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ddacoudre ddacoudre 25 novembre 2007 01:13

Bonjour Mathieu White.

Bon article dans la suite de celui que tu avais déjà rédigé.

Je partage ton point de vue sur la scission nécessaire du PS pour lever une confusion de taille qui est l’abandon de sa lutte contre les inégalités générés par l’exploitation capitaliste pour accepter l’idée que dans une économie libérale seule la loi du marché dans une concurrence non faussé peu les réguler, bref le mythe d’Hayek ou de Rawls. De ceux qui pensent que la vie n’est qu’un échange commercial sans philosophie ni morale. Lire mon article « c’est quoi être libéral aujourd’hui ».

Dés 1993 j’avais mis en garde contre cette dérive en disant que l’on ne peut garder le nom d’un vin qui ne correspond plus à son contenu. Les choses auraient eu l’avantage d’être claire et ceux qui ne se seraient pas sentis à leur aise dans ce que pudiquement ils appelaient la réalité de la loi du marché pour ne pas dire la réalité capitalistique, aurait certainement franchit le pas plutôt que vouloir infléchir sa ligne.

Après les européennes j’écrivais ceci à un ami le 23 01 06

C’est un peu long mais j’y explique clairement pourquoi il faut un nouveau PS ou autre, bref une opposition idéologique forte, même en étant d’essence libérale.

« Depuis lors, le référendum a donné le refus de cette constitution majoritaire et il ne manque pas de débats sur le sujet ; je les regarde parfois, mais ne m’apportent rien sur le fond dans l’immédiat. Si ce n’est que une fois de plus les bons penseurs désignent des vainqueurs et des perdants. Pourtant choisir quel type d’organisation sociale une population souhaite n’est qu’un acte minimum dans une démocratie, mais ils semblent que tous les acteurs politiques n’ont pas la même approche de la démocratie ; surtout quand ils sont dans la sphère des « dominants systémiques » qui organisent la compétition du moins disant.

Pourtant ce non à la constitution en France est à distancier. S’il n’est pas un refus de l’union européenne des peuples pour les « européanistes » il l’est pour les souverainistes et nationalistes.

Si ces derniers peuvent se satisfaire de leur refus, les européanistes n’ont aucune garantis de la prospérité de leur refus s’ils ne trouvent pas une traduction politique au refus de la majorité des français, même souverainistes et nationalistes, à l’Europe de la loi du marché Pour deux raisons :

- La première est que le monde dans sa grande majorité s‘est mis à la loi du marché impulsé par une vision idéologique de la richesse car basé sur la conviction d’une croissance exponentielle dans la production de biens et services.

De telle manière que tous les acteurs sociaux et les populations, même quand ils refusent cette vision idéologique, y concourent par leurs actes quotidiens de consommateurs et de producteurs. Ce qui de fait renforce les tenants de la loi du marché, car ils savent qu’ils n’ont qu’à attendre puisqu’il n’existe pas d’opposition effective formalisée et structurée en une puissance de contrepoids ou de contre-pouvoir.

Qu’il n’existe aucune forme de pensée nouvelle source d’une utopie créatrice. Ils savent très bien que même si leurs opposants accédaient au pouvoir ils ne trouveraient aucun appui international puisque tous les anciens pays non alignés se sont ouverts à la loi du marché, et pratiquent dans leur ensemble une politique monétaire identique fondée sur une monnaie forte qui contraint et limite l’action régulatrice des États.

-  La deuxième est qu’il y a eu une inversion des valeurs qui brouille les grilles de lecture de la plupart des citoyens. Déjà dans le milieu des années 80, à partir des années 85 les salariés se sont arc bouté sur la défense de leur acquis et devenaient de fait au fil du temps conservateurs, tandis que le patronat réclamait la remise en cause de ces acquis et des allégements fiscaux : c’est a dire qu’il revendiquait.
-  Ainsi la base traditionnelle de la grille de lecture sociale dans une économie capitalisatrice c’est inversé. Les salariés de revendicatifs sont devenus conservateurs et le patronat de conservateur est devenu revendicatif. Ceux qui revendiquent sont classés comme modernistes ou réformateurs et les autres comme des réactionnaires. Or dans cette inversion des comportements la disponibilité du salarié est classée comme une modernité, tout en fustigeant les coûts sociaux générés par l’incertitude de la compétition. Compétition où l’on confond guerre économique et émulation commerciale. Et l’on peut comprendre que si les salariés français conçoivent que nous puissions nous trouver dans une guerre économique vis à vis des autres pays du monde, ils puissent trouver anormal qu’au nom de la paix entre les pays d’Europe, l’union européenne propose une compétition économique entre eux dont ils ne seront pas les bénéficiaires.

Ceci d’autant plus que dans son discours de bonne année le président de la république a mentionné dans ses vœux pour l’Europe que nous nous dirigerions vers une moyennisation, sans en préciser la nature, ce qui est inutile quand l’on sait lire entre les lignes.

