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GRL GRL 12 mars 2008 10:42

Bernard , même si je n’en ai pas l’air , je suis entierement d’accord avec toi en ce qui concerne la prudence. Mes interventions sont un angle de vue que je sais posé au milieu de plusieurs autres . je ne cherche pas à etre celui qui aura raison au prix d’un compromis d’opinion. Je m’engage sachant que d’autres s’engagent et que le résultat d’un débat public est cette pluralité qui donnera au lecteur , des points de vues différents. La " vérité " n’est donc pas en jeu dans mes propos mais l’ensemble de tout ce que nous disons à propos de ce sujet est en lui même un petit bout de vérité qui se situe peut etre au croisement de toutes nos opinions. J’espere que tu comprends ici ma démarche. Pas vraiment d’enjeu personnel en somme.

Cependant mes convictions ne sont pas ici que simples spéculations . Je vais tenter de te donner un exemple tres concret , un exemple qui me touche , parce que c’est l’histoire récente de ce qui se passe chez nous. Cette histoire se situe dans les années 90 et parle de la jeunesse de quartiers ayant jadis acceuilli le contingent migratoire mobilisé pour la reconstruction de notre pays. Ces quartiers , dans les années 90 , ont vu la brutale mutation qui a accompagnée l’isolement social. La jeunesse , et notament , la jeunesse d’origine nord africaine, était rejetée culturellement et socialement , le front national faisait recette , les cités commençaient à sentir l’étau de l’isolement social, les vrais enfants du béton , ceux qui terrorisent le français moyen aujourd’hui ( ils ont un peu grandi de fait ) , étaient enfants à cette époque.

Mon exemple parle de la période ou le buisness , ou la France " blanche , correcte , et polie " , s’est attaquée à la tentative de ceux , qui , isolée socialement des autres dans des cités circonscrites culturellement et , n’avaient pour survivre socialement qu’une seule chose à faire : Créer un mouvement identitaire, un mème , qui ne serait pas celui des autres Français, mais celui d’une masse sociale isolée du reste de la France , de culture mixte. Le hip hop français s’est vu exploser à cette époque. Les textes y étaient unificateurs , autour de la revendication , de la description d’une condition , les textes vehiculaient l’identité de ceux de culture plurielle que l’histoire avaient réuni ici , et qui sentaient l’oppression grandir. Ces jeunes n’ont pas tapé ni fait la guerre armée , ils ont composé au départ dans notre langue , les textes fédérateurs. La bete sociale à développé son génôme , son mème , et celui ci allait se répandre comme une trainée de poudre dans toute la France en voyant emmerger un bon rap français .

Réaction du mème opposé , celui de la " France blanche ( une image ) ? Comment la bete sociale qui tentait d’isoler les indésirables a t elle réagi à cette tentative , à ce sursaut identitaire ?

Ecrasement culturel , et bientôt médiatique , qui allait voir en quelques années , le hip hop des poètes laisser place à celui des marchands, la culture urbaine , produit de la rencontre , liant possible d’une entente espoir , tuée , les rappeurs intelligents se voyant dévalorisés au profit des plus idiots , la culture Gangsta tuant le formidable élan old school revival , tuant le travail des monstres de culture que l’on rencontre dans les cités, de ceux qui ont contribué à sauver le vinyl , tuant les références du parler vrai , du parler fort , de la poésie acrobatique, et surtout du message originel , de la revendication politique , du mème qui gagnait peu à peu le pays. La solution ? L’industrie du disque et le circuit de la promotion faisant alors une vraie campagne d’assassinat culturel, favorisant progressivement l’image du bandit plutôt que les messages vrais émanant des quartiers sous la carotte de la reconnaissance sociale. Ils furent même précédés , je ne sais , par les vendeurs de fringues de sport , qui observaient déjà les manies vestimentaires pour adapter des collections " branded " , faisant alors des jeunes , de vrais panneaux publicitaires ambulant pour Nike , Addidas et la clique. Récupération et buisness , tuant le produit culturel de nos rencontres déjà complexes à réaliser , tuant le lien et les mots qui travaillaient à ce que l’on se rencontre et à ce que l’on s’accepte en paix , tuant l’espoir , le message , le sursaut identitaire, et touchant de plein fouet , les plus jeunes, les jeunes ados.

Criminels ont été les marchés du disques et leur choix de l’époque , criminels , et à mon avis , volontaires. Le bandit était soudain respectable , le caïd valorisé , la grosse chaine et le flingue aussi , la grosse caisse et le cul , bref , tout ceci , ils l’on vu dans la télé les jeunes , ceux de la derniere génération, lorsqu’ils ont vu les premieres personnes issues de leur milieu dans la télé , c’était pour représenter çà, ... alors qu’il y avait tant d’autres choses , tant d’autres belles choses à montrer ...

Le mème de la France blanche a gagné , pernicieusement , c’est l’industrie qui a donné le Vuitton en casquette , le Nike en baskets , le clip chaine en or et fligue , le culte du bandit , aux yeux de la France entiere qui maintenant , a ces images bien dans la tete et accuse un mouvement de repli , et de differenciation identitaire. Ces jeunes eux , ne demandaient qu’à se faire aimer , accepter dans le giron d’une culture qui , parce qu’elle ne voulait pas d’eux , a détourné le message identitaire au moment ou celui ci risquait de séduire la jeunesse de la nation .

Résultat ? Plus rien de ce qu’ils sont ne leur appartient , et l’on a la jeunesse dans un état de désespoir , de nervosité et de violence que l’on connait . Pourquoi ? Parce qu’ils sont proches de la mort sociale , parce qu’ils n’ont plus aucune identité . Ils ne sont plus arabes , ils sont nés ici comme leur parents , ils ne sont pas français , parce que la France ne les veut pas et le signifie , ils ne sont pas de la culture issue de leur propre histoire , parce que celle ci a été tuée dans l’oeuf , ils ne sont pour certains que des âmes errantes, avec un taux d’affections psy sérieuses incroyable , déstabilisés , violents pour beaucoup , sans structure , et pour les plus fragile , dans l’abandon sanitaire ....

Sans identité Bernard , quand les mèmes s’affrontent , lorsqu’on tue une culture , tu ne le vois pas toi , tu ne le comprendrais pas , toi mon exemple ? J’y étais Bernard pendant les années de leur 6 - 11 ans , on les a tous vu arriver à l’adolescence , et toute la culture urbaine de leur parents était en train de se faire bouffer, Les clips , le cul , le flingue , ont été la nourriture que les amis de notre bon président ont donné à cette jeunesse à coup de superproductions médiatiques , à coup de milliards . Et l’enjeu était .... Qu’ils n’entrent pas.

Voilà donc comment les faits peuvent rencontrer mes spéculations théoriques. C’est ici , chez nous , et tout le monde connait cette histoire.

Amicalement , GRL.


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