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En réponse à :


koudou 30 avril 2008 18:57

A caïus qui écrit si joliment et si inexactement :
"Ce grand humaniste de Mugabe en sait quelque chose puisque sa politique a consisté à piller les blancs !"

Je ne sais pas si vous souffrez de paranoïa comme le plus illustre porteur du prénom que vous avez choisi comme pseudonyme, à savoir Caïus Caligula qui était givré complet et a brulé Rome, mais je vais comme si ce n’était pas le cas et faire une réponse raisonnable à votre intervention qui ne l’est pas.

Je présume que vous faites allusion à la réforme agricole de 2000 décidée par Mugabe et qui a consisté principalement à confisquer les terres des fermiers blancs sans compensation pour les redistribuer aux fermiers noirs.

Si pour vous, l’arrivée du nouveau millénaire (l’an 2000, puisqu’en fait le nouveau millénaire n’a démarré qu’en l’an 2001) nécessite de faire table rase de tout ce qui a pu arriver avant qui n’existe plus et doit être ignoré par tous, vous avez raison, et vous pouvez arrêter de lire, Caïus.

Par contre, si vous êtes né avant 2000, cela va peut être être un peu plus difficile à ignorer, et on va commencer par remonter à 1996, à un moment où le transfert des fermes des fermiers blancs aux fermiers noirs se faisait sur la base d’accords bi-partites ("willing seller, willing buyer") avec un paiement qui correspondait à la mise en valeur des terres (et pas aux terres elles-mêmes). A cet époque, le paiement de ce transfert était fait grâce à des fonds de Grande Bretagne. En arrivant au pouvoir, Tony Blair déclare qu’il n’est pas tenu pas les engagements de ses prédécesseurs (des précédents premiers ministres) et suspend tout paiement arrêtant ainsi le processus. Evidemment, cela a gelé immédiatement tous les accords de transfert pas encore passés, alors que seuls 20% avaient été transférés.

Pour savoir à quand remontait ce système de transfert volontaire, il faut encore remonter plus loin en 1979 où la guerre civile en Rhodésie du Sud dirigée par Ian Smith a poussé l’Angleterre à refaire de cette Rhodésie du Sud un protectorat britannique avec l’accord de tous les belligérants et de faire signer par toutes les parties en présence un accord, dit accord de Lancaster House dans lequel était accepté le transfert volontaire progressif des fermes des fermiers blancs aux fermiers noirs, sans confiscation, avec compensation financière, cette compensation étant fournie par la couronne d’Angleterre. Le prix de base de la négociation était le prix de la mise en valeur des terres comme si on avait des terres non exploitées et qu’on démarrait une ferme.

La méthode de calcul peut paraître bizarre, mais en fait, cela est dû au fait que ces terres avaient été confisquées aux habitants noirs par les envahisseurs blancs par la force (sans compensation bien entendu) et l’envoi de l’armée britannique pour soumettre le roi Lobengula à Cecil Rhodes. Cela en 1893.

Pour savoir la base juridique qui a permis aux britanniques d’envoyer l’armée sur réquisition de Cecil Rhodes, il faut savoir que celui-ci avait un contrat en anglais signé par le roi Lobengula lui cédant le pays en entier en pleine propriété. Surprenant et incompréhensible, n’est-ce pas ?

En fait, il faut encore remonter jusqu’en 1888 pour savoir ce qui s’est passé : Cecil Rhodes possédait alors la BSAC (qui deviendra plus tard la De Beers, société diamantaire bien connue et propriétaire de tous les gisements d’Afrique du Sud) et a fait signer un document au roi Lobengula en lui faisant croire que c’était un simple droit de passage. En français moderne, cela s’appelle une arnaque, et bien entendu, le roi ndébélé s’est rebiffé jusqu’à ce que ses troupes soient massacrées par les fusils des anglais.

Je vous propose donc de compenser votre phrase par celle-ci :
"Ce grand humaniste de Rhodes en sait quelque chose puisque sa politique a consisté à piller les noirs !"

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Revenons à aujourd’hui : la confiscation des terres (excusable ou non) par Mugabe pour la redistribuer est une erreur aussi grande que celle (excusable ou non) de Tony Blair de ne pas respecter les engagements pris par la Grande Bretagne.

Sortir de cette situation dramatique pour les habitants du pays ne peut passer que par un retour à la normalité, c’est à dire une sortie de cette guerre économique qui a assassiné le pays. Et pour cela, il est évident qu’il faut que Mugabe parte, car rien ne sera possible tant qu’il sera là.

 

Mais cela ne vous autorise pas à déformer l’histoire pour la refaire à votre goût ou selon vos convictions.


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