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Vincent 25 mars 2008 13:52

A propos de ce fameux brevet indien, à l’heure actuelle seuls quelques reportages ont fait état de cette invention, et cela semblerait plus être une grosse mystification qu’autre chose, ils refusent donner les composants qu’ils ajoutent, car s’ils utilisent le plastique recyclé comme base, ils ajoutent « une poudre de perlinpipin » dont on ne connaît absolument pas la composition.

 

Par ailleurs le bilan énergétique de l’ensemble n’est pas franchement en faveur de ce miraculeux recyclage.

 

L’article en question date de mars 2004

 

Cet article est paru hier dans "Libé

 

L’Inde pourrait carburer au plastique
Par Pierre PRAKASH

A première vue, l’histoire a tout d’un conte de fées. Dans un modeste laboratoire du centre de l’Inde, une professeure de chimie inconnue aurait trouvé un moyen de transformer des déchets de plastiques en essence. Aucune perte, aucune pollution, et un carburant prêt à l’emploi, le tout pour la modique somme de 0,13 euro le litre d’essence produit. Cette histoire est pourtant vraie. La découverte spectaculaire d’Alka Zadgaonkar, professeure dans une petite université de la ville de Nagpur, a en effet été testée et validée par la Indian Oil Corporation (IOC), l’une des plus grandes compagnies pétrolières indiennes. « Le procédé demande à être optimisé, mais ça marche », confirme Niranjan Raje, directeur de la branche recherche et développement de IOC.

Ingrédient secret. Une petite révolution puisque, à ce jour, personne n’a trouvé le moyen efficace de se débarrasser des 150 millions de tonnes de matières plastiques produites chaque année dans le monde. Brevetée par l’organisation mondiale de propriété intellectuelle, l’invention pourrait notamment s’avérer providentielle pour l’Inde, qui, avec une production quotidienne de plus de 9 000 tonnes, croule sous les déchets de plastiques. Bien que l’inventrice ait été approchée par plusieurs compagnies étrangères, elle refuse de leur vendre son brevet, estimant que « l’invention doit d’abord servir à [son] propre pays ». « Si l’Inde utilisait ce procédé sur la moitié de ses déchets de plastiques, non seulement elle limiterait la pollution, mais en plus elle bénéficierait chaque jour de 2,5 millions de litres d’essence supplémentaires », calcule-t-elle.

« La méthode est efficace avec n’importe quel type de matière plastique, assure cette femme de 40 ans. Des sacs plastique, des tuyaux en PVC ou même des imperméables : tout peut être utilisé. Un kilo de déchets donne un kilo de matières combustibles, dont les trois quarts de carburants. » Le procédé est d’une simplicité étonnante. En bref, il suffit de chauffer les déchets à une température de 350 degrés avec un peu de charbon et un ingrédient gardé secret. Introduits dans un réacteur pendant trois heures, ils en ressortent sous forme de carburant liquide (80 %), de gaz (15 %) et de résidus de charbon (5 %). Le liquide contient 40 % à 60 % d’essence, environ 25 % de diesel, et le reste de kérosène et de lubrifiant. Le gaz peut directement être utilisé en cuisine, et les résidus de charbon sont facilement réutilisables par les centrales thermiques ou l’industrie métallurgique. « Nous transformons donc 100 % de déchets en 100 % de produits utilisables pour les particuliers ou l’industrie », résume Umesh Zadgaonkar, mari de l’inventrice, mais aussi chimiste, associé au projet.

Comment la scientifique en est-elle arrivée là ? « Le plastique et les carburants sont tous deux des hydrocarbures, explique-t-elle. La seule différence est que la chaîne de molécules est plus longue pour le plastique. Je me suis donc appliquée à trouver un moyen de casser cette chaîne afin d’obtenir des segments plus petits. » Lancée en 1995, la méthode a donné ses premiers résultats dès 1998. Et ce qui n’était, au départ, qu’un passe-temps pour une scientifique passionnée, pourrait aujourd’hui devenir une réalité industrielle. Impressionné par les résultats, le ministère du Pétrole envisage en effet de créer une usine pilote, d’une capacité de cinq tonnes par jour, afin de voir si le procédé est viable sur des grosses quantités. Une somme de 1,4 million d’euros a été allouée au projet, qui n’attend plus qu’un dernier feu vert des scientifiques gouvernementaux. Le plastique sera fourni par la municipalité de Nagpur, ravie de trouver un moyen de se débarrasser de ses déchets. A elle seule, cette petite ville du centre de l’Inde produit en effet quelque 60 tonnes de matières plastiques par jour.

Raffinage. Aussi prometteuse soit-elle, la méthode du couple Zadgaonkar n’est malheureusement pas parfaite. Les carburants obtenus ne sont en effet pas directement utilisables pour les véhicules. « Ils demandent à être raffinés, explique Niranjan Raje, mais on peut par contre les utiliser tels quels pour les générateurs, les pompes agricoles ou les chaudières. » Afin d’optimiser le processus, les Zadgaonkar ont signé l’an dernier un protocole d’accord avec IOC. Celle-ci a d’ores et déjà trouvé un moyen de réduire la quantité de chlore contenue dans le carburant, mais l’équipe chargée du projet estime que l’invention a surtout une vocation écologique. « La viabilité commerciale du produit est pour l’instant limitée, affirme Niranjan Raje. Mais même si nous ne trouvons pas le moyen de réduire les impuretés dans le carburant, le procédé est de toute façon efficace pour se débarrasser du plastique. » Les inventeurs, eux, maintiennent que « le raffinement supplémentaire peut facilement se faire avec des méthodes connues ». Et même sans cela : « Ma propre voiture marche depuis deux ans avec ce carburant, affirme Umesh Zadgaonkar, et je n’ai jamais eu de problèmes. »


http://www.liberation.fr/page.php?Article=186084

 


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