• AgoraVox sur Twitter
  • RSS
  • Agoravox TV
  • Agoravox Mobile


En réponse à :


bart153 bart153 17 août 2007 22:03

Chers lecteurs d’Agoravox,

Bien que lisant depuis plusieurs mois quotidiennement les articles, c’est la première fois que je me permet d’intervenir. En effet je travaille moi-même sur une centrale de génération de biogaz a partir d’effluents d’huile de palme (en Amérique Centrale). Nous produisons quotidiennement 15000m3 de biogaz et produisons de l’électricité à l’aide de deux moteurs à biogaz d’une puissance cumulée de 1,3MW.

Je travaille quant à moi en R&D sur le développement de nouvelles technologies de méthanisation (ou digestion anaérobie puisque c’est comme ça que ça s’appelle).

Article intéressant qui toutefois manque en effet de quelques justifications techniques.

Pour commencer, l’impact environnemental des gazs d’échappement du moteur est bien moindre à celle du méthane de toute façon échappé à l’atmosphère si il n’est pas récupéré puisque officiellement (selon l’ONU et les critères pris en compte pour acquérir les crédits carbone, ce marché mis en place par le protocole de Kyoto qui crée une bourse mondiale du carbone) une molécule de méthane (CH4) a un pouvoir « effet de serre » 21 fois plus fort qu’une molécule de dioxyde de darbone (CO2).

Deuxième précision, la méthanisation peut se réaliser sous des températures de 5-10°C jusqu’à environ 70°C. Tout dépend des bactéries qui réaliseront le travail. Plus c’est chaud, plus c’est rapide. Cependant la plupart se réalisent à 37°C (bactéries mésophiles), températures atteignables facilement sous les tropiques par exemple.

Troisième précision : cet agriculteur est supposé produire 160m3 de méthane par jour. Si l’on parle bien de méthane, et non pas de biogaz, il est donc nécessaire d’introduire environ chaque jour 8 tonnes d’excréments, ce qui est faisable et serait le fruit d’un travail non négligeable de collecte et d’ajout d’eau (en effet il est nécessaire d’ajouter de l’eau pour fluidifier l’excrément et éviter le dépot trop important dans son digesteur (qui je suppose était de type continu en phase liquide). Cependant tout cela est possible et l’excellente qualité fertilizante du résidu obtenu lui permet même la revente de cet engrais, qui a une valeur sur le marché élevée (engrais biologique de très bonne qualité).

En ce qui concerne donc ce cas précis, la digestion anaérobie a été mise en évidence il y a plus d’un siècle et les premiers digesteurs fonctionnèrent à la fin du XIXème siècle. Des pays comme la Chine ou l’Inde ont promu le « digesteur » à la ferme et sont peuplés de plusieurs millions de digesteurs individuels. Le lisier de porc est de loin le substrat le plus communément utilisé de par son potentiel méthanogénique, sa facilité à la manipulation (très liquide) et le fait que les porcs sont généralement élevés en stabulation, d’où la récupération facile des excréments (contrairement à la vache).

Ce type d’installation fonctionne bien et bien qu’encore peu subventionné, n’a pas un coût de mise en oeuvre exorbitant (contrairement aux panneaux solaires par exemple qui de plus n’ont pas un bilan de vie énergétique (cycle de vie) très bon). L’Allemagne est l’un des leaders mondiaux et a développé son premier programme de recherche au début du XXème siècle (oui c’est ça, il y a environ 100 ans !). Cependant il est rare qu’une installation de petite taille comme celle-là soit rentable pour ce qui est de la revente d’énergie sur le réseau. Il serait intérressant d’en savoir plus quant à son générateur électrique.

TOUTE matière organique peut faire l’objet d’une digestion anaérobie et donc produire du méthane. L’une des limites des technologies les plus utilisées est la nécessité de travailler en milieux considérés comme liquide. C’est pourquoi depuis une vingtaine d’années la R&D se dirige plus vers la digestion anaérobie en milieu solide qui a de nombreux avantages :
- Permet de traiter les déchets municipaux organiques par exemple (vive le tri !)
- Permet de traiter tous les déchets d’espace verts, les gazons coupés etc (au lieu de les composter)
- Permet de travailler sur l’utilisation de cultures énergétiques pour produire de l’énergie : maïs ou fourrages par exemple.
- Permet d’utiliser le résidu de la digestion qui, comme l’a souligné l’auteur, est un excellent fertilizant organique (biologique) (il y a même des pays où celui-ci avait une valeur ajoutée plus forte que le biogaz lui-même).

Pour ma part je travaille sur le développement d’une technologie pour digérer du fourrage (fourrages tropicaux à rendements élevés) pour fournir aux populations isolées (en Amazonie par exemple) une source d’énergie. Les avantages sont multiples :

- Fourniture d’énergie aux populations qui ne disposent souvent même pas d’électricité
- Electricité produite à partir du biogaz, lequel remplace celle produite par les générateurs à diesel, et donc économie de combustibles fossiles
- Dynamiser l’économie locale par l’emploi d’agriculteurs pour la culture du fourrage
- Frein à la déforestation, puisque qu’il n’y a plus nécessité de bruler du bois pour cuire les aliments
- Réduction de la production d’engrais d’origine chimique (Bayer, etc) qui sont de gros pollueurs
- Etc.

Pour info, le site internet de mon entreprise www.bio-tec.net

Oui la production de biogaz par la valorisation de déchets organiques est l’une des solutions tout à fait viables (et souvent plus bénéfique que les technologies que nos gouvernements veulent nous vendre à grands coups de subventions) pour le futur. Il n’y a pas de solution miracle, mais ce type de techologie présente essentiellement les avantages de génération d’énergie et de traitement de déchets à la fois. D’une pierre deux coups.


Ajouter une réaction

Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page

Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.


FAIRE UN DON


Palmarès