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Marsupilami Marsupilami 16 août 2007 13:33

Très intéressant...

« Le phénomène »nolife« implique comme l’agoraphobie un mécanisme de défense par évitement des situations stressantes générées par le monde extérieur ».

Jusqu’à plus ample informé, un ordinateur fait encore partie du « monde extérieur »... qu’il ne faut peut-être plus confondre avec le monde réel, quoique... le cyberespace est aussi un monde réel si l’on se réfère à cette interrogation de Parrochia dans son bouquin Le Réel (éd. Bordas) : « Qu’est-ce qui échappe au réel, en effet ? Ne doit-on pas reconnaître à l’irréel (possible, illusoire, fictif), non seulement quelque degré de réalité mais peut-être, comme le veulent certains philosophes, une qualité d’existence tout aussi »réelle« que le réel, se fondant notamment sur l’idée que le désordre, par exemple, est une autre forme d’ordre ou que le néant est une autre forme d’être ? ».

Qu’est-ce qui est « intérieur », qu’est-ce qui est « extérieur » ? Avant l’irruption du cyberespace, la frontière entre les deux semblait nette et précise sauf pour quelques poètes, délirants et contestataires des extrême-limites. Dans le cas du cyberespace, on assiste à une « intériorisation » massive de l’extériorité de l’ordinateur, que l’on peut modeler à sa convenance pour se mettre à l’écart ou à l’abri du « monde extérieur », alors même qu’on y rencontre les mêmes dispositifs structurels. Même avec un avatar de fashionista gratifiant sur Second Life, on y retrouve quand même du bizness, de la pub, des ennemis, des contrariétés diverses.

Je pensais parfois à tout ça en cheminant sur les sentiers côtiers bretons de grande randonnée ces deux dernières semaines, sans ordi, sans ADSL, dans la vraie nature « extérieure » et « réelle ». Le cyberespace ne me manquait absolument pas (mais j’ai 54 balais au compteur, et j’ai toujours côtoyé de près la nature, et j’imagine comme ça doit être différent pour des ados tombés dans le cyberespace dès la fin du dernier biberon).

Dans les moments où je ne faisais plus qu’un avec le ciel, la mer et les rochers fracassés, la frontière entre « extériorité » et « intériorité » s’abolissait... mais c’était... comment puis-je dire, « naturel ».

Le cyberespace est-il « naturel » ? Non, à première vue. On ne peut pas y trébucher sur une racine comme on le fait sur un vrai chemin, on ne peut pas y choper un coup de soleil. Est-il purement « culturel » et artificiel ? Oui, dans une large mesure et pourtant... La culture et les artifices étant les fruits de la nature humaine, on retrouve celle-ci dans le cyberespace, ce gigantesque vortex où l’on peut se trouver ou se perdre comme dans la nature.

Je ne sais pas s’il faut aider les « nolife » à réintégrer le monde « extérieur » par des moyens « psy ». Par contre je suis persuadé qu’en les rebranchant concrètement et activement sur la dure nature rétive et rocailleuse on aurait de bons résultats ni intérieurs, ni extérieurs mais réels.

Car le réel n’est ni « intérieur » ni « extérieur », mais un effet de la réception de l’extériorité par l’intériorité et vice-versa.


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