• AgoraVox sur Twitter
  • RSS
  • Agoravox TV
  • Agoravox Mobile


En réponse à :


Michael Texier 14 octobre 2007 21:21

@ l’auteur, Vous faites une analyse intéressante de la situation actuelle du CNRS en essayant notamment de discuter des critiques formulées à son encontre de façon objective. En dépit de cette volonté d’objectivité dont votre texte témoigne, je porte un regard contradictoire sur quelques points que vous avez évoqués.

Ainsi, vous débutez votre article en attribuant à N. Sarkozy la volonté de remettre en cause du dispositif de recherche. A ma connaissance, ses annonces successives sur ce thème ont été formulées de manière différente : au cours de ses différentes allocutions, je l’ai entendu dire qu’il souhaitait moderniser le dispositif de recherche, CNRS compris. Vous avouerez que la nuance est lourde de signification.

Vous décrivez ensuite le CNRS comme le premier opérateur de recherche en France. Vous vous référez pour cela aux effectifs et au nombre de publications. Permettez-moi de préciser qu’en terme d’effectifs, l’Université est le premier employeur devant le CNRS puisqu’elle emploie plus de 63000 enseignants-chercheurs accompagnés de plus de 50000 IATOS et personnels d’encadrements. Toutes ces personnes participent aussi activement à la recherche française. Je ne fais pas non-plus le décompte des personnels des différents organismes de type EPST car la liste serait longue. Résumer la recherche à celle menée par le CNRS est à mon avis un raccourci plutôt rapide.

L’argument invoquant le nombre de publications pour juger de la qualité de la recherche effectuée n’est pas un critère fiable si l’on tient compte du rapport publications sur le nombre d’ETP (équivalent temps plein) sachant qu’un chercheur CNRS est employé pour effectuer un service consacré à 100% à son activité de recherche ce qui n’est pas le cas des enseignants-chercheurs qui sont à 50% (ils cumulent une activité de recherche avec celle d’enseignement). En tenant compte de cet écart, on observe que la production scientifique des chercheurs CNRS est du même ordre que celui des enseignants de l’Université. Je précise en outre qu’actuellement la très large majorité des chercheurs CNRS appartiennent à des unités mixtes de recherche (UMR), c’est à dire dans des laboratoires où CNRS et universitaires travaillent de concert. Ainsi lors de la publication d’un article, le CNRS apparaît toujours comme organisme associé quelle que soit l’université associée. Les statistiques donnent alors un éclairage erroné sur la contribution réelle des universités à la recherche française. En réalité, l’honnêteté devrait pousser à admettre que l’essentiel de la recherche est menée par les doctorants. Etudier la répartition des effectifs entre les différents organismes pourrait permettre d’estimer la contribution de chacun, même si elle ne présente pas un grand intérêt à mes yeux.

Vous faites aussi référence à Mr Trautman pour justifier d’éventuelles craintes concernant le CNRS. Bien qu’il soit un éminent scientifique, vous me permettrez de douter de son impartialité pour ce qui concerne l’analyse d’orientations stratégiques étroitement liées aux convictions politiques. J’avais déjà émis quelques réserves à ce sujet durant la campagne présidentielle (http://www.agoravox.fr/article.php3?id_article=23798).

Vous soutenez également l’hypothèse que Mme Pécresse agirait au sein de son ministère dans un but intéressé ce qui à mon avis, ternit quelque peu le reste de l’article qui évitait jusque là les argumentations scabreuses.

Enfin, concernant l’évaluation du CNRS par l’AERES, je pense contrairement à vous que c’est précisément en évitant l’auto-évaluation que l’on peut démontrer l’efficacité d’un organisme tel que le CNRS. En effet, je suis tout comme vous convaincu que le CNRS est un acteur essentiel de la recherche (mais par nécessairement le principal), mais cela n’exclue pas la nécessité de le réformer. Vous évoquiez le problème de la passivité vis à vis des profiteurs, que vous estimez à 0,5% (je pense que vous êtes très optimiste) mais qui n’est finalement pas limitée aux personnels du CNRS. Il y a également les problèmes de la rémunération, des carrières, du recrutement. Beaucoup de points méritent d’être discutés afin de moderniser le CNRS et l’action gouvernementale me semble jusqu’à présent viser seulement cet objectif.


Ajouter une réaction

Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page

Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.


FAIRE UN DON


Palmarès