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Sylvain Reboul Sylvain Reboul 20 mars 2006 10:32

Ce que vous dites est juste, mais il reste à se demander pourquoi la question du pouvoir hiérarchique, dans le domaine politique et/ou économique semble rester l’apanage des hommes. Je propose deux réponses indissociables :

1) Les hommes se sont par tradition identifiés au pouvoir formel et à la lutte au couteau pour le conquérir et s’y maintenir qu’il génère dans une société concurrentielle. or celle-ci mobilise un temps indéfini (comme le CDI) et une exige une disponibilité de tous les instants laissant peu de place à d’autres inclinations privées et familiales moins compétitives. Celles-ci risquent même de démobiliser les compétiteurs et de leur faire perdre la face vis-à-vis de leurs adversaires, ainsi que l’idée gratifiante qu’ils se font de leur virilité.

2) Les femmes par tradition ont développé, pour résister au pouvoir formel des hommes, des formes informelles de pouvoirs sur les personnes proches, en particulier la famille (mari et enfants) et les ami(e)s en utilisant l’écoute et la séduction qui se manifestent d’abord dans un cadre relationnel affectif et privé, voire intime, dans lequel la compétition en vue de l’influence exercée sur les autres prend des formes moins brutales et plus coopératives tout en leur permettant de s’identifier au rôle et aux gratifications de la maternité.

Ce jeu de rôle, qui n’apparaît naturel que par l’illusion sociale qui le définit comme tel, est aujourd’hui en crise, dès lors que les femmes semblent désirer participer au même titre que les hommes à la compétition pour le pouvoir hiérarchique formel. Les identités et les gratifications en terme de valorisation qu’elles génèrent sont donc remises dramatiquement en cause, particulièrement chez les hommes qui ont le sentiment de perdre leur virilité (et les femmes de pouvoir ont souvent de mal a trouvé un compagnon à la hauteur : la peur de ne pas « assurer » est générale chez eux), alors que les femmes semblent vouloir cumuler les deux types de pouvoir : l’autorité hiérarchique et l’influence affective et séductrice. De plus si les femmes sont souvent exclues du pouvoir suprême, elles occupent de plus en plus, dans une société et une économie qui valorise le service et la relation communicante, une place décisive que les hommes, du fait même que leur pouvoir hiérarchique en est de plus en plus tributaire, ressentent comme une dévalorisation plus ou moins humiliante.

Il va s’en dire que cette évolution est non seulement inéluctable mais juste dès lors qu’elle s’inscrit dans le cadre de l’affirmation de l’égalité des droits et des chances ; mais elle ne se fait pas sans résistance de la part des hommes (de pouvoir) et sans lutte des femmes pour leur libération. Quant au jeu de rôle traditionnel, parions qu’il est en passe d’être mis en pièce et faisons en sorte, hommes et femmes, de nous libérer de son carcan, ce qui veut dire, avant tout, que les hommes doivent apprendre, grâce aux femmes, à assumer peu ou prou leur féminité, jusque dans les activités maternantes, en se libérant de cette image de guerrier toujours au combat, et s’en féliciter. Il doivent donc, comme les femmes sont entrain de le faire, apprendre à jouir d’eux-mêmes dans des activités et rôles différents, mettant en jeu des valeurs opposées.

Que les hommes aussi apprennent à devenir des femmes afin , pour le reprendre la formule d’Aragon, que les femmes modernes soient aussi l’avenir des hommes, est la condition de leur libération ainsi que celle des femmes.

Egalite et différence

Les relations de pouvoir et les jeux du désir

Le rasoir philosophique


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