@leypanou
"Nous sommes un peuple de la guerre. Nous aimons la guerre parce que nous sommes très bons à la faire. En fait, c’est la seule chose que nous savons faire dans ce putain de pays : faire la guerre, on a eu beaucoup de temps de pratique et aussi parce que c’est sûr que nous ne sommes plus capables de construire une machine à laver ou une voiture qui vaille un pet de lapin ; par contre si vous avez plein de bronzés dans votre pays, dites leur de faire gaffe parce qu’on va venir leur foutre des bombes sur la gueule…” — George Carlin
Pendant quatre cents ans - depuis les premiers assauts espagnols contre le peuple Arawak d’Hispaniola dans les années 1490 jusqu’au massacre par l’armée américaine des Sioux à Wounded Knee dans les années 1890 - les habitants indigènes de l’Amérique du Nord et du Sud subissent une tempête de violence sans fin. Pendant cette période, la population autochtone de l’hémisphère occidental a diminué de 100 millions de personnes. En effet, comme le souligne l’historien David E. Stannard dans ce nouveau livre renversant, la destruction par les Européens et les Américains blancs des peuples autochtones des Amériques était l’acte de génocide le plus massif de l’histoire du monde.
Stannard commence par un portrait de la richesse et de la diversité de la vie dans les Amériques avant le voyage fatidique de Christophe Colomb en 1492. Il suit ensuite la voie du génocide allant des Indes au Mexique et en Amérique centrale et du Sud, puis au nord en Floride, en Virginie et Nouvelle-Angleterre et enfin à travers les grandes plaines et le sud-ouest jusqu’en Californie et la côte nord du Pacifique. Stannard révèle que partout où les Européens ou les Blancs sont allés, les autochtones ont été pris entre des pestes importées et des atrocités barbares, entraînant généralement l’anéantissement de 95% de leur population. Quel genre de personnes, demande-t-il, fait des choses aussi horribles aux autres ? Sa réponse hautement provocante : les chrétiens. En plongeant profondément dans les anciennes attitudes européennes et chrétiennes à l’égard du sexe, de la race et de la guerre, il découvre que le terrain culturel est bien préparé à la fin du Moyen-Âge pour la campagne de génocide de plusieurs siècles que les Européens et leurs descendants ont lancée - contre les habitants d’origine du Nouveau Monde. Stannard soutient que les auteurs de l’Holocauste américain se sont inspirés de la même source idéologique que les architectes ultérieurs de l’Holocauste nazi. C’est une idéologie qui reste dangereusement vivante aujourd’hui, a-t-il ajouté, et qui a fait surface ces dernières années dans les justifications américaines d’une intervention militaire à grande échelle en Asie du Sud-Est et au Moyen-Orient.
À la fois vaste et méticuleusement détaillé, l’Holocauste américain est une œuvre savante et passionnée qui suscitera certainement un intense débat historique et moral.