@microf
Suite 4
Comment l’Occident dévore ses
enfants
par
Thierry Meyssan
Comment sauver ses privilèges
Il semble que la classe dirigeante britannique ait sa solution : si
Londres en particulier et les Occidentaux en général ne sont plus
capables de gouverner le monde, il convient de faire la part du feu et
de diviser le monde en deux zones distinctes. C’est la politique mise en
œuvre dans les derniers mois de la présidence Obama [11],
puis par Theresa May, et désormais par Donald Trump, avec leur refus de
coopérer et leurs accusations à l’emporte-pièce d’abord contre la
Russie et maintenant contre la Chine.
Il semble également que la Russie et la Chine, malgré leur rivalité
historique, soient conscientes qu’elles ne pourront jamais s’allier avec
des Occidentaux qui n’ont pas cessé de vouloir les dépecer. D’où leur
projet de « Partenariat de l’Eurasie élargie » : si le monde doit se
fracturer en deux, chacun doit organiser le sien. Concrètement cela
signifie pour Pékin l’abandon de la moitié du projet de la « route de la
soie » et son redéploiement avec Moscou dans la seule Eurasie élargie.
Déterminer la ligne de partage
Pour l’Occident et pour l’Eurasie élargie, il convient de déterminer
le plus tôt possible la ligne de fracture. Par exemple, de quel côté
l’Ukraine basculera-t-elle ? La construction par la Russie du pont de
Kertch visait à couper le pays, à absorber le Donbass et le bassin de la
mer d’Azov, puis Odessa et la Transnistrie. Au contraire, l’incident de
Kertch organisé par les Occidentaux vise à faire entrer toute l’Ukraine
dans l’Otan avant que le pays ne se fracture.
Puisque le bateau de la globalisation financière coule, beaucoup
commencent à sauver leurs intérêts personnels sans prendre garde aux
autres. D’où par exemple la tension entre l’Union européenne et les
États-Unis. À ce jeu, le mouvement sioniste a toujours une longueur
d’avance, d’où la mutation accélérée de la stratégie israélienne qui
abandonne la Syrie à la Russie et se tourne à la fois vers le Golfe et
vers l’Afrique de l’Est.
Perspectives
Compte tenu de ce qui est en jeu, il est évident que l’insurrection
en France n’est que le début d’un processus beaucoup plus vaste qui va
s’étendre à d’autres pays occidentaux.
Il est absurde de croire qu’à l’heure de la globalisation financière,
un gouvernement quel qu’il soit puisse résoudre les problèmes de son
pays sans remettre en cause les relations internationales et retrouver
simultanément ses capacités d’action. Or, précisément, la politique
étrangère est tenue hors du champ démocratique depuis la dissolution de
l’Union soviétique. Il convient pourtant, d’urgence, de se retirer de
presque tous les traités et engagements de ces trente dernières années.
Seuls les États qui retrouveront leur souveraineté pourront espérer se
rétablir.