Bonjour, merci pour cette belle évocation. En voici une autre :
Saint Amant (1594-1661)
Sonnet
Assis sur un fagot, une pipe à la main
Tristement accoudé contre une cheminée,
Les yeux fixés vers terre, et l’âme mutinée,
Je songe aux cruautés de mon sort inhumain.
L’espoir, qui me remet du jour au lendemain,
Essaie de gagner temps sur ma peine obstinée,
Et, me venant promettre une autre destinée,
Me fait monter plus haut qu’un empereur romain.
Mais à peine cette herbe est-elle mise en cendre,
Qu’en mon premier état, il me convient descendre,
Et passer mes ennuis à redire souvent :
Non, je ne trouve point beaucoup de différence
De prendre du tabac à vivre d’espérance,
Car l’un n’est que fumée, et l’autre n’est que vent.
Tiré de : Maurice Allem, Anthologie poétique française, éd. Garnier, 1965.
La cheminée, lieu de méditations, le feu qui nous attire depuis plus de trois cent mille ans, et ses fascinations ataviques.