Pour moi, ce qui marque d’abord 1968, c’est un formidable conflit de générations. D’un côté des « vieux » complètement coincés dans un mythe du « progrès » universel salvateur, engoncés dans leurs « valeurs ». De l’autre côté des jeunes qui refusent de se laisser enfermer dans un piège et qui doutent de tout, qui ne croient plus aux « valeurs » établies et en inventent de nouvelles.
Un telle incompréhension générationnelle, personne n’en avait vue alors. Et personne n’en a vue depuis. En France et sans doute dans de nombreux autres pays. C’est la grande originalité de 1968, disons de 1968-1975, car 1968 n’a été que le premier et le plus fort soubresaut.