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Renaud Bouchard Renaud Bouchard 5 décembre 2018 11:54

Au pied du mur, le gouvernement a annoncé, ce mardi matin, un « moratoire » de six mois sur les taxes sur les carburants et les prix de l’énergie. Réalisé en pleine crise des Gilets Jaunes, le dernier baromètre BVA-La Tribune indique que les priorités d’une large majorité de Français sont plutôt une revalorisation des petites retraites, une hausse du salaire minimum et le rétablissement de l’ISF.

cf. Grégoire Normand : https://www.latribune.fr/economie/france/gilets-jaunes-ce-qu-attendent-les-francais-799800.html#xtor=EPR-2-[l-actu-du-jour]-20181205

Alors que le gouvernement a annoncé, ce mardi, un moratoire de six mois sur la hausse de la taxe sur les carburants, prévue le 1er janvier, ainsi que le gel des tarifs de l’électricité et du gaz, les attentes des Français vont bien au-delà de cette première réponse à la crise sociale des gilets jaunes. Selon le dernier baromètre BVA réalisé pour La Tribune avant les annonces d’Edouard Philippe ce mardi, 82% des Français attendent en priorité une revalorisation des petites retraites, 77% réclament une valorisation du SMIC et 71% le rétablissement de l’impôt sur la fortune (ISF). Soit les revendications des gilets jaunes. Viennent ensuite, quand même, le report de la hausse des prix des carburants pour 70% des répondants et une revalorisation des aides au logement (59%).

Si le gouvernement tente désespérément de désamorcer la crise, les mesures annoncées risquent pourtant d’aggraver la fracture entre les Français et le pouvoir. Déjà sous pression, l’exécutif semble toujours dans l’impasse et l’incompréhension alors que de multiples appels ont déjà été lancés sur Facebook par des membres des « gilets jaunes » pour se rassembler à nouveau pour un « acte IV » à Paris et en régions ce samedi 8 décembre et accentuer le rapport de forces.

> Lire aussi : « Gilets jaunes » : l’exécutif suspend la hausse des prix du carburant et de l’énergie

71% réclament une hausse de l’impôt sur la fortune

Parmi les mesures testées, la plus clivante au niveau des catégories sociales est la suppression de l’impôt sur la fortune. En effet, il y a 17 points d’écart entre les classes populaires (81%) et les classes aisées (64%). Cette mesure, hautement symbolique, fait partie des revendications exprimées par des membres des « gilets jaunes ». De nombreux messages « Paie ton ISF ! » ont ainsi circulé sur les réseaux sociaux.

De son côté, l’opposition réclame le rétablissement de cette imposition pour financer des mesures en faveur du pouvoir d’achat et de la transition écologique. Mais l’exécutif continue pour le moment de défendre cette décision qui continue de nourrir le sentiment d’injustice fiscale. A ce sujet, l’économiste du Collège de France et conseiller d’Emmanuel Macron, Philippe Aghion, a proposé, dans les colonnes du Monde, un rétablissement temporaire « d’une taxe de solidarité sur les patrimoines mobiliers pour financer la transition écologique ».

Forte désapprobation de la politique économique

D’après les réponses collectées par BVA, 75% des Français jugent que la politique économique menée actuellement par le gouvernement est « mauvaise ». Cette désapprobation gagne 8 points par rapport au résultat à la même question posée cette-fois en septembre. A l’opposé, la part des répondants qui approuve ses réformes économiques est en chute libre. Elle est passée de 32% en septembre dernier à 24%. Chez les employés et ouvriers (85%), les classes moyennes modestes (79%) et chez les classes populaires (92%), ce sentiment de défiance est particulièrement marqué. Pour BVA, la comparaison avec les résultats de décembre 2017 illustre un vrai basculement de l’opinion publique. Il y a encore un an, 49% des Français jugeait que la politique économique était favorable contre 48% qui la jugeaient favorable.

Les Français soutiennent les « gilets jaunes »

Malgré la baisse des chiffres du nombre de « gilets jaunes » diffusés par le ministère de l’Intérieur chaque semaine, les Français approuvent de plus en plus ce mouvement. En effet, la part des répondants soutenant les « gilets jaunes » a grimpé de six points par rapport au début du mois de novembre dernier pour atteindre 71%.

Dans le détail, les résultats mettent en évidence de véritables clivages au sein de la population française. Les gilets jaunes sont soutenus par 76% des moins de 35 ans, 78% des employés et ouvriers, 77% des habitants de communes rurales. Au niveau des catégories sociales, 75% des personnes interrogées appartenant aux classes moyennes modestes et 87% de ceux appartenant aux classes moyennes populaires adhèrent aux revendications de ce mouvement protéiforme.

A l’inverse, le soutien aux protestations est bien en deça des niveaux précédents chez les 65 ans et plus (62%), dans l’agglomération parisienne (60%), chez les cadres (56%), auprès des Français des classes moyennes supérieures (54%) ou des classes aisées (52%).

Craintes sur le pouvoir d’achat

Sur le front du pouvoir d’achat, les inquiétudes des Français sont loin de s’apaiser. En dépit de la multiplication des mesures censées doper la consommation des Français (suppression des cotisations d’assurance-chômage et celles d’assurance-maladie, taxe d’habitation), ces derniers se montrent très pessimistes. "Alors qu’en février 2018, 24% des Français se déclaraient optimistes pour l’évolution de leur pouvoir d’achat d’ici à la fin du quinquennat d’Emmanuel Macron, ils ne sont aujourd’hui que 18% (-6 points) alors que 81% se déclarent pessimistes (+7 points)«  souligne BVA.

Si la fronde des  »gilets jaunes" a démarré en réponse à la hausse des prix des carburants, cette exaspération trouve ses racines dans des causes bien plus profondes. En effet, la hausse de la fiscalité écologique n’est responsable que d’un quart environ des hausses des prix des carburants et du fuel alors que l’évolution des prix du pétrole sur les marchés mondiaux a joué un rôle bien plus important. Surtout, les prix du baril ont déjà bien chuté depuis plusieurs semaines.

> Lire aussi : « La fiscalité écologique sert de bouc émissaire à un ensemble de mécontentements »

Les risques d’un quatrième week-end agité à venir

Au pied du mur, le gouvernement a consulté ce lundi 3 décembre de nombreux représentants de l’opposition avant de formuler ces propositions. Mais cette stratégie ne semble pas efficace au regard des résultats collectés pour ce sondage. Par ailleurs, les conséquences économiques des différentes mobilisations pourraient affaiblir la crédibilité du gouvernement. A la suite d’une réunion de crise ce lundi matin à Bercy, le ministre de l’Economie, Bruno Le Maire, a signalé que tous les événements de ces dernières semaines avaient eu un « impact sévère » et « continu » sur l’activité économique à l’échelle de tout le territoire, avec des pertes de chiffre d’affaires significatives dans différents secteurs. Plusieurs organisations professionnelles ont réclamé un retour au calme. Mais, à lire les commentaires et les réactions sur les réseaux sociaux, les dernières annonces du Premier ministre Edouard Philippe pourraient encore décevoir une bonne partie des manifestants appelant déjà à un acte IV le week-end prochain.

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