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Tristan Valmour 6 mai 2007 09:22

@ Emmanuel

Intéressant commentaire qui nécessite une réponse détaillée. D’abord, une constatation : toutes les sociétés capitalistes sont en train d’échouer car elles se sont détournées du message originel du capitalisme. Nous découvrons aujourd’hui sa forme déviante, et il faut donc engager une réforme, sans toutefois tomber dans le modèle communiste qui n’a pas fonctionné. Je dis toujours que le communisme a partagé la pauvreté quand le capitalisme a partagé quelques richesses. Je prône donc un modèle intermédiaire qui n’est d’ailleurs pas très éloigné des aspirations gaullistes. L’économie est aujourd’hui une usine à gaz, personne ne maîtrise plus rien parce que les mécanismes sont trop complexes. Les riches (je parle des millionnaires, pas de ceux qui gagnent 10000 euros/mois) ne me dérangent pas à deux conditions : qu’il n’y ait pas de pauvres d’une part, qu’ils n’utilisent pas leur fortune pour s’arroger des droits exorbitants et adopter une attitude méprisante envers autrui d’autre part. Je constate que ce n’est pas le cas. Accepter cette situation serait donc faire preuve de cynisme. Je le refuse.

Ce dont je parle est plus qu’un « coup de gueule » ; c’est un projet sérieux auquel je réfléchis depuis environ 2 ans. Il ne me manque plus qu’à intégrer un mécanisme qui empêche l’association d’être hégémonique, car il faut garantir la pluralité. C’est fondamental. J’ai écrit sur Avox un article (la SES, une autre vision de l’économie) qui présente une nouvelle forme de société commerciale, et je retrouve quelques vagues similitudes avec le programme de Bayrou : le fait de réserver aux PME un pourcentage des marchés publics, et l’exonération de cotisations sociales pour l’emploi de salariés (je préconisais le remboursement en cas de licenciement). Ce que je veux, c’est tenter de concrétiser ce modèle par le biais d’une association, puisque je sais bien que les pouvoirs publics ne vont pas adopter la SES. Une association s’intègre parfaitement dans les règles de l’économie de marché tout en offrant un champ d’exploration d’une activité commerciale qui prend en compte l’Humain.

A ma connaissance, ce genre d’initiative n’a effectivement jamais été réalisée telle quelle pour une raison majeure : l’absence de dirigeants compétents prêts à se mettre au service des autres sans rechercher un avantage personnel exorbitant, et l’absence de capital pour démarrer l’activité. Mais des initiatives économiques alternatives voient le jour et fonctionnent (AMAP, etc.). Il y a en ce moment une prise de conscience de la part d’un grand nombre de consommateurs de l’importance de nos modes de consommation sur nos modes de vie. Le consommateur est dorénavant prêt à consommer équitable, éthique, et bio, même si c’est plus cher. Ce mouvement est toujours embryonnaire, mais prend de l’ampleur. J’observe également que de nombreuses personnes capables de diriger sont aujourd’hui disponibles en grand nombre : jeunes diplômés et cadres sup de plus de 50 ans. C’est une situation nouvelle.

J’observe que vous supposez que l’association dont je parle vendra ses produits ou services plus chers. Cela est faux. Une paire de chaussures Nike coûte environ 40 cts € à fabriquer (matière et coût salarial) ; un costume Kenzo 110 € (fabriqué en France). Pourquoi les retrouvons-nous aussi chers dans nos magasins ? J’affirme donc que l’on peut proposer le meilleur produit ou le meilleur service pour un coût moindre. Parce que le coût d’un produit actuel est largement tributaire des dividendes, de certaines rémunérations exorbitantes, du conditionnement (la part de ce dernier a considérablement augmenté ces dernières années), de la publicité, des invendus et des malversations. Une association éthique et transparente aura la confiance des consommateurs.

La négation de la part n’est pas le communisme. On retrouve cette philosophie dans le christianisme, dans l’humanisme et dans le fonctionnement de groupes humains étudiés par les ethnologues. L’égoïsme de nos sociétés et le fait d’accumuler AU-DELA DE LA RAISON sont le fruit d’une idéologie biaisée et inhumaine. Je place l’Homme au centre de mes préoccupations et ne peut demeurer spectateur de toutes ces inégalités, de toutes ces souffrances quand nous disposons de ressources suffisantes pour assurer le bien-être de tous, à défaut du bonheur.

J’ai étudié l’Histoire pour m’appuyer sur des organisations humaines passées et observer ce qui a fonctionné ou échoué. J’ai étudié les Lettres pour communiquer. J’ai étudié l’AES pour avoir de sérieuses notions en organisation de groupes humains structurés comme en économie. J’ai étudié le Droit pour avoir des notions juridiques. J’ai étudié la psychologie pour savoir comment pense l’individu et le groupe. J’ai surtout étudié la philosophie pour m’étonner de tout, rechercher l’essence des choses et des êtres sans préjugés et pour la prospective qu’offre cette discipline. Je ne dis pas ça pour me vanter, mais pour signaler que mon approche est pluridisciplinaire.

Une entreprise meilleure peut certes être inventée (comme ma SES, que des économistes d’Avox et des amis profs d’éco dans le Supérieur ont trouvé intéressante), mais il n’y a aucune volonté politique puisque cela gênerait considérablement les intérêts des amis de ceux qui nous gouvernent. Comme je suis opposé à la révolution et à toute action violente, le seul moyen de changer les choses est de le faire intelligemment. Si les régimes communistes ont connu des files d’attente devant les magasins d’Etat, nos régimes connaissent les mêmes files aux Restos du Cœur. Et même la croissance ne pourra pas empêcher la pauvreté de croître ou de voir la concentration des pouvoirs et des moyens de production entre les mains de quelques uns.

cordialement


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