• AgoraVox sur Twitter
  • RSS
  • Agoravox TV
  • Agoravox Mobile


En réponse à :


Vivre est un village Vivre est un village 18 mars 2020 15:50

@Vivre est un village

Là-dessus, l’aberration des taux zéro (ou négatifs), ajoute au charme général de la situation : car les taux zéros sont la condition du soutien à bout de bras des marchés financiers… mais ne laissent, du coup, aux investisseurs que des rendements misérables — or on veut être soutenu et faire son beurre : on est fonds de pension, on doit servir des retraites capitalisées, et tout ce qu’on trouve autour, c’est du 1 %, comment on fait  ? Eh bien on fait comme d’habitude : l’acrobate. Ici l’acrobatie consiste d’une part à aller chercher les titres risqués (ceux qui offrent les plus hauts rendements), et d’autre part à pratiquer plus intensivement la leviérisation, équivalent des stéroïdes pour la rentabilité financière (voir l’encadré en fin de texte). Or les titres risqués sont certes plus rentables, mais ils sont… plus risqués. Quant à la leviérisation, elle consiste à mettre beaucoup de dette dans le financement des opérations spéculatives, évidemment sous l’hypothèse que celles-ci tourneront bien et qu’on remboursera à l’aise — mais si elles tournent mal  ? Si elles tournent mal, il y aura défaut de paiement, puisque les actifs acquis se mettent à moins valoir que la dette qui a permis de les acquérir — défaut à encaisser par la banque qui avait aimablement proposé ses services pour leviériser (prêter).

Propagation des crises de liquidité
Lire aussi Sylvain Leder, « BlackRock, la finance au chevet des retraités français », Le Monde diplomatique, janvier 2020.

La question est maintenant de savoir combien d’agents financiers vont se retrouver incapables de rembourser leurs leviers — et, à l’autre bout, combien de banques le bec dans l’eau et pour quels montants. La réponse dépendra en grande partie de la suite de la conjoncture boursière, du volume des pertes, de l’horizon temporel où elles pourraient être rattrapées, et de la capacité des agents spéculateurs à refinancer entre temps leurs impasses… c’est-à-dire (plutôt) du bon vouloir des banques, compte-tenu de leurs propres anticipations et de la décision qu’elles prendront en conséquence : soit prendre le parti de voir au-delà de la fluctuation et d’accorder les crédits-relais à qui de besoin, soit estimer, vu la suite probable des événements, qu’il vaut mieux arrêter les frais et prendre ses pertes avant que tout ne s’écroule (et, arrêtant les frais, entraîner que tout s’écroule — délicieuses logiques de la finance).

Il est vrai que, question suite des événements, le gosse se présente par le siège. Car les tensions de liquidités vont apparaître dans tous les coins : pas seulement les agents exposés de la finance, mais aussi (surtout  ?) ceux de l’économie réelle, et à tous ses étages. Celui de l’activité de proximité évidemment, commerces, PME, mais aussi l’étage «  haut  » de l’échange international. Où la mondialisation, en quatre décennies, a consisté en un immense processus de restructuration de la division internationale du travail, avec redistribution géographique des spécialisations et des activités, et repolarisations régionales — ainsi de la Chine, devenue sous-traitant industriel mondial. Mais précisément : si le sous-traitant est en carafe  ? Les donneurs d’ordre restent avec leurs ordres sur les bras — des dépenses engagées mais rien à vendre à la fin. Par le jeu des répercussions de proche en proche, le potentiel de désorganisation de l’activité mondiale est considérable.

Là encore toute la question est celle de la durée de la fluctuation. Tant qu’elle dure, les trésoreries vont être mises à rude épreuve, et leurs demandes de refinancement vont venir se totaliser dans le système bancaire qui lui-même n’est pas exactement flambard — devant déjà faire face à celles qui proviennent des marchés d’action… et aussi des marchés de matières premières, pétrole notamment, où tout va également pour le mieux. Comme de juste, les tensions sur la liquidité des agents non-bancaires sont adressées aux banques, par là converties en tension sur la liquidité bancaire, elle-même allant chercher sa résolution auprès de l’institut d’émission, prêteur en dernier ressort. En d’autres termes, les demandes de refinancement, dans un premier temps concentrées dans le système bancaire privé sont redirigées pour validation ultime à la banque centrale.

Si l’épidémie a le bon goût de ne pas trop durer et de serrer un peu dans le temps son échelonnement géographique, ça peut passer sans trop de casse. Mais ça peut aussi ne pas

Ajouter une réaction

Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page

Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.


FAIRE UN DON


Palmarès