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anny paule 15 juin 2007 10:23

J’ai lu, plus haut, plusieurs remarques sur lesquelles j’ai envie de rebondir : D’abord, l’idée que l’école, c’est celle de la République, idée qui fait que l’école ne serait ni de droite, ni de gauche. Ceci est vrai : l’école est celle de la République, mais la République est la « res publica », autrement dit, la « chose publique ». Or, la République dépend directement, dans notre forme de démocratie, de ceux qui la pilotent et des représentations sociales qu’ils se font de la société dans laquelle nous sommes. Ainsi, une République gouvernée par la gauche n’aura pas les mêmes objectifs, les mêmes valeurs, les mêmes représentations sociales qu’une République gouvernée par la droite. Ensuite, la question des « compétences » qu’on a vu fleurir dans le vocable éducatif, et qui relève directement du vocabulaire de l’entreprise... même si ce terme est apparu pour la première fois dans le système éducatif lorsque S. Royal était au ministère de l’éducation nationale ! Or, entre savoir désintéressé, apprentissages de règles de « conduite », formation des intelligences... que l’école devrait donner (l’étymologie du mot école renvoie au grec skholê, signifiant loisir, d’où étude : les études sont le privilège de ceux qui ont des loisirs, c’est-à-dire de ceux qui ne sont pas obligés de travailler pour vivre, autrement dit, chez les grecs anciens, des hommes libres. L’école, par là même, devient le lieu d’apprentissage de la liberté du citoyen), et l’apprentissage de compétences, la conformation à des normes (évolutives, fluctuantes selon les moments : la « norme » scolaire aujourd’hui, n’a rien à voir avec celle des années 50 ni, a fortiori, avec celle de l’école de la III° République !)... il y a un monde ! L’école que nous devons repenser doit prendre en compte la dimension de la formation d’Hommes libres (et de femmes, bien sûr !), libres parce que formés, parce que riches de la pensée assimilée et distanciée de nos grands auteurs, parce qu’éclairés par un savoir conscient,par l’apprentissage du respect d’autrui. Actuellement, les élèves sont considérés en termes d’individus qu’il convient d’adapter au monde du travail... nous sommes loin du compte ! Enfin, pour ceux qui regrettent le passé, je préciserai que notre école va mal essentiellement depuis les deux réformes inaugurales de cette V° République : ordonnance Berthoin et réforme Fouchet. Présentées au public comme des réformes de « démocratisation du système éducatif », elles avaient pour objet essentiel, pour les législateurs, de répondre à une demande économique et d’ « investir à pleins profits, afin de faire fructifier le capital humain » (cf. exposé des motifs de l’ordonnance de 1959). Ainsi, depuis 1959, il existe un hiatus entre la parole affichée et ce qui la fonde... et progressivement, la question de l’économie a pris le pas sur les fonctions premières de l’école. Sans regretter le système antérieur, il faudrait revenir sur ces fondements, jamais explicités, et redonner à l’école le rôle essentiel qu’elle devrait avoir... et, là, je ne pense pas que le gouvernement de droite actuel soit en mesure de faire une telle démarche, aux antipodes de sa pensée libérale et utilitariste.


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