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Timsk 23 novembre 2007 00:30

Asp Explorer a demandé : ’je n’ai jamais reçu de réponse : comment éviter les barbarismes dans une langue qui emprunte à de nombreuses racines ? Pourquoi « cito », et pas « urbo » ou « villo » ?’

Excusez-moi, mais je n’ai pas encore compris la question. Le mot « barbarismes » dans ce contexte n’a guère un sens précis — pourriez-vous choisir un autre mot, plus précis et éventuellement moins émotionnel ?

Pour répondre à la deuxième partie de la question — au début, dans le projet de langue publié en 1887, c’était le Dr Zamenhof qui avait choisi les racines qu’ils a jugé les plus « internationales », c-à-d déjà présentes dans plusieurs « grandes » langues. Donc c’est lui qui a choisi « urbo » où il aurait pu éventuellement choisi « cito » ou « vilo », et donc le mot en Espéranto de nos jours pour « une ville », c’est « urbo ».*

Après, depuis la conférence de 1905 où Zamenhof a confié l’avenir de la langue à ses utilisateurs, le choix des nouvelles racines est fait par les utilisateurs, comme en français, en anglais ou dans n’importe quelle autre langue. En fait, l’Espéranto a, dans cet aspect, un point commun avec le français qui manque aux anglais — une Académie de la langue, qui surveille sa développement et qui « officialise » certains mots de temps en temps. Si l’Académie (Française ou d’Espéranto) sert à quelque chose vraiment est une question à débattre (de préférence ailleurs, et dans mon absence !) mais voilà la situation telle qu’elle est.

Je donne deux exemples récents pour illustrer : les mots anglais « email » et « blog ». Ils ont tous les deux une dérivation uniquement anglaise (« electronic + mail = email » et « web + log = weblog », qui s’est raccourci à « blog ») mais ce sont de nouveaux concepts qui avaient besoin d’un nom dans plein d’autres langues. En français, on a pris plusieurs solutions à la fois pour le premier cas — « email », « mail », « mèl », « courriel », et peut-être d’autres — et sans doute dans 5 ou 10 ans, plusieurs de ces mots auront l’aire terriblement dépassé. Et l’anglais « blog » on a francisé par « blogue », et ça marche très bien. Peu importe d’où vient le mot, c’est maintenant du français pur et dur.

En Espéranto, il y a une tendance beaucoup plus forte qu’en français de réutiliser les racines existantes pour trouver des termes pour les nouveaux concepts, et donc « un courriel » se traduit par « retmesagho », fait des racines « ret- » (« réseau ») et « mesagho » (« message ») — donc, en gros, la même dérivation que le mot « email » en anglais, mais en utilisant les racines déjà dans la langue. Pour « une adresse courriel » ou « une adresse électronique », le mot est « retadreso ».

Pour « blogue », au début j’ai vu des gens utiliser des mot composés comme « rettaglibro » (« ret- » + « tag » [« jour »] + « libro » [« livre »]), mais l’espérantophonie a vite jugé que cette fois-ci, ça valait la peine de rajouter une nouvelle racine, et le mot « blogo » a vu le jour. Comme en français, on a pris le mot d’origine et on l’a adapté aux normes de la langue, et voilà, un nouveau mot, chaud du four.

Voilà donc la réponse à une partie de votre question. Si vous pouvez clarifier ce que vous entendez par « barbarisme », je vais essayer de répondre également à cela.

*Pour continuer le thème de mon dernier message, la racine « urb- » donne accès immédiat à : une ville / une grande ville / une petite ville / un habitant d’une ville / un maire / urbain / urbainement (si ça existe en français, je ne sais pas) / « qui aime plutôt les villes qu’ailleurs » / et sans doute d’autres qui ne me viennent pas tout de suite à l’esprit. La série de mot en Espéranto serait : urbo / urbego / urbeto / urbano / urbestro / urba / urbe / urbema / ...


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