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Thomas Roussot Thomas Roussot 18 avril 2007 18:52

Les zones d’ insécurité sont de plus en plus disséminées sur le territoire national contrairement à ce que Mr Sarkozy a tenté de faire croire, après l’abandon de son mandat de ministre de l’intérieur ( l’augmentation des violences aux personnes est de + 5,5 % en un an et + 43 % en cinq ans, alors que depuis 2002, nous avons eu droit à dix lois sécuritaires ou comportant des modifications de nature sécuritaire ). La situation carcérale est encore un peu plus dégradée et la justice paralysée. La dérégulation ne concerne pas que les règles économiques, elle concerne également la violence que l’on dit urbaine (alors qu’elle touche de plus en plus les zones rurales).

Après le démantèlement de la police de proximité pratiquée sous le gouvernement de Mr Jospin, qui il faut le dire ne garantissait pas des résultats très performants, rien n’est venu la remplacer La propagation des marchés parallèles et des vols avec violences ronge l’idéal démocratique et républicain. Pendant que le libre-échange devient de plus en plus violent, les délocalisations qui poursuivent leur extension déshumanisante, la désertification des villages, la concentration asphyxiante dans les banlieues défavorisées, les flux migratoires incontrôlés et considérés comme des produits et des données numériques. Les lignes de séparation entre les individus ne sont plus seulement ethniques ou économiques mais déterminées par les moyens d’accès culturels à la civilité, à ce qui fonde la vie de la cité, en un mot à la civilisation.

Abreuvée de spectacles télévisuels pornographiques et violents, une certaine jeunesse est livrée à elle-même sans le dressage de l’éducation (qui est une violence nécessaire pour empêcher la substitution d’une violence infiniment plus grande, celle des instincts non réprimés, donc du règne de la bestialité). Les loisirs prennent le rictus de la cruauté pure comme le phénomène du happy slapping consistant à frapper par exemple le premier venu ou son professeur tout en le photographiant ou le filmant avec son téléphone portable pour ensuite visionner les images entre amis en riant « inconsciemment » du spectacle désincarné.

Pratiquer la tournante consistant à violer et parfois torturer une jeune fille le plus souvent dans une cave à plusieurs pour combler sa misère sexuelle engendrée par l’absence de tous repères affectifs, identitaires et de toute estime de soi.

Se mulltiplient alors via les médias (qui n’hésitent pas à exploiter ce délitement froidement et cyniquement pour faire de l’audience) et dans l’inconscient collectif les angoisses et craintes des dangers qui accompagnent l’effondrement de l’autorité et du droit républicain. Après avoir été reniée tout particulièrement par la gauche de gouvernement (elle a avoué avoir êté naïve sur la question, mais n’était-ce pas plutôt un aveuglement idéologique intentionnel) pendant des années, jugée fantasmée et populiste parce que dénoncée par un parti nationaliste, cette réalité n’a plus pu être tue, tant ses débordements spectaculaires éclaboussait le quotidien de toutes et tous, des pompiers caillassés aux medécins, des pompiers lynchés aux pharmaciens braqués, des enseignants poignardés aux journalistes chassés des quartiers, des lycéens castagnés et dépouillés aux jeux de cours de récréation montant en intensité perverse et jusqu’aux palais de justice et hôpitaux qui deviennent théâtres d’affrontements entre bandes ethniques déracinées et acculturées.

Il en résulte la formation de véritables sphères barbares, avec leur appendices organiques, voir le gang qui se nomme lui-même « gang des barbares » et torture un vendeur de portables pendant des jours en réclamant une somme fantasmatique, comme dans un mauvais film américain.

La fonction protectrice de l’Etat régalien qui doit séparer l’ordre du chaos, la prospérité du paupérisme, la démocratie de la tyrannie, et au final la civilité de la barbarie se dissout. Et ce processus ouvre un abîme au coeur de la Nation.

