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Jonas Jonas 23 mai 2021 17:03

@Luc-Laurent Salvador « Vous pouvez voir les choses ainsi mais c’est bien les catholiques qui croient au miracle qui ont désigné comme non orthodoxes les pratiques des magiciens alchimistes et autres kabbalistes au sortir du Moyen-Age. »

Vous marquez un point Luc-Laurent.
Les miracles dans l’Église catholique relèvent du super-naturalisme, pas du naturalisme. Il y a dans le christianisme une distinction entre le Créateur, et la création, ce qui n’existe pas dans le gnosticisme oriental, où tout est mélangé (monisme).
Les alchimistes et autres kabbalistes ont été combattus par l’Église catholique, afin d’éradiquer l’esprit moniste qui empêchait la science rationnelle de se développer.
Le meilleur exemple est Giordano Bruno qui n’était pas physicien, il rejetait la trigonométrie naissante, et considérait la rigueur des mathématiques appliquées aux astres et à la nature comme une hérésie et un mensonge.
Giordano Bruno voulait, comme Aristote, faire des mathématiques une science facilement accessible à l’esprit humain mais abstraite, qui ne permet pas de connaître les choses naturelles, et dont la pratique est vaine pour qui cherche à comprendre la substance des chose. Le « Cantus Circaeus » affirme ainsi l’inutilité de l’abstraction mathématique :
« Les sujets purement mathématiques ne peuvent être d’aucune utilité, dans la mesure où ils sont abstraits »

Pour Giordano Bruno, l’Univers est un tout formé d’objets interconnectés par des liens magiques, mêlant alchimie et ésotérisme, héritage de théories hermétiques non rationnelles, qu’il utilise pendant des années pour discréditer l’Église catholique et tromper les bonnes âmes en Europe.
Dans des ouvrages tout aussi incantatoires les uns que les autres, comme « De la magie », Giordano Bruno explique comment les démons nous parlent, et enseigne une doctrine moniste où toutes les choses de la nature, des pierres aux plantes ont une âme. Ce qui empêche tout raisonnement rationnel et scientifique :
« Il y a analogie avec la situation de qui désire éveiller l’attention : à une certaine distance, il doit élever la voix, afin que ses propos parviennent par la voie auditive au sens interne de l’autre : alors que de près, il suffit de murmurer à l’oreille. Un démon n’a pas besoin de la voix, ni même du murmure : il pénètre directement le sens interne, comme on l’a dit. C’est ainsi que les démons envoient des songes, font entendre des voix et voir des choses étranges, mais aussi suggèrent à l’état de veille certaines pensées dont nous ignorons qu’elles nous sont dictées par une force extérieure, tantôt inculquant une vérité par énigmes, tantôt la signifiant plus nettement ; s’appliquant peut-être, d’autres fois, à nous tromper. »

« Venons-en maintenant à des questions plus précises. Les mages ont pour axiome qu’il faut, en toute œuvre, garder à l’esprit que Dieu influe sur les dieux ; les dieux, sur les corps célestes ou astres, qui sont des divinités corporelles ; les astres sur les démons qui sont gardiens et habitants des astres - au nombre desquels est la Terre ; les démons sur les éléments, les éléments sur les corps composés, les corps composés sur les sens, les sens sur l’animus, et l’animus sur l’être vivant tout entier : ainsi descend-on l’échelle. »

Giordano Bruno n’est donc pas un scientifique, il propagera ses théories irrationnelles mélangeant ésotérisme et religion, qu’il s’acharnera à faire passer non pas comme des hypothèses, mais comme une vérité absolue.
Les thèses de Giordano Bruno peuvent aujourd’hui prêter à sourire, mais à l’époque, elles constituaient un obstacle considérable à l’avancée de la connaissance scientifique.

Il est tout à fait ironique de constater le renversement des valeurs.
Giordano Bruno, icône censée incarner auprès des franc-maçons, athées et « libre-penseurs » le combat de l’esprit scientifique contre l’obscurantisme de l’Église catholique, était en fait un véritable adorateur des mages, pratiquant l’alchimie, l’ésotérisme et la sorcellerie, puisque il se vantait de pouvoir communiquer avec les démons. Ce que l’Église catholique condamnait !

Giordano Bruno est aujourd’hui une représentation symbolique caractéristique de l’errance de l’athéisme de la république maçonnique. Statue de Giordano Bruno, érigée par le sculpteur et Grand-Maître du Grand Orient d’Italie, l’anticlérical Ettore Ferrari, sur la place Campo de Fiori à Rome en 1889.


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