Le recours à la CPI est astucieux, car il retourne l’arme
contre ceux qui l’ont fabriquée. Mais combien de temps cet organisme va-t-il
encore exister après le retrait des Etats-Unis depuis 2002 ? L’American
Service-Members’ Protection Act permet de soustraire tout ressortissant
américain d’une mise en cause par le CPI. En 2018, Bolton avait
qualifié la CPI d’« inefficace, irresponsable et carrément dangereuse ». Et il avait
ajouté : « Les États-Unis utiliseront
tous les moyens nécessaires pour protéger nos citoyens et ceux de nos alliés
contre des poursuites injustes de la part de ce tribunal illégitime. Nous
allons interdire à ses juges et procureurs l’entrée aux États-Unis. Nous allons
prendre des sanctions contre leurs avoirs dans le système financier américain
et nous allons engager des poursuites contre eux dans notre système judiciaire.
Nous ferons la même chose pour toute entreprise ou État qui porterait
assistance à une enquête de la CPI sur les États-Unis et nous prendrons note si
des pays coopèrent avec les enquêtes de la CPI sur les États-Unis et leurs
alliés et nous laisserons la CPI mourir seule. Après tout, et pour ainsi dire,
la CPI est déjà morte à nos yeux »
Bon, OK, Bolton a giclé, mais il n’a pas été désavou, il a
simplement eu le tort de divulguer des objectifs confidentiels à moyen terme.
Son éviction est due à sa trop grande transparence. Cela ne signifie pas que ce
qu’il avait dit était dénué de fondement, ce qui relativise la portée des
jugements de la CPI, sa crédibilité et son efficacité.