Oui il y a bien une tentative de prise de contrôle du Liban par des puissances étrangères dont la France, une tentative pourtant purement illégale au regard du Droit international comme le rappelle le Dr Leila Nicolas Rahbani Professeur de Relations internationales à l’Université libanaise :
Exploitation politique de la catastrophe de Beyrouth : Tutelle internationale ?
[........] Ici, nous nous devons de réfuter cette étrange réclamation en termes de Droit international.
Premièrement : Le « régime international de tutelle » a été
établi en 1945 par l’Organisation des Nations Unies, conformément au
chapitre XII de sa Charte, pour la surveillance des territoires placés
sous tutelle en vertu d’accords particuliers conclus avec les États
chargés de les administrer. Il a définitivement disparu en 1994, année
au cours de laquelle le dernier de tous les territoires sous une telle
tutelle est devenu, à son tour, un État indépendant.
Pour information, la « tutelle internationale » est un type de
colonialisme que les États coloniaux ont tenté de poursuivre de manière
masquée après la Deuxième Guerre mondiale pour exploiter les peuples
pauvres et s’approprier leurs ressources. Par conséquent, ceux qui
réclament une tutelle internationale veulent-ils nous transformer en
« colonie internationale » et nous ramener au régime du mandat [celui de
la défunte Société des Nations ; NdT] ?
Deuxièmement : La « tutelle internationale » tombe du simple
fait qu’un État rejoigne l’Organisation des Nations Unies, parce que son
principe contredit un autre principe essentiel et fondamental de ces
mêmes Nations Unies : celui de l’« égalité souveraine » comme l’affirme
l’article 78 de la Charte.
Troisièmement : Le principe de la tutelle internationale tombe
devant le principe du « droit des peuples à disposer d’eux-mêmes »,
lequel est considéré comme l’un des principes catégoriques du droit
international. Par conséquent, en dehors du fait que la réclamation
d’une tutelle internationale est fondamentalement illégale, comme nous
venons de le démontrer, le droit des Libanais de décider de leur avenir
ne peut pas tomber devant les réclamations de politiciens ou de
journalistes, qu’ils soient locaux ou étrangers.
Par ailleurs, en admettant qu’une telle tutelle soit encore possible,
les réalités sur le terrain, la politique et les pratiques étatiques
font que son imposition nécessite une résolution du Conseil de sécurité.
Et la question devient : comment obtenir un tel consensus aujourd’hui ?
De plus, réclamer une tutelle internationale pour désarmer le
Hezbollah dénote une grave superficialité, car aucun pays ne sera prêt à
engager ses soldats au Liban pour ce faire, notamment depuis qu’Israël
en a été incapable en 2006 [en dépit de la guerre de 33 jours de
bombardements non-stop sur Beyrouth, NdT].
Dr Leila Nicolas
Le 5 août 2020