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miaou miaou 15 mai 2007 16:04

Intrinsèquement à la condition humaine, il y avait , selon René Girard, dans les temps plus ou moins anciens, le besoin de procéder à intervalle plus ou moins régulier au sacrifice d’un bouc émissaire.

En effet, une des principales caractéristiques de l’humain, héritée des grands singes, est le mimétisme, ce qui permet entre autres l’apprentissage (imitation d’une personne possédant le savoir). Mais le problème du mimétisme est qu’il encourage l’imitation d’un modèle (médiation interne : le modèle est relativement proche et accessible) jusqu’à point d’en désirer les objets qu’il possède (au sens large, dont : partenaires sexuels, territoires, babioles insignifiantes ...) ; une crise mimétique peut s’engager (on en oubliera l’objet du conflit, ce qui importe est de contrer l’ancien modèle, devenu l’adversaire) , qui se nourira d’elle même, par imitation récurrente des protagonistes du conflit par d’autres membres du groupes . La société est alors en voie d’implosion, sauf si le mécanisme s’enraye.

Le seul moyen d’y parvenir est d’attribuer la responsabilité de la crise en cours à une personne choisie à peu près au hasard, mais relativement marginale (soit par le haut : roi ; soit par le bas : « sorcières », Juifs...) ; encore une fois, le mimétisme à l’oeuvre permet une certain consensus autour de cette responsabilité. A ce moment, on procède au meurtre (ou à l’expulsion dans les cas bénins) de ce bouc émissaire. La paix peut revenir. Le religieux est justement né pour gérer ce mécanisme (sacrificie=>sacré), indispensable pour assurer la pérennité des sociétés primitives. Par les rites (notamment sacrificiels:sacrifices humains, puis animaux, voire symboliques), on perpétue le souvenir tronqué et ambivalent des évènements (jusqu’à la divinisation/démonisation du bouc émissaire qui certes était peut-être mauvais, dont le sacrifice a fait revenir la paix)

Le christianisme a rompu avec ce système traditionnel en proclamant avec force l’innocence du sacrifié, qui est l’essence même du christianisme (même si le christianisme historique ne l’a pas toujours compris). Mais cela est potentiellement dangereux, car cette révélation empêche la canalisation de la violence. La solution palliative proposée par le christianisme est l’imitation du Christ. Il s’agit d’une médiation externe (le modèle est hors de portée), qui n’a pas les caractéristiques dangereuses de la médiation interne. (au passage, remarquons que le christianisme historique, en opposition avec les enseignements initiaus, n’a pas forcément eu la sagesse de se démarquer des mécanismes sacrificiels anciens : Inquisition....)

Dans notre société post-chrétienne, on sait toujours que le bouc émissaire est innocent (il n’a plus de sacrifice, mais plus de réconciliation non plus), mais on a renoncé à la médiation externe. La médiation interne a repris le dessus : la société de consommation affute inconsidérément le désir mimétique (publicité...) , on veut avoir l’objet que possède le voisin, le « modèle » devient de plus en plus proche (Star-Ac...) : les vieux mécanismes pourvoyeurs de violence peuvent se mettrent en branle, mais sans frein possible. La société est en voie d’implosion (émeute...). de plus, la mondialisation veut que cela ne concerne plus seulement un groupe isolé comme dans le passé, mais toute l’humanité (imitation/jalousie du modèle occidental => terrorisme ; problème du nucléaire...) : l’apocalypse est peut-être en marche.


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