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Un ex-enseignant trentenaire Un enseignant trentenaire 9 octobre 2005 22:57

Pour commencer, je remercis toutes les personnes qui ont posé un commentaire sur mon article, quel que soit le contenu de ce commentaire. Je vais répondre point par point à ceux-ci.

Monsieur Santos tout d’abord. Que des élèves n’aiment ou n’aiment pas tel ou tel professeur, c’est normal. Qu’au sein d’une même classe certains élèves apprécient les signes extérieurs de tel ou tel méthode par tel ou tel enseignant, c’est normal. Qu’ils critiquent en privé les manies, tiques et méthodes de tel ou tel enseignant cela s’est toujours fait.

Que le travail des enseignants soit soumis à l’évaluation de parents ou d’élèves « responsables » me paraît effrayant. Sur quels critères des parents pourraient-ils évaluer des enseignants ? Il ne me viendrait pas à l’idée de dire à mon banquier comment il doit faire son métier pour la bonne et simple raison que j’ignore tout du métier de banquier. De là à demander l’avis d’enfants dans une évaluation officielle c’est une porte ouverte à des abus hallucinants. Les élèves, quel que soit leur age, particulièrement au collège, n’ont ni la maturité, ni le recul, ni l’esprit suffisemment lucide sur eux-mêmes pour être capables d’une quelconque évaluation , surtout celle d’un adulte. J’ai déjà aussi rencontré des parents qui manquaient aussi de ces traits, ce qui expliquait sans doute l’attitude de leur enfant.

Je suis d’accord , les enseignants ont une responsabilité dans le développpement intelectuel des enfants, mais quoi de plus inconstant que l’intellect, d’un enfant à l’autre. Un enseignant sévère pourra traumatiser à vie un élève sensible mais discipliner un élève un peu turbulent qui en tirera un grand profit dans sa vie future sans en souffrir. Mais tenir compte de cela nécessiterait une pédo-psychanalise de chaque élève et une impossibilité totale de faire cours face à 29 à 33 personnalités différentes. . Des parents peuvent être à l’écoute de leur enfant très souvent.Ils le sont parfois trop souvent d’ailleurs, actuellement. Cela ce voit au fait que 30 élèves en même temps veulent tous être individuellement le seul interlocuteur et ne comprennent pas que l’on écoute pas ce qu’ils ont à dire à tout instant. Un enseignant ne peut être à l’écoute de 30 élèves en même temps pendant son cours.

Ce que vous suggérez serait, éventuellement, possible dans le cadre d’un enseignement de type précépteur privé et encore il ferait de l’élève et des parents des tyrans potentiels libres d’assouvir leurs caprices et désirs personnels sur la nature de l’enseignement qu’ils veulent voir donner à leur enfant. Mais il doit y avoir un même enseignement pour tous.

Je ne comparerais donc pas les médecins avec les enseignants, les médecins ont à faire à la vie de leur patients et il est normal d’être à l’écoute du patient sur sa souffrance.

En histoire-géographie ( qui est mon domaine ), pour les élèves de 3ème je commence à leur enseigner l’esprit critique vis à vis des documents qu’ils ont à traiter. Ils ont d’ailleurs beaucoup de mal à en faire preuve. User de ce même esprit critique contre l’enseignant dans un cadre officiel ce sera lui oter le peu de respect qu’il inspire encore.

Les parents déjà critiques et contestataires chez eux, transmettent cet état-d’esprit à leurs enfants. L’élève en est venu à contester jusqu’au savoir même qu’on lui transmet et refuse parfois catégoriquement de croire ce qu’on lui dit car ils ont lu ou vu quelque chose d’un peu différent à la télévision ou internet.

Enfin, les enseignants sont évalués par des inspecteurs d’académie, des professionnels dont c’est le travail, et des directives du ministère orientent dans les grandes lignes notre façon d’enseigner.

Merci à monsieur Weidmann pour son soutient et dont je partage le point de vue.

Daniel, il est absolument vrai que les parents nous paient, mais indirectement , comme de nombreux service fournis par l’Etat. Je souhaitais clairement faire comprendre que l’argent que des parents versent à un établissement privé sert au matériel, cadre et entretient de celui-ci. Mon salaire m’est versé par le Trésorier Payeur Général. Une élève éffrontée m’ayant déjà craché au visage que « Ses parents me payaient pour qu’elle ait des bonnes notes », il me paraissait nécéssaire d’éclaircir ce point.

Ce que les enseignants en général et moi en particulier réclamons, c’est le retour à un minimum de respect. De plus nous souhaiterions ne plus avoir à faire la totalité de l’éducation de certains enfants ( de plus en plus nombreux )en plus de l’enseignement. Nous ne devrions qu’être là pour affermir et développer une éducation dont les bases devraient déjà être là. Car de nombreux parents qui , pour de multiples raisons, ne souhaitent pas ou ne peuvent pas s’en charger, nous chargent en plus de la totalité de l’éducation de leur enfant.

Et nous sommes, nous enseignants, aussi otages et victimes des décisions et politiques du ministère souvent déconnectées de la réalité et très versatiles.

Enfin, Verdala, intouchable c’est très relatif. L’on ne peut pas faire n’importe quoi n’importe comment. Premièrement, en deça d’une minimum d’élèves (3 ou 5 je ne sais plus ) nous n’avons pas le droit légalement d’enseigner. En second, en ce qui me concerne je n’ai jamais fait grêve pendant mes heures de cours car je refuse de pénaliser des élèves pour quelque chose dont ils ne sont pas responsables. De plus « intouchable » ne veut pas dire invulnérable. La pression sociale qui s’exerce sur nous est nerveusement de plus en plus difficile à vivre : pression parentale, pression des élèves, pression médiatique et sociale ( on exige de nous d’être maintenant tout à le fois pédo-psychiatre, assistante sociale, éducateur en plus de notre métier d’enseignant ), pression légale ( un enseignant est pénalement responsable de la sécurité des élèves durant son cours et des élèves souvent jeunes ne se gènent pas pour nous narguer sur le fait que l’on a pas le droit de les toucher), pression hiérarchique ( car elle existe ) soit par trop grande complaisance vis-à-vis des parents, soit justement par absence de soutient ( certains directeurs eux aussi pénalement responsables soutiennent fort peu leurs enseignants ).

Enfin, sur la tolérance vis-à-vis des fautes, comme cela a été dis, un enseignant, il est bon de le rappeler, est un être humain en effet, faillible. Une autre pression , nous demanderait-on d’être infaillible ? Et pourtant, nous-mêmes sommes particulièrement tolérants, vu ce qui nous passe sous les yeux dans les copies. Je plains sincérement mes collègues de Français. En nous demandant d’être infaillible cela nous autorise alors aussi à être implacable. Car il est rare que les pleignants dans ce genre de cas aient des enfants 1er prix d’orthographe et de grammaire...

J’espère avoir précisé ma pensée et expliqué clairement mes raisons.

Avant tout, je suis en colère car de multiples phénomènes m’empêchent de faire correctement et efficacement mon métier. Comme j’aime mon métier, il me parait normal d’être frustré et agacé de ne pas pouvoir bien faire ce que j’aime.

ps : j’ai relu ce commentaire 3 fois, me connaissant j’ai certainement laissé trainer quelques erreurs.


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