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En réponse à :


Bernard Grua Bernard Grua 31 mai 2022 13:46

@ l’auteur

 

Merci pour cette intéressante revue de presse.

 

Je comprends que vous avez voulu présenter l’image d’une certaine neutralité, qui ne vous est néanmoins pas créditée à lire les commentaires du lobby pro-poutine ci-dessous. Car on ne peut rien y faire, il y a des faits dont l’exposé dérange.

 

Je pense que votre titre parlant de « crise ukrainienne » est inadéquate. De fait, personne ne l’utilise. Car ce que nous avons, c’est une guerre russe en Ukraine. Si vous voulez malgré tout parler de crise, alors parlez de « crise russe ». Il s’agit d’une crise de la décolonisation, comme en ont vécu les Etats occidentaux au milieu du 20e siècle. Jusqu’à aujourd’hui, la Russie n’a pas connu les circonstances ou n’a pas bénéficié d’un homme politique au charisme suffisant pour l’amener à renoncer à son impérialisme, seul gage de modernité et de développement. Au contraire, depuis 22 ans, c’est l’effort inverse a été mené. Comme le dit Galia Ackerman, le problème pour Poutine, ce n’est pas l’OTAN, ce n’est pas l’UE. Le problème, c’est l’Ukraine. Poutine en est littéralement hanté. Il veut reconstruire l’Union Soviétique (sans le communisme) et, pour ça, il a désepséremment besoin de l’Ukraine. Sans l’Ukraine, son projet n’est qu’un chiffon de papier. Si bien que, comme le disait Volodymyr Zelensky à Sciences Po, l’Ukraine est conduite à mener sa guerre d’indépendance. Il rappelait que la plupart des indépendances ont été gagnées dans la douleur. Celle « acquise » pacifiquement par l’Ukraine il y a trente ans, et aujourd’hui remise en question, était une anomalie historique. Finalement, cette guerre a bien lieu. Elle n’est pas lancée par le peuple qui a voulu se libérer, mais par l’ancienne puissance coloniale qui ne veut pas renoncer.

Donc si, au lieu de crise, vous ne voulez pas parler de Guerre russe, alors faudrait dire Guerre d’indépendance ukrainienne.

 

Ensuite, j’ai quelques questions de détail. Vous écrivez :

Elle (la loi « Ukraine Democracy Defense Lend-Lease Act ») peut être utilisée pour aider les pays d’Europe de l’Est qui se sentent menacés par la Russie et l’Ukraine.

Je ne vois pas quel pays européen se sentirait menacé par l’Ukraine. Bien sûr, on connaît le discours russe parlant de la menace ukrainienne. Mais je ne pense pas que cette loi prévoit, un jour, de livrer des armes à la Russie.

 

La citation suivante mérite, elle aussi, des explications

Pire, la situation risque de se détériorer davantage si la Finlande et la Suède sont acceptées dans l’OTAN, où la Russie devrait subir une pression stratégique accrue. De son point de vue, elle pourrait obtenir une excuse pour une nouvelle escalade et éventuellement des actions aux conséquences incertaines.

C’est la Russie qui pousse la Finlande et la Suède à rejoindre l’OTAN. Elles la voient comme une menace. La Russie pourrait proposer de se désengager de l’Ukraine en échange du renoncement de la Suède, la Finlande et l’Ukraine à rejoindre l’OTAN. Mais elle ne le fait pas et ne le fera pas. Car, comme je le disais, c’est l’Ukraine qui hante Poutine. Il la veut dans sa néo-URSS. Vous dites : « elle (la Russie) pourrait obtenir une excuse (adhésion à l’OTAN) pour une nouvelle escalade ». Mais de quelle escalade parle-t-on ? Nous avons toute la panoplie des crimes de guerre : bombes à fragmentation, bombes thermobariques, viols, déportation de population, torture, pilonnage des bâtiments civis dont hopitaux, écoles, maternités .. Même si Macron et Scholz finassent, on bien parle de risque génocidaire, voire de génocide. Il n’y a plus rien de « classique » à escalader.

 

Alors, il ne reste que la menace nucléaire. Les Ukrainiens en sont conscients. Mais ils n’ont pas le choix. Eux, qui ont renoncé à leur armement nucléaire en vertu du protocole de Budapest de 1994, selon lequel la Russie s’était engagée à garantir leur intégralité territoriale, sont très exposés. Ils sont le dos au mur. Ils arrêtent de se battre et l’Ukraine disparaît. Il n’y a pas d’alternative. Pour ce qui est des Occidentaux, la situation est différente. Si l’on prend le cas de la France, une première frappe pourra vitrifier une grande partie de notre pays et détruire l’Ile Longue ainsi que le SNLE qui s’y trouve en IPER. Mais nous avons, exceptionnellement, mis nos quatre autres SNLE à la mer. Ils ne peuvent pas être touchés par une première frappe. Ils riposteront. Poutine, qui serait en fait de vie, peut caresser la tentation d’un suicide apocalyptique. Ce n’est certainement pas le cas de Valeri Guerassimov et de Sergueï Choïgou, voire de leurs éventuels remplaçants. Pour résumer, le chantage nucléaire n’a aucun effet sur la poursuite de la résistance de l’Ukraine. Pour les Occidentaux, la mise en œuvre de ce chantage détruirait la Russie.


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