Bonjour Orélien,
J’admire votre constance mais vouer aux gémonies
Hamon et Mélenchon réunis dans une même détestation et appeler de
vos vœux une gauche modeste (sans grandes ambitions ?) et efficace
(gestionnaire ?), ça demeure assez court programmatiquement pour
rebâtir une alternance de gauche crédible pour 2022.
En dépit de l’exemple de la politique
volontiers libérale et autoritaire empruntée par Tony Blair au
Royaume Uni (prolongeant d’une autre façon celle menée par
Margaret Thatcher) et dont les conséquences sociétales ont été
fort bien documentées par le cinéma de Ken Loach, le parti
socialiste français a lui aussi dérivé de la sociale-démocratie
au social-libéralisme au point de ne plus guère se distinguer des
idées ou visées de la droite classique. Si Emmanuel Macron a
bénéficié d’un concours de circonstances extrêmement favorable,
il ne vient pas de nulle part et entendre Warren Buffet réhabiliter
la lutte des classes en précisant que la sienne (des très riches)
est en train de gagner, dit assez bien que la gauche de gouvernement
a majoritairement délaissé le terrain des idées, valeurs et
convictions pour celui de la défense des positions acquises. Dixit
la prétendue « aile gauche » de la LREM qui a été à
la soupe.
Je préfère une logique qui inclus plutôt qu’un
dogme qui exclue (exemple typique : la préconisation du think
tank Terra Nova d’abandon des catégories populaires), d’autant
que le tenant de « la République, c’est moi » s’est
durablement grillé, ce qui ne disqualifie pas nombre de ses idées …
L’absolue insincérité d’Emmanuel Macron a
été de faire réaliser par son mouvement une étude de marché de
terrain pour faire remonter toutes les attentes de la population,
puis de bâtir un programme qui en prend résolument le contre-pied
tout en prétendant le contraire (novlangue orwellienne). Puis de
récidiver avec le grand débat public (sic !).
Mais c’est aussi sa faiblesse : à force de
ne pas traiter ces attentes réelles : inégalités, violences
policières, sociales et symboliques, prise en compte de la
précarité, défense de la laïcité, d’un service public de
qualité, prise à bras le corps des questions environnementales, il
ouvre un boulevard aux mouvements qui sauraient s’en saisir en
dépassant les clivages politiciens. Reste également à l’incarner,
ce qui n’est pas le plus simple !