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Kieser 30 mai 2008 16:00

L’auteure, qui n’est pas l’auteure de ces propos, affirme : « Ceux qui ont bien lu l’article comprennent que la très grande majorité des "touristes sexuels" n’ont pas une déviance sexuelle telle que la pédophilie, mais des gens "ordinaires", c’est-à-dire des hommes et des femmes qui LE TEMPS D’UN VOYAGE recourent à la prostitution d’un mineur, la plupart du temps en ignorant l’âge de l’enfant. L’anonymat, la présence de mineurs prostitués et le sentiment d’être loin des contraintes morales peuvent inciter à passer à l’acte. »

On sait que les délits sexuels sont ceux qui conduisent le plus souvent à une récidive. Si ce crime s’accompagne d’une plus grande certitude d’impunité, parler "d’occasionalité" apparaît douteux. Pour le passage à l’acte criminel il faut un mobile ou une pulsion, l’opportunité et les moyens. Avec le tourisme sexuel on a la pulsion, l’opportunité et les moyens achetés en agence... A chacun de juger de l’opportunité de trouver des circonstances atténuantes. Que l’opportunité se présente à nouveau à Zurich, Paris ou Madrid, que se passera-t-il ? Un soudain sursaut de conscience morale et un quidam qui ira trout droit au commissariat du coin dénoncer une telle infamie, sous nos cieux ?

Le rapport auquel l’auteure fait référence précise notamment : " Ignorant la gravité de leur acte, les « touristes » sexuels, hommes et femmes, usent de leur supériorité économique pour abuser sexuellement d’un enfant : le sentiment de puissance et de richesse pousse certains individus à s’affranchir de toutes règles et impératifs moraux qui régissent habituellement leurs comportements."

En plus d’être pédocriminels, ils sont donc dans un sentiment de puissance, prenant des victimes mineures et indigentes pour objet de leurs fantasmes. Exact parallèle des colons du XVIIIe s. apportant la civilisation et le Bon Dieu à des barbares.

Et... des chiffres donnés avec assurance : "Le tourisme sexuel en Thailande ne représente pas 5% des clients" (Sources : Café du Commerce, rue du Commerce - Paris, France) Pas d’autre commentaire !
Un autre commentaire affirme : « Sûrement moins » plutôt avec des prostituées, ignorant que prostituées et enfants ne font qu’un...

Le commerce sexuel s’est répandu en Thaïlande dès les années 70 durant la guerre du Vietnam, pour satisfaire les "besoins des GIs". Dès cette époque, des groupes criminels, conscients des profits qu’ils pouvaient tirer de ces trafics ont organisé des voyages de tourisme sexuel pour les hommes européens. Depuis les années90 ce commerce est une véritable institution. Quand vous voulez faire ce genre de voyage, il vous suffit d’aller dans certaines agences de voyage européennes - dont les adresses circulent en réseau - et de payer pour un séjour "enrichi de fantaisies" sur lesquelles il n’existe aucun doute. Dire qu’il s’agit de "consommateurs" occasionnels est une imposture. Que ce soit une ONG qui répande ce genre de banalisation rend le procédé encore plus écœurant. Actuellement, grâce à la fusion de la traite des êtres humains et Internet, les "produits" sont visibles en ligne. On choisit sur catalogue !

Quand on connaît la méfiance des touristes à l’égard des autochtones des pays visités, comment peut-on penser qu’ils iront faire une petite visite dans les ruelles obscures de Bangkok, de Djakarta ou de Bamako et tomber, par hasard, sur une pauvre gamine qui se prostitue de plein gré pour nourrir sa famille ? Ha, quelle occasion formidable, soudain, d’associer devoir humanitaire et petit fantasme d’ado immature, en passant par une petite fantaisie orgasmique ! C’est aussi supposer qu’une enfant pense d’abord à la prostitution pour nourrir sa famille. Bien sûr on va penser aux enfants errants des favelas de Rio ou aux enfants soldats d’Afrique pour justifier une telle éventualité, oubliant du même coup les sources de cette misère humaine. Quel angélisme !

Quant à l’indignation de jidejeandominique affirmant qu’à « l’évidence le "tourisme sexuel" était bien plus important au 19ème siècle et au début du 20ème siècle, du temps des colonies », etc. on en reste pantois !
Selon un rapport interne de la CIA, un trafiquant d’êtres humains gagne environ 250 000 dollars par tête. Le trafic d’êtres humains qui conduit les victimes, femmes (très jeunes sinon mineures) et enfants - à la prostitution et à l’esclavage génèrent entre 12 et 17 milliards de dollars/an. Cela concerne de 700 000 à 2M de personnes, environ. Il n’existe que des estimations. Par contre on peut avoir une approximation à partir des flux financiers générés par le blanchiment des