mécontentement était quasi-général....

 C’est à cette période précisément que l’Angleterre, la France et finalement l’Italie s’emparèrent de toutes les possessions africaines ottomanes, ainsi que des îles les plus importantes de la Méditerranée orientale.

 L’Algérie, la Tunisie, l’Egypte, Malte, la Crète furent perdues à tour de rôle.

 Et la superficie de l’empire ne cessait de se rétrécir au profit des nations chrétiennes.

 Ce n’était évidemment pas par philanthropie que les puissances européennes soutenaient les mouvements d’indépendance nationale. C’était simplement parce que ce levier commode, leur permettait d’affaiblir le dernier des empires de l’Islam et facilitait leur propre mainmise sur les possessions ottomanes. 

 Ces conquêtes s’étaient déroulées sous le signe d’une nouvelle colonisation qui préfigure une "vocation civilisatrice". Aussi, l’aventure colonialiste fut-elle menée de pair avec la participation effective des grands évêques.

 La mission chrétienne et l’Etat colonial s’étaient partagés la besogne selon leurs compétences respectives : Aux coloniaux d’assurer la sécurité et de fournir l’aide matérielle et financière ; aux missionnaires d’accomplir la grande oeuvre civilisationnelle, de fonder les écoles et un réseau d’oeuvres médicales et sociales.

 L’Eglise allait en effet s’affirmer grâce à ses actions sur le terrain. Et Arthur Conte d’affirmer : "La colonisation fut une véritable épopée au temps des croisades et se continua à présent au siècle des lumières« . C’était pour nous rappeler que  »les croisés furent les ancêtres des colons".

 C’était au début du XXème siècle, au moment de la désintégration et de la chute de l’Empire ottoman qu’apparaît Mustapha Kémel.

 Il a immédiatement compris que rien n’écarterait l’usure fatale de l’Empire. Aussi, s’était-il plongé corps et âme dans une oeuvre harassante pour la création d’une jeune nation turque, transformée de fonds en comble et bouillonnante de vitalité. Loin de son esprit cet empire « réac, attardé et has been », composé d’une mosaïque de peuplades majoritairement sous-développées.

 Il trancha subitement et avec force la question en proclamant le caractère républicain et laïc de son régime :

 " L’homme politique qui a besoin des secours de la religion pour gouverner n’est qu’un lâche ! s’écrie-t-il. Or, jamais un lâche ne devrait être investi des fonctions de chef de l’Etat".

 " Nous avons énormément souffert par le seul fait que nous sommes demeurés stationnaires alors que le reste du monde continuait à progresser. C’est maintenant à notre tour d’aller de l’avant. Nous aspirons à la civilisation et à la science ; c’est là que doit mener notre voie".....

  La chute de l’Empire ottoman, la colonisation du monde islamique par les puissances chrétiennes européennes et l’émergence, pour la première fois, d’un régime laïcisé au sein de la nation mahométane, avaient sérieusement ébranlé l’Islam sans pour autant entamer la foi religieuse de ses fidèles.... 

  Et la colonisation ne fera qu’exaspérer les autochtones musulmans et cimenter leur union dans un combat souvent harassant et cruel contre les armées d’occupation ; ce combat étant par ailleurs fréquemment mené au nom d’un Islam politique, rigoriste et djihadiste

 Seul le Maroc berbéro-arabe, ayant échappé à la tutelle ottomane et demeuré indépendant, faisait l’objet de convoitises de la part des puissances européennes qui rêvaient chacune en son fonds intérieur, de s’en emparer. La France en particulier, depuis la prise d’Alger, manifestait ardemment auprès de ces mêmes puissances son profond désir de s’approprier l’Empire chérifien. Elle, qui a usé par le passé de subterfuges pour faire main basse sur le Maroc.

 Et dés 1808 déjà, Napoléon 1er au zénith de sa gloire, envoya au Royaume un espion, un certain Antoine Burel, polytechnicien et officier du génie, déguisé en émissaire porteur d’une lettre au Sultan. Mais sa véritable mission est de rendre compte de l’état des fortifications et de la force des armées afin de permettre l’élaboration d’un plan pour la conquête du pays. L’Empereur Moulay Slimane reçut en grande pompe M. Burel accompagné du consul de France à Tanger et désigna son frère Moulay Abdeslam pour le représenter dans les pourparlers avec les émissaires français. Ces derniers firent remarquer au prince marocain que le Maroc collabore étroitement avec l’Angleterre et qu’il a permis aux troupes britanniques d’occuper l’îlot de Perejil à côté de Ceuta, et que c’était là « une agression manifeste et que la neutralité s’y trouvait blessée ».

à suivre...


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