Je me promenais vers la foire du Trône peu de temps avant la mort de ce policier, le Week-end de Pâques dernier. Les tensions étaient déjà palpables, des groupes de jeunes se jetaient parfois des cailloux entre eux en se croyant dans la bande de Gaza alors qu’on était en plein bois de Vincennes, ou bien s’amusaient à renverser les poubelles, actes de nihilisme pur, un dimanche ensoleillé, près d’un lac sur lequel évoluaient barques et cygnes et autour duquel des familles promenaient leur progéniture calmement. Etrange contraste qui soulignait les inégalités engendrées par un capitalisme cynique qui depuis des décennies dans ce pays avait fait son marché sur le continent africain sous la houlette des libéraux de droite, instrumentalisé les immigrés, exploités jusqu’à la moelle pour mieux casser les prétentions salariales des autochtones et par la suite anesthésier leur capacités de réaction en les culpabilisant via l’idéologie antiraciste sécrétée par une gauche internationaliste tout aussi cynique puisque n’assurant pas les conditions d’intégration authentique à ces mêmes immigrés qu’elle prétendait aimer et défendre alors qu’elle n’aspirait qu’à recevoir leur voix pour assurer ses réélections et mener grand train, vivre dans des hôtels particuliers dans le Marais (pendant qu’eux parfois flambaient vifs dans des hôtels de seconde zone), Place des Vosges et ailleurs, tout en omettant pas de mettre ses enfants dans le privé. Oui elle parlait de tolérance, de mixité culturelle, de chances pour la France, de Touche pas à mon pote mais cette gauche là, pas celle des militants sincères mais des élites payait déjà l’impôt sur l’ISF et pratiquaient le mépris de classe à l’égard des français moyens jugés « beaufs » et tournés en dérision par ses médias aux ordres. Elle méprisait tout autant le déracinement des immigrés livrés à eux-mêmes et réduits à retourner leur ressentiment lié à ce sentiment d’abandon contre ceux qu’ils pensaient être leurs bourreaux, à savoir leurs voisins blancs, pourtant aussi déshérités qu’eux et vivant dans les mêmes conditions de déréliction. Mais comment avoir une conscience de classe, développer une analyse politique cohérente quand le père est au rmi et que le grand frère ramène 50 fois plus d’argent par la vente de cannabis aux enfants de la bourgeoisie française.

Ce système était parfaitement ficelé, un véritable parc à humain totalitaire, un totalitarisme soft, sans chars ni hélicoptères, juste pourvu de l’essentiel, le lavage de cerveau via des médias aux ordres, des miroirs aux alouettes allant de Tapie à l’OM, du PSG à NTM, la fête de la musique et la Gay Pride, Paris Plages et les soldes de printemps, la messe du vingt heures et les concerts d’un Johnny lui aussi délocalisé. Le Léviathan donnait des miettes d’espoirs et de divertissement tout en tenant les rênes vitales et les profits essentiels tirés de cette mise en scène chatoyante, profits allant toujours dans les poches d’élites toujours moins nombreuses mais plus puissantes. La nouvelle aristocratie avec leurs nouveaux cerfs. Leurs gueux corvéables à merci, licenciables à merci, avec emplois bidons, statuts précaires et quand ils renâclaient aux corvées absurdes et dévalorisantes, il suffisait de dire que cinq cent attendaient le poste derrière. Et on pouvait en prime se foutre d’eux via des humoristes privilégiés et des acteurs culturels auto proclamés détenteurs du bon goût et des critères pertinents pour classifier ce qui est démocratique et ce qui ne l’est pas. Quant on décidait de ne plus participer à ce morbide simulacre de liberté, on était tout simplement exclu du jeu. Poussé à la mort sociale.

L’idée d’établir des barrières pour limiter les intrusions gagnait certains partis politiques, ramenait la France aux problématiques connues durant l’Antiquité, on pensait à la Grande muraille de Chine et le limes de l’Empire romain. Les USA avaient bien installé un mur entre eux et le Mexique récemment. Israël avec la Palestine également.

Mais nous avions le souvenir amer de la ligne Maginot. En attendant les quartiers huppés avaient trouvé les meilleures fortifications : des loyers inaccessibles. Les tentes poussaient comme des champignons près des bois de la ceinture parisienne et même au coeur d’un quartier central, près du canal St Martin. Sept millions de gens vivaient dans la pauvreté, beaucoup en travaillant. et ceux qui ne le pouvaient point étaient culpabilsés et accusés de parasitisme.

La disparition de la guerre totale à caractère militaire, ouvrait en fait vers la prolifération de conflits de basse intensité, hors de toutes lois régulières sur des champs de batailles publics. Conduits par des civils contre des cilvils. Oui cela se nommait une guerre civile. Des centaines de véhicules étaient brûlés chaque année, un mois entier d’émeutes avaient retourné le pays dans le feu et le bruit du verre brisé. Plus tard une femme avait été enflammée vive dans un autobus. Sans raison. Les normes éthiques avaient disparu du champ social depuis longtemps, quand une femme se faisait violer dans un wagon bondé personne ne réagissait. On avait vu dans le journal que ça pouvait être risqué et que ça pouvait mal tourner d’agir pour une inconnue. Le règne de l’invidualisme cynique était à son comble. On battait tous les records d’Europe de prise d’antidépresseurs et d’anxiolytiques ainsi que celui du taux de suicide chez les jeunes. C’était en avril 2007. Et ce pays avait un nom : la France. On allait bientôt voter pour élire une personne censément à même de régler tout cela...


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