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velosolex velosolex 18 avril 2021 19:18

Ce livre m’a beaucoup marqué. Zweig parle assez justement de l’histoire de l’Autriche-Hongrie, à qui finalement il a lié son sort. Il va disparaitre, condamné par la barbarie. Ce dandy éduqué n’a pas pu supporter le grand bon en arrière. Une tendance dépressive n’a surement pas amélioré les choses. Quand il arrive au Brésil, ce n’est plus qu’un vieillard, qui pense d’ailleurs que les nazis vont gagner la guerre. Je lui en veut un peu d’avoir emmener avec lui dans la mort sa jeune secrétaire et amante, sous emprise sans doute d’un personnage charismatique et séducteur. Son parcours d’enfant protégé fils de grand bourgeois ne l’a pas préparé à ce qui allait arriver, ni d’avoir vécu à Vienne, la perle à l’époque de la culture et du raffinement, d’où émergent les mouvements nouveaux. Pas facile de voir les bruts verts de gris venir casser la vaisselle fine. 

A coté Orwell a eu de la chance d’être déniaisé par les collèges anglais, l’épisode Birman, le trimard et la guerre d’Espagne. Il a vu la tempête arriver. Zweig se contentera lui du roman pour envisager la crise, et les effets qu’elle crée chez les hommes. Marie Antoinette, dont il a fait une excellente biographie, se retrouve d’ailleurs aussi démunie que lui devant la révolution Française, totalement inenvisageable. Mais elle se révélera elle dans la crise bien plus résiliente que Zweig. Rien de mieux que la crise pour voir ce qu’on a dans le ventre. 

Ses pages sur l’origine de la guerre de 14 ne sont pas originales en elles mêmes, dans l’analyse, que l’on peut trouver encore dans un livre comme « Les somnambules ». Il y a bien eu un catharsis général en 14 dans beaucoup de pays. Il semble que presque un demi siècle de paix avait troublé les esprits. Néanmoins quand on lit les mémoires d’un simple soldat comme Louis Barthas, cela confirme que la grande réserve devant la boucherie à venir était bien là. Les paysans n’ont pas abandonné leur bétail et leur ferme en plaisantant. La dureté de l’existence donnait un peu plus de plomb dans la cervelle que chez les intellos nationalistes à la Péguy ou Barrès. Zweig était trop fin et trop fragile. Trop idéaliste, croyant au progrès de l’humanité. Mais dans son œuvre on sent souvent percer la peur de la folie, (Amok), la peur de la perte d’un capital lentement élaboré par un coup de destin ( Magellan). Comme souvent chez beaucoup d’écrivains de génie on peut lire a postiori dans leur œuvre, ce qui leur arrivera. Comme si leurs hantises les faisait visionnaires de l’histoire commune autant que de leur destinée particulière. Et plus d’un héros de Zweig se donnera la mort dans ses écrit de jeunesse comme lui même le fera. 

On peut se rappeler l’exaltation stupide de nos journalistes le 11 Septembre. Leur exaltation quand ils étaient « embeded » par les américains pendant les deux guerres d’Irak, promettant de nous montrer la guerre en direct, pour se rappeler que rien ne change, bien avant le covid. Il semble que l’on porte en nous quelque chose de pathologiquement malsain, morbide. La cruauté et la bétise de l’homme n’est plus à prouver. Le mieux c’est de faire semblant d’avoir une bonne raison pour tout laisser en plan et aller éventrer l’autre. La religion est très forte à ce niveau pour catalsyer les énergies négatives, ou inverser les polarités chez certains. Il suffit de se rappeler des croisades, pour faire écho à Daesh.. Mais les nazis étaient de parfait païens ne croyant qu’en la puissance et en la peur qu’ils représentaient. La vie est tragique. Et en groupe c’est encore pire. Surtout au pas de l’oie en écoutant la musique militaire. Pas facile d’entendre alors le chant des petits oiseaux.


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