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Régis DESMARAIS Régis DESMARAIS 13 juin 2020 15:13

@julius 1ER

« Tout ce qui est excessif est insignifiant .... dixit Talleyrand !!! » Paroles du Vice lequel aimait s’appuyer sur le Crime…

La victimisation est l’un des maux de notre époque. Tout le monde est victime de quelque chose ou de quelqu’un. C’est ennuyeux. C’est ennuyeux et souvent bien pratique pour les criminels, les violeurs, les assassins, les harceleurs car dans cette mode de la victimisation, on noie les victimes meurtries dans leur chair et leur esprit avec les victimes de salon et de circonstance. C’est ennuyeux, mais c’est une technique efficace faire perdre au concept de victime sa signification.

La police, avec un suicidé par jour, des conditions de travail déplorables, des salaires indignes et un métier dangereux est incontestablement une profession victime de la violence ambiante. Il y a des brebis galeuses dans la police comme de partout. Il y a des bavures, hélas oui et elles doivent êtres sanctionnées. Il est vrai, il y a moins de bavures en matière d’interpellation dans la profession de postier que dans celle de policier. Il est vrai les missions ne sont pas les mêmes. La police a ce triste privilège d’être au contact, en première ligne, avec la misère de notre époque. N’en doutons, il y a des pervers, des salopards, des tueurs, des violeurs, mais il y a aussi beaucoup de gens détruits par cette société de l’argent, mis à l’index du monde, rejetés, méprisés et prêts à tout pour en finir. La violence a des origines multiples. La police est en première ligne de l’expression de ces violences. Comment ne pas comprendre que des êtres humains, plongés constamment dans un environnement anxiogène et de tension ne dérapent pas parfois ? Impossible à ne pas concevoir sauf à dénier aux policiers ce qu’ils sont : des êtres humains, faillibles, fragiles et mortels. Comprendre ce n’est pas excuser. Comprendre permet de trouver des solutions adaptées à la réalité des problèmes. Il ne faut donc pas, en abordant le thème de la police tomber dans des clichés et des idéologies.

La question de l’armement de la police est fondamentale. Pourquoi la police est armée ? Pourquoi le peintre dispose de pinceaux ? Pourquoi le médecin a un stéthoscope ? Pourquoi le braqueur de banque possède un flingue ? Pourquoi le pompier a-t-il une lance à incendie ? Ces questions ont longtemps taraudé les philosophes car après tout il suffit de dire « je veux » et le monde devient tel qu’on le souhaite. Je veux le respect de la loi, des autres et la non violence et le monde devient respectueux de la loi, des autres et pacifique. Hélas, tout ceci a dérapé. Lentement, le monde idyllique où il suffisait de dire « tu ne tueras point » pour que les meurtres disparaissent a cessé d’exister.

La société s’est donc dotée d’une police pour assurer la sécurité de tous. Le problème est que face à un individu équipé d’une arme, voire d’une arme de guerre, la lecture du code pénal, si elle peut déstabiliser le truand, ne convainc guère dans la durée. Il faut donc, au moins pouvoir se défendre, au mieux pouvoir interpeller et arrêter un criminel armé. La police est donc armée.

Une question pertinente est celle de l’usage de l’arme. Comment et quand est-il nécessaire d’en faire usage ? L’usage doit-il être de dissuader, d’immobiliser ou de tuer ? Dans un Etat de droit, où la peine de mort est abolie, l’usage d’une arme par la police, doit être limité aux situations les plus graves, les plus dangereuses et ne doit pas avoir pour objectif de tuer celui qui s’est placé hors la loi.

Vous visez juste : il faut garder raison. Garder raison, c’est effectivement rappeler le champ d’intervention de la police, et ce champ d’intervention est celui du maintien de l’ordre, et cet ordre est celui établit par la souveraineté populaire exprimée par des lois. L’ordre doit permettre à tout citoyen de pouvoir vivre sa vie et exercer ses droits dans le respect du droit des autres.

L’idéal voudrait que l’on vive dans une société ouverte et pacifié pour ne pas dire pacifique et je vous l’accorde, c’est bien un but que tout républicain devrait avoir en tête. Hélas, cet idéal se heurte à une réalité devenue normalité qui est celle de la violence. Heureusement, la société française n’est pas la société américaine. Dans notre pays Winchester ou Remington ne font pas fortune. La France n’est pas le Texas et j’espère qu’elle ne le deviendra jamais.

Désarmer les esprits nécessitent de pacifier les esprits. Comment accepter que des soldats du feu se fassent agresser dans l’exercice de leur mission ? De tels actes montrent que certains esprits sont terriblement armés de haine. Cette haine doit être désamorcée et je doute que mettre un genou à terre ait une quelconque utilité pour atteindre ce but. Je doute aussi que l’usage d’une arme vienne à bout de cette haine mais venir à bout de cette haine n’est pas le travail de la police. Cette haine doit être traitée par d’autres mécanismes : le social, l’économie, l’éducation etc…

Il est évidemment hors de question de vivre dans un coffre fort, dans un Etat policier, mais il est hors de question de vivre dans une perpétuelle cour des miracles et de devoir subir des milices armées. La police est un corps de métier nécessaire dans une démocratie à condition que cette police soit respectée et consciente de la nature de ses missions et de l’usage limité des armes à sa disposition.


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