Les Jeux et les Hommes font une place essentielle au
vertige ; c’est l’une des catégories anthropologiques du jeu, dans la
nomenclature qu’en propose Caillois :
- jeux de compétition,
- de hasard,
- de simulacre,
- et de vertige.
Le vertige est cette disposition par
laquelle on s’efforce de « provoquer en soi, par un mouvement rapide de
rotation ou de chute, un état organique de confusion et de désarroi ».
Dans les spasmes, les transes, les
déséquilibres, les étourdissements, il s’agit de « détruire pour un
instant la stabilité de la perception et d’infliger à la conscience lucide une « panique
voluptueuse », où le corps lui-même ne retrouve qu’avec peine « son
assiette » et le sentiment de sa propre « netteté ». Il
s’agit aussi d’« anéantir la réalité avec une souveraine brusquerie ».
Le vertige est l’état d’ébriété que procurent les jeux, comme les
alcools et les drogues, une « petite mort » tellement délicieuse qu’on
est pressé d’y retourner et que l’on devient dépendant.