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Jean d'Hôtaux Jean d’Hôtaux 3 novembre 2018 15:35

Merci à l’auteur d’ouvrir cette réflexion sur la définition de la « nation » !

Il m’apparaît toutefois nécessaire de prendre en compte l’évolution de la sémantique du mot « nation », depuis le prononcé de la conférence d’Ernest Renan en Sorbonne en 1882, jusqu’à ce jour.

En effet, parmi les exemples qu’il cite pour les classer dans en catégories, certains d’entre eux ne répondent plus actuellement, 135 ans après sa conférence, aux critères qu’il a défini. Ainsi l’Autriche de 1882 n’a absolument plus rien à voir avec le pays que nous connaissons actuellement. D’empire cosmopolite, l’Autriche est devenue une république fédérale de langue allemande, mais est-elle une nation pour autant ? Je n’en suis pas sûr, tout dépend du sens de ce mot nation.

Si l’on se réfère à la définition donnée par le Larousse en ligne :

  • Ensemble des êtres humains vivant dans un même territoire, ayant une communauté d’origine, d’histoire, de culture, de traditions, parfois de langue, et constituant une communauté politique.
  • Entité abstraite, collective et indivisible, distincte des individus qui la composent et titulaire de la souveraineté.
On ne peut pas vraiment affirmer que la Suisse, pour prendre cet exemple, réponde à la définition d’une nation comme l’affirme Renan.

La Suisse, écrivait Denis de Rougemont, c’est l’union dans la diversité. Or on ne peut pas vraiment dire que la diversité fasse partie de la définition du mot « nation ». Si les Suisses sont indéniablement très attachés à leur appartenance commune, ce n’est ni en raison d’une langue, d’une religion, d’une culture, voire de traditions communes, mais essentiellement à une très forte adhésion au modèle politique et institutionnel qu’ils partagent. Ce qui se traduit pour l’essentiel par le fédéralisme et la démocratie « semi-directe ». Ainsi en Suisse vous n’entendrez jamais parler de « nation suisse », contrairement à la France, de culture jacobine, où la « nation française » fait partie du vocabulaire et dont le sens est parfaitement compris par les Français.

En tant que citoyen suisse, je ne me sens absolument pas appartenir à la « nation suisse » car celle-ci n’existe tout simplement pas. En revanche je partage avec mes compatriotes germanophones et italophones les mêmes valeurs démocratiques et le même idéal de construction institutionnel.

A l’heure de la construction européenne, parlera-t-on bientôt de « nation européenne » ?


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