Il y a l’Histoire de la République, et il y a
les mythes républicains, qui figent dans le marbre bien plus
qu’un texte constitutionnel une « idée » et des usages sacralisés comme
« LA » République.
Je ne vais pas refaire l’Histoire de la République « bourgeoise »
(sans connotation marxiste), laquelle parle au nom du peuple mais craint le
peuple et ses éruptions. Ni argumenter encore sur le fait que si l’on prend la
définition (empruntée à Lincoln, reprise par de Gaule et inscrite au ch. 1 de
la Constitution de 1958), la France n’a, de fait, jamais été une démocratie :
"La démocratie [ou la République], c’est le gouvernement
du peuple, par le peuple, et pour le peuple."
Quel lien avec les antisystèmes ?
Aujourd’hui ne subsiste objectivement de cette République que des discours, des
références et invocations-réflexe, auxquels personne ne croit plus et qui sont
démentis par les faits. Les principes, vertus, usages républicains sont
outragés. La technocratie a tué l’esprit républicain (à dessein) pour lui
substituer des critères gestionnaires, fonctionnalistes, utilitaristes, de pure
conformité aux normes systémiques : ça a donné Macron, soutenu par un gros bloc
« centriste » de gouvernement système compatible... Sans
quoi il n’est plus possible de gouverner. A moins de sortir des Traités, de l’Europe,
de l’euro et de l’OTAN... Mais même en faisant cela, on ne reviendra jamais 60
ans en arrière.
Ce paysage politique nouveau a effectivement dégagé les vieux clivages
et leurs acteurs, pour les remplacer par un axe pro- ou antisystème.
Ce qui a rejeté aux "extrêmes, assorties de thématiques populistes, tout discours alternatif au modèle actuel. La dictature, si l’on convient que nous sommes entrés dans une forme nouvelle de dictature, est donc d’abord une dictature intellectuelle, idéologique à propos de cette prétendue « seule façon de gouverner » martelée par le pouvoir. En réalité, cette pratique est moins une praxis orthodoxe du pouvoir, qu’une nouvelle religion du Pouvoir : mondialiste et néolibérale, « démocratique », « progressiste » et « écologique » dans les discours ; ploutocratique, technocratique, hyper inégalitaire, élitaire, autoritaire, sécuritaire et totalitaire dans les faits.
Cette religion a remplacé insidieusement le républicanisme
social et laïc version 1958. La souveraineté a été confisquée au peuple sans
lui dire, au profit d’une technostructure transversale, pilotée par une élite
mondialiste qui tente aujourd’hui de s’uniformiser autour d’intérêts, de
visions et de projets d’organisation mondiale concurrents (unipolaire,
multipolaire…)
Cette évolution est arrivée à un point tel au plan mondial que la
rappropriation par le peuple de sa souveraineté nationale et de ses
droits authentiquement démocratiques (liberté notamment) supposerait un
effort et des sacrifices que la majorité n’est pas prête à consentir.
Ce qui conforte le pouvoir en place qui jour sur la peur du désordre, des violences et de l’anarchie.
Seule l’émergence d’une conscience globale partant de l’humain,
des individus, des peuples, et d’une vision commune du destin de l’humanité à
venir permettra de sortir de cette impasse. En travaillant de l’intérieur, par
la sécession, la subversion, le démembrement face à un système pourrissant. Et
un travail sur l’identité (de l’humanité, les liens entre les identités), et les
valeurs.
Pour l’heure, la mascarade démocratique en France n’est plus réduite qu’à une
rhétorique de moins en moins efficiente (progressiste, woke, politiquement
correcte...), et à des rituels (débats médiatiques, élections, célébrations
diverses) vidés de tout contenu et manipulés pour obtenir le résultat escompté.
Le mensonge permanent sur les valeurs, le schisme entre une élite qui gouverne
déconnectée du peuple, alimentent des ferments « révolutionnaires »
(au sens étymologique de retournement) qui ramènent cycliquement le
peuple à la tentation insurrectionnelle vue comme seule issue intuitivement juste
pour rétablir un contrat social fondé sur le Droit, ou détruire le système,
amplifie le phénomène de crise (catastrophe) jusqu’à atteindre un
seuil de rupture, avec la possibilité d’un saut évolutif ou involutif.
De Gaulle disait : "la République, c’est le peuple. Quand on n’a pas le
peuple avec soi, on n’est pas la République".
Mélenchon et l’extrême gauche jouent avec cette vérité inscrite dans l’ADN de
la République française : l’adéquation charnelle entre le peuple et son/ses
dirigeants. Mélenchon singe le tribun populaire ("La République, c’est moi
!)
Mais il joue aussi avec l’hypothèse révolutionnaire (au sens marxiste) pour
précipiter la fin de la Ve et l’avènement d’une mythique VIe
République qui ne résoudrait rien.
Car il fait abstraction du contexte mondial. Et du fait que la politique, ses
acteurs (dont lui) sont des jouets d’une Caste qui les finance pour figurer
dans une comédie écrite par d’autres. Alors que les décisions sont prises
ailleurs depuis longtemps.
La guillotine électorale est une tartufferie. Macron sera lâché tôt ou tard par
ceux qui l’ont propulsé à l’Elysée. Et aussitôt remplacé par une autre
marionnette moins usée et plus en phase avec les enjeux du moment.
Un point c’est tout.
Bref, la logique politique (et nationale) est caduque, bien que pertinente. Il
faut passer 2 ou 3 échelons supérieurs.
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