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Brieuc Le Fèvre brieuclef 26 février 2008 17:35

La Constitution. Si seulement elle avait été faite par le Peuple (mais non, elle a été écrite par de Gaulle et quelques potes, sur un coin de table pourrait-on dire), et si seulement elle pouvait être modifiée par le Peuple (mais non, elle l’est en général par les parlementaires réunis en congrès à Versailles, avec ou sans légitimité par rapport à l’opinion du moment). Bref, la pauvre Constitution, on la triture, on la totrure, on la plie et on la bourre dans les coins pour qu’elle épouse la forme de l’idée du moment. Mais là, quand même, c’est un peu trop gros.

Tous les régimes constitutionnels du monde ont un article stipulant que la loi dispose pour l’avenir et n’a pas d’effet rétroactif. A votre avis, pourquoi ? Tout simplement pour éviter que des actes passés, commis à un moment où ils étaient légaux, ne soient punis au moment où ils deviennent illégaux !

En ce qui concerne les actes de tout temps illégaux, cet article (le 62 dans la Constitution française de 1958) permet d’éviter de condamner des personnes rétroactivement, ce qui, entre autre, permet d’éviter la tentation de créer des peines ad hoc pour telle ou telle personne. En ce cas précis d’ailleurs, il y a l’article 8 de la Déclaraion des Droits de l’Homme et du Citoyen, qui stipule que "nul ne peut être condamné qu’en vertu d’une loi promulguée antérieurement au délit et légalement appliquée". Bon, les députés ont établi que la rétention de sûreté n’était pas une peine de justice. Je m’interroge sur leur conception de ce qu’est une peine de justice, en ce cas...

Quoi qu’il en soit, ce cas particulier des récidivistes dangereux est ignoblement monté en épingle par une droite conduite, j’en suis de plus en plus convaincu, par un véritable psychopathe (rappel : le refus de considérer les faits, et la croyance en son désir comme seule réalité est un comportement flagrant du psychopathe, ainsi d’ailleurs que la volonté de détruire, d’effacer purement et simplement la réalité qui résiste à son désir). Depuis que notre président a été élu, ce n’est qu’une débauche de désir fulgurants devenus subitement réalité sous l’impulsion d’un seul, parfois sans raison profonde (la lettre de Guy Môquet, l’enseignement de la Shoah en primaire, la suppression de la pub à la télé publique, les fonds d’aide aux marins-pêcheurs, le vol à N’Djamena pour l’Arche de Zoé, la ratification à marche forcée du Traité de Lisbonne, etc). Jusqu’à présent, de tels actes pouvaient passer pour des comportements certes un peu brusques, mais portés par une nature impétueuse et pleine d’allant, et répondaient généralement à une situation de crise exprimée dans la presse. On pouvait croire à des actes de "com" plus qu’autre chose.

Mais là, franchement, cette volonté farouche de nier l’évidence de l’inconstitutionnalité de la clause de rétroactivité de la loi Dati, cette manière de larmoyer devant le refus (autre trait propre au psychopathe : il pleurniche quand on lui demande pourquoi il refuse un fait, et se déclare "agressé", puis tourne violent à la moindre contrariété supplémentaire), ça fait peur ! Je crains qu’il ne soit en train de perdre les pédales, notre Président ! Vous savez ce que fait un psychopathe devant le refus d’une réalité objective (qu’il refuse donc de considérer comme réelle) à se plier à son diktat (qu’il considère donc comme seule vérité tangible) ? Il pète un câble et détruit l’objet de sa frustration. Sincèrement, sur ce point, j’espère être dans les choux, et voir l’avenir me contredire.

La réalité objective, c’est que la victimisation du débat est purement ignomineuse, à plusieurs égards. Le premier, c’est que la justice est affaire de raison, pas de sentiment. Lorsque le Président dit "Imaginez que votre petite fille soit violée", il demande aux citoyens de répondre avec leur tripes, pas avec leur tête. Et la tripe, ça sert à voir rouge, à tuer. Le second, c’est que les parents qui craignent pour la vie de leurs enfants (menacés donc par TOUS ces quelques criminels en goguette, d’ailleurs pas toujours fichés ni même connus des services de police), oublient 8 fois sur 10 d’attacher correctement leur chère progéniture sur la banquette arrière du véhicule familial (statistique de la sécurité routière). Résultat : il y a plus d’enfants tués sur les routes chaque année qu’il n’y en a par des serial-violeurs (ce qui n’enlève rien à l’horreur de tels actes, qui doivent être combattus et condamnés par toutes les voies constitutionnelles possibles). Donc, faire réagir des parents avec un comportement de lynchage (haro sur les agresseurs sexuels, pendons-les à la lanterne), en leur laissant croire qu’ainsi ils protégeront leur enfant est ignoble, car c’est faux. Il a été démontré que la peine de mort ne dissuade pas l’homicide. En quoi la rétention de sûreté y parviendrait-elle ?


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