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Chiro 7 mai 2008 00:39

@ Serpico et aux autres

Je ne peux pas expliquer les raisons de la censure, mais par contre je peux rappeler la chose suivante : "juif" désigne tant une confession (la religion juive) qu’un groupe ethnique (les Hébreux). C’est la vieille distinction entre judaïsme et judaïté. Auparavant, la langue française parlait plus systémlatiquement de "religion israélite" et "des Israélites". On considère d’ailleurs les Juifs comme groupe "ethnico-religieux", comme les jaïns, les shintos ou les sikhs ; raison pour laquelle on parle de Juifs (avec majuscule) pour désigner un groupe ethnique, un peuple, et de juifs (avec minuscule) pour désigner un groupe religieux. [Sans préjuger de la validité objective, philosophique, ou encore scientifique, de l’homogénéité ethnique chez les Juifs.] Par exemple, Daniel Kohn-Bendit est un Juif, mais il n’est pas juif (sur le plan confessionnel). Il se définit lui-même comme "objectivement juif", mais totalement athée, "émancipé des dieux". "Je n’ai rien de juif, mais je suis objectivement juif", dit-il alors. A priori donc, un peuple, des racines communes, et une foi commune. C’est notamment le sens de Pessahh.

Le judaïsme et la judaïté aux 20e et 21e siècles a subi de très profondes transformations, avec la montée en puissance des Juifs laïcs et même athées, forçant donc la séparation conceptuelle entre ethnie d’une part, et religion ou foi d’autre part ; l’érection en Palestine britannique d’un État sur le modèle occidental moderne, et donc la vocation (si le mot est juste) de l’État d’Israël, État juridiquement juif et non laïque, à la sécularisation ; l’émergence du reconstructionnisme juif qui écarte la dimension géopolitique et ethnique du judaïsme ; la reconnaissance de la judaïté des falashas d’Éthiopie, Juifs noirs, Africains ; la croissance de la minorité musulmane ; l’ouverture de la citoyenneté israélienne à des non-juifs.

Le fait récent le plus marquant a focalisé les attentions sur... les Juifs messianiques. En effet, le 23 avril dernier la Cour suprême d’Israël a reconnu pour la première fois de l’histoire de ce pays que des Juifs chrétiens devaient bénéficier au même titre que les autres juifs des privilèges accordés aux termes de la loi du retour. Ainsi, désormais, comme tous les autres Juifs du monde, les messianiques bénéficieront de facilités s’ils veulent s’installer en Israël, ou, selon l’expression consacrée, "monter". L’ouverture de l’alya (montée en Israël) aux Juifs chrétiens, affirmant que Jésus-Christ est le Messie du peuple juif, marque plus encore les redéfinitions de l’identité juive.

Tout cela a renforcé, et renforce encore l’idée de la distinction entre religion juive et ethnicité juive, ce qui au fond n’est pas éloigné de la disparition en Occident depuis un siècle environ de la notion d’identité acquise, et surtout de religion acquise par hérédité. Le protestantisme évangélique, qui a parmi ses concepts centraux celui de la conversion, et donc de choix de sa foi, conçu comme absolument incontournable, accentue cette distinction très bien comprise et jugée comme recevable par les Occidentaux d’aujourd’hui, distinction qui pose désormais de moins en moins problème chez les Juifs. Cette décision récente de la Cour supême le démontre. de façon éclatante.


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