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poetiste poetiste 15 mars 2008 23:16

 

Cogito ergo sum.

Qui pourrait se targuer d’avoir une identité qui ne serait pas l’accumulation de diverses fictions ? L’identité n’a aucune consistance, elle n’est que l’idée que l’on se fait de soi-même par rapport à un environnement, un individu n’étant rien sans la culture qui l’a vu naître. Rechercher une identité, c’est la quête du graal, d’un vase vide. L’âme du canon est la partie vide, le trou par lequel passe l’obus. L’âme de l’homme est aussi le vide par lequel passent toutes sortes d’images qui vont définir ce qu’il appelle à tort son identité. L’ambigüité du mot dit bien la confusion de l’identique et du particulier. Le bouquet est défini par un groupe de fleurs. On donnera une identité à ce bouquet pour une légère différence, ne serait-ce que la couleur d’une seule fleur. L’évocation d’un bouquet peut donc avoir une infinité d’interprétations selon des différences multiples. Il existe cependant des bouquets identiques, des bouquets clonés par la volonté de l’homme. Ces bouquets n’ont donc pas une identité propre mais collective. Ce clonage n’est pas bien conséquent s’il s’agit de fleurs mais quand des hommes veulent se donner une identité collective, c’est qu’ils oublient qu’ils pourraient choisir la liberté d’offrir une image unique d’eux- mêmes au regard des autres. C’est une restriction de la largesse d’esprit que de se fondre en un quelconque mimétisme. Il va sans dire que ce mimétisme est exalté en qualité morale dans l’armée, la police, partout où le pouvoir s’exerce. La soumission inconditionnelle à une religion, un parti, une armée, est toujours aliénante. Le « bouquet humain » se rassure de se réduire à quelques fleurs. Est-ce que notre liberté serait à ce point inquiétante et une épreuve trop responsable pour que nous la refusions de cette manière ? L’homme vit dans l’angoisse d’être seul face au groupe qui le contient ; il ne peut se définir seul ; il n’est pas prêt de mettre la carte de sa vie sur la table pour sa liberté de penser. Une définition universelle de l’identité, dans le sens où chacun serait volontairement différent tout en reconnaissant appartenir au « bouquet » abstrait que l’on appelle l’humanité ; cette définition n’a pas encore été reconnue. On constate partout des clonages qui vont à l’encontre de cette universalité. Les certitudes religieuses sont à la base de l’adoption d’une identité de groupe qui ne vient démontrer que l’instinct grégaire ? Et le grégaire est la préparation à la guerre. L’histoire témoigne de cela. « Dis-moi qui tu hantes, je te dirai qui tu es », ou « je te dirai qui tuer », on peut faire ce jeu de mots à propos de l’extrémisme religieux. L’animal vit son instinct sans se poser de question et l’homme déguise son instinct en se bardant de certitudes, pour ne pas se poser de questions au sujet de celui-ci. Si l’on considère que sa seule supériorité sur la bête soit justement de contrôler ses reflexes instinctifs et que ce soit là une démarche propre à une religion honnête, que dire d’une religion qui prône la guerre ou la soutient ? Comment une religion peut-elle parler d’universalité et prétendre séduire avec des arguments expansionnistes ? La liberté individuelle a plus que jamais intérêt à être défendue et c’est au nom de l’universalité qu’il nous faut endiguer les extrémismes qui s’étendent comme des maladies contagieuses. Pour combattre l’expansionnisme religieux, il faux convaincre l’extrémiste de revoir ses certitudes à la baisse, lui faire comprendre qu’il a été programmé dans le contexte d’une culture bien particulière. Il faut ouvrir les débats sur cette détermination culturelle, mais qui fera un effort pour revoir l’identité qu’il s’est forgée au sein de cette culture ? L’âme de l’homme est le vide, le rien, le bouquet aux fleurs indéfinies et son identité ne dépend que des fleurs qui viennent le composer. Gare aux identités clonées qui entraînent le monde dans un délire paranoïaque ! Rien n’est solide ni concret qui sorte du néant et point n’est besoin de vouloir le rechercher en une quelconque identité. C’est de prendre conscience de notre inanité que l’esprit universel nous vient. La spiritualité n’est pas une affaire de religion tribale, c’est une affaire individuelle qui ne sauve que soi. S’il y a royaume des cieux, il est déjà parmi nous. Les hommes de paix comprennent cela, ils sont des alliés de la vie, ils ne la détruisent pas.

A.C


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