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Brieuc Le Fèvre brieuclef 7 février 2008 21:49

A chaque fois, c’est la même chose, le même point douloureux. Comme le disait si bien Coluche : "On dit que trois millions de personnes en France cherchent du travail. C’est pas vrai ! De l’argent leur suffirait !!!"

L’argent, nerf de la guerre. Qui le fait cet argent ? Qui le crée et le distribue ? Comment, à qui, pourquoi ?

Depuis deux siècles, la maitrise de la monnaie a glissé, avec notre accord tacite (du moins sans notre opposition féroce...) des mains de l’Etat, seul à disposer du droit de battre monnaie, à celles des banques privées.

La vérité nue, c’est que aujourd’hui, les institutions bancaires sont les seules à avoir droit de battre une monnaie dématérialisée et flottante, qui ne leur coûte que le risque qu’elle prennent à la prêter ensuite.

Croyez-vous que que ce sont les dépôts des épargnants qui font l’argent du crédit que vous contractez ? Que nenni, c’est tout le contraire (même la banque de France le dit, dans un opuscule publié il y a environ 20 ans, voir la référence sur http://www.fauxmonnayeurs.org) ! Ce sont les crédits qui font les dépôts !

Dès lors, l’Etat emprunte sur les marchés, avec un taux d’intérêt non négligeable, que la politique de stabilité des prix rend incompressible (pour information, en résumant, une stabilité des prix rend inefficace le mécanisme d’érosion du taux d’intérêt permis par l’inflation : stabilité des prix = avantage aux rentiers et épargnants, inflation = avantage à l’emprunteur). Du coup, les intérêts courent, la dette croît, croît, croît... pour le plus grand bonheur de ceux qui ont intérêt à ce que la rente soit maximale. Or, comme par hasard, ces gens sont ceux qui ont créé l’Europe des marchands, la BCE indépendante dont la mission est la stabilité des prix, et qui sont actionnaires ou lobbyistes des grands groupes financiers, voire avocat d’affaire (suivez mon regard...). Vous pigez ?

L’étouffement de l’initiative collective ne tient pas à l’inefficacité de l’Etat, même si celle-ci a une part de responsabilité dans le moment où surviennent les réelles difficultés : plus efficace, nous aurions souffert plus tard, c’est tout. Non, cet étouffement tient surtout à ce que la pression de la dette croît mécaniquement (aujourd’hui, les intérêts de la dette comptent pour environ 650 milliards d’euros sur les 1100 que nous avons empruntés : plus de la moitié !!!), du seul fait que l’Etat a abandonné son droit de battre monnaie.

Imaginez ! Si l’Etat avait créé lui-même cette monnaie, il aurait pu la prêter aux entreprises, aux particuliers, aux régions, etc, et récupérer pour lui-même les 650 milliards d’intérêt qui sont aujourd’hui dus aux banques privées !!!

D’aucuns vont venir me dire que confier les manettes de la création monétaire aux gouvernements est suicidaire, car la pratique de la planche à billets est mortelle pour l’économie. Je dirais : oui et non. Il est vrai que, en certaines circonstances, la planche à billets crée de l’inflation. Un bémol toutefois : la planche à billet tourne à plein en ce moment (plus 10% d’augmentation annuelle de la masse monétaire M1sur la zone euro depuis 10 ans !), sans que l’inflation ne suive le même rythme. Cela démontre deux choses en même temps : 1, la planche à billet tourne aussi vite entre les mains des banques privées (c’est juste qu’elles ne servent pas les mêmes intérêts !!!), et 2, l’augmentation de la masse monétaire ne provoque pas mécaniquement l’inflation des prix à la consommation, dépendamment de la variation de l’activité économique (la croissance), et des secteurs où la monnaie s’investit.

Pour revenir dans le vif du sujet : le vrai problème n’est pas le taux de prélèvement obligatoire, mais bien la maîtrise de l’instrument monétaire. Les intérêts ruineux que nous payons aux banques privées vident les caisses de l’Etat, et nous forcent à une inaction que certains ont vite fait de transformer en inefficacité. Une fois le peuple convaincu, il ne reste plus qu’à dépecer lentement le corps encore chaud (EDF, France Télécom, SNCF, bientôt sécu, et pourquoi pas éducation, et justice, aussi ?).

Si l’Etat récupérait son droit de battre monnaie, droit strictement encadré pour ne pas tomber dans l’excès inflationniste (par exemple, limiter la création monétaire à l’investissement structurel, sans droit à financer le fonctionnement), nous aurions beau jeu de battre en brèche le discours sur l’inefficacité de l’Etat. Nous récupèrerions enfin les moyens d’avoir une vraie politique.


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