La révolution française de 1789/93 n’est pas « La
Révolution », mais une révolution (bourgeoise).
Parmi les figures de précurseurs, ce n’est
pas Robespierre qui est important aux yeux de
Marx et d’Engels, mais Babeuf. Dans l’article contre Heinzen (1847),
Marx observe : « La première apparition d’un parti communiste réellement
agissant se trouve dans le cadre de la révolution bourgeoise, au moment où la
monarchie constitutionnelle est supprimée. Les républicains les plus
conséquents, en Angleterre les Niveleurs, en France Babeuf, Buonarroti, sont
les premiers à avoir proclamé ces questions sociales. La conspiration de
Babeuf, décrite par son ami et compagnon Buonarroti, montre comment ces
républicains ont puisé dans le mouvement de l’histoire l’idée qu’en éliminant
la question sociale de la monarchie ou de la république, on n’avait pas encore
résolu la moindre question sociale dans le sens du prolétariat ». D’autre part,
la phrase, dans le« Manifeste Communiste », qui décrit « les premières
tentatives du prolétariat pour imposer directement son propre intérêt de classe
» – tentatives qui ont eu lieu « dans la période du bouleversement de la
société féodale -, se réfère elle aussi à Babeuf (explicitement mentionné dans
ce contexte). Cet intérêt s’explique par le fait que plusieurs
courants communistes dans la France d’avant 1848 étaient inspirés par le babouvisme (pratiquement tombé dans l’oubli aujourd’hui). Mais la question des mouvements
populaires (« sans-culottes ») anti-bourgeois – et plus avancés que les
Jacobins – des années 1793-1794 reste peu abordée par Marx (ou Engels) pour qui
la révolution française de 1789/93 reste avant tout une révolution bourgeoise,
contrairement à celle de 1848 et à la Commune de 1870.