Ivan Illich utilise souvent une méthode nommée par certains de
ses exégètes « peirastique », un terme emprunté à Aristote, qui consiste à
critiquer son adversaire en partant de ses propres « axiomes » et qui
n’est rien d’autre qu’un artifice de sophiste, d’autant plus dangereux qu’il
est séduisant.
Par exemple, il critique la dictature de la bagnole, non pas
en remettant en cause l’ »axiome » selon lequel il faudrait aller le
plus vite possible ou être le plus efficace possible, mais en admettant que cet
« axiome » soit valable, et en en dérivant des « théorèmes »
contraires à ceux que développent les partisans de la voiture : Illich, lui, s’ingénie
à démontrer que la voiture va en réalité plus lentement que la bicyclette si on
intègre dans le calcul de la vitesse le temps qu’on passe à gagner l’argent
nécessaire à la financer. L’ennui de cette gymnastique intellectuelle, c’est qu’elle
n’a pas de fin et que le raisonnement peut se retourner indéfiniment.
En fait, Illich a largement contribué à alimenter l’idéologie
de la « gauche » américaine qu’il fascinait et nous a légué des
cadeaux empoisonnés, fleurons du « politiquement correct », comme le
mot fourre-tout de « convivialité », décliné depuis en « vire-ensemble »,
etc.
Sous des dehors de critique du consumérisme, il a contribué
à forger l’idéologie mondialiste et le « greenwashing ».