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Pierre-Marie Baty 24 août 2022 18:19

@Gollum
Je me méfie du mot « quantique » comme de la peste. On lui fait dire tout et son contraire, le new age s’en faisant d’ailleurs une spécialité. On y fourre tout par défaut, pour la bonne et simple raison que c’est incompréhensible, donc invérifiable, pour le commun des mortels. Est « quantique » pour moi tout phénomène qui se rapporte à des quanta, c’est-à-dire qui est discrétisable.

Ce qui est intéressant, notamment dans la modélisation des réseaux neuronaux, c’est que leur application au langage naturel les rapproche de plus en plus du test de Turing. Avez-vous entendu parler de l’histoire de ce prêtre américain qui, employé par Google afin de surveiller une IA conversationnelle pour qu’elle ne dérape pas (en sortant des phrases politiquement incorrectes notamment), en a déduit qu’elle avait une âme et s’est fait virer de son job pour avoir exigé qu’elle soit représentée par un avocat ?

Les principes de rétroaction qu’exigent notre conception de la conscience existent depuis le début des IA conversationnelles (les implémentations à bases de chaînes de Markov en sont un exemple : on pondère une association de signifiants en fonction de la fréquence à laquelle on les rencontre, et on s’en sert ensuite dans la restitution du langage). Je pense qu’au stade où nous en sommes il est admissible de concevoir la conscience comme un phénomène émergent, produit naturel et déterministe de l’activité électrochimique de l’esprit qui se manifeste quand celle-ci atteint, puis dépasse, un certain seuil qualitatif.

Ce qui suppose qu’au moins tout ce qui est animal a une âme (même si ça ressemble à une lapalissade), et du coup les orthodoxes ont raison sur les catholiques sur ce point.

Il faut aussi ne pas négliger notre « deuxième cerveau » à nous les animaux, que constituent la grande population de neurones qui entourent notre système digestif. Raison pour laquelle on sent viscéralement les choses. De l’activité de ces deux pôles, à leur point de réunion (le cœur comme disent les orthodoxes hésychastes) se manifeste la conscience, qui à mon sens est la partie émergée de l’âme humaine.

Maintenant, il n’y a pas que les neurones biologiques qui aient une activité électrochimique. Chaque particule est le support de cette activité : interaction forte, interaction faible, sont des activités de cette nature. Il est donc admissible également de considérer a minima une influence de ces interactions sur celles du système qui se trouve implémenter notre conscience individuelle. Interaction évidemment bidirectionnelle. Un peu comme la Lune, et à un degré infinitésimalement moindre les autres planètes, ont une interaction sur les marées, que les simples lois de la mécanique des fluides n’expliquent pas tant qu’on ne les intègre pas au système ; il est aussi licite de dire que les marées ont une influence sur la trajectoire de la Lune, rigoureusement égale d’ailleurs à celle qu’elle exerce sur elles, mais de signe opposé.

A partir du moment où on veut étudier un système, on commet l’erreur de l’isoler. Si on ne l’isole pas, on doit constater notre inaptitude à le décrire et nous en remettre à sa merci.

Après tout, l’ordre n’est qu’une configuration particulière du chaos.


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