Ainsi si ce non sépare politiquement les citoyens sur ses fondements, il les relie dans leur opposition au système libéral de la loi du marché (capitalistique) et c’est là une difficulté qu’il ne faut pas voiler. Ceci car dans la monté du fascisme d’avant 40 également les difficultés générées par le système libéral d’alors se trouvaient pointées du doigt, et ceux qui avaient la même analyse économique n’avaient pas les mêmes buts politique.

Si dans les années trente les bolcheviques étaient l’ennemie extérieur, aujourd’hui l’ennemi extérieur c’est l’immigré et les pays musulmans, je ne recherche pas à savoir en l’espèce si c’est fondé ou non ; quarante neuf pour cent des français le pensent.

Ce qui laisse penser que s’il doit dans la suite de ce non y avoir des manifestations d’opinions ou de revendications, les syndicats et les parties nationalistes n’ont pas le même but, et nous risquons de nous retrouver dans une situation analogue à celle de 1934 avec la CGT d’alors qui s’opposait au fascisme rampant.

Ce non n’apporte aucune solution dans l’immédiat, d’autant plus que les partisans du oui sont à leur encontre plutôt méprisant d’après les débats que j’ai pu suivre. Et la réponse du chef de l’État sera inefficiente car il ne dispose pas des moyens budgétaires pour satisfaire la demande sociale, et si jamais le débat se poursuit dans la rue, la nomination de Sarkozy est très indicative de ses intentions, en plus de servir ses intérêts de présidentiable.

Comme je te l’avais écrit dans mon précédent courrier, cela serait bien si les difficultés que rencontre le PS pouvaient déboucher sur une nouvelle formation politique.

Une formation qui soit capable d’utopie afin de regrouper et refondre tous les partis socialisants qui restent accrochés à leurs vestiges, qui, s’ils demeurent pertinents dans leur analyse ils ne le sont pas dans leur aboutissement politique.

Car ils ne reformulent pas de propositions qui ne soient pas inscrite dans le processus de la loi du marché via la conversion de la demande qui est suggéré par la recherche d’une croissance qui nourri le système qu’ils dénoncent.

Donc à partir de ce non peut émerger une nouvelle « sociale utopie » qui replace au travers du libéralisme l’individu au centre de ses préoccupations et non pas l’argent et peut-être rappeler que libéralis signifiait homme généreux et qu’être libéral signifie aussi être tolérant.

Ce qui me paraît être deux valeurs qui ont totalement disparu du langage de ceux qui justement se disent être des libéraux, et ne proposent comme réalité que l’acceptation de la guerre économique qui est là.

Là aussi il y a eu un glissement linguistique qui caractérise les quiproquos qu’entretiennent les discours politiciens. Car le libéralisme était censé sortir les êtres du statut d’esclave ou de sujet et de fait nous le sommes devenus de l’argent et qui plus est avec les accords de Maastricht c’est la Banque européenne qui détient le pouvoir sur la monnaie.

Il est donc difficile de penser que ces accords n’aient pas eu une influence sur la dégradation des conditions de travail et de rémunération, sinon pourquoi les avoir fait. Ce n’est pas ce non qui va changer cela, sauf s’il se structure et prend une dimension internationale et s’appuie sur les courants alter mondialiste et autres.

Je ne pense pas que le pouvoir de la rue soit de nature à transformer les structures financières, pour cela il faut disposer du pouvoir politique. Or ce dernier a organisé la séparation du pouvoir politique et du pouvoir financier, ce qui oblige les gouvernants à alourdir les prélèvements pour disposer d’une marge de manœuvre, et ne pas faire du déficit, tout en promettant la réduction des charges et des impôts. Ce qui laisse comprendre qu’une tranche moyenne de la population soit plus particulièrement pressurisée car les plus démunies sont exonérés et les plus riches dont les grands groupes sont incités aux créations d’emplois via des mesures de dégrèvement et d’exonération ; ce qui laisse la charge des prélèvements sur les autres. Cette situation, sauf tour de passe passe a transformé les chômeurs en précaire du travail partiel, n’a pas d’issus en dehors d‘un choc qui viendra de la cherté du pétrole et de l’aggravation de la pollution mondiale, ou du glissement vers une Europe fascisante déjà en cours ».

Besanceno est sur les rangs, je ne crois pas que Bayrou soit de nature à modifier le schéma général.

L’enjeu est énorme préparer la France à la transition du développement d’une nouvelle source de richesse qui ne se basera plus seulement sur la production exponentielle de biens ou de services à but exclusivement lucratifs. Cette seule transition peu être génératrice d’emploi, mais il faut qu’elle puisse se formuler dans un projet politique de la taille d’un plan marshall. Sinon elle ne sera que des grenelles de bonnes consciences. Mais c’est déjà un caillou de plus.

Cordialement.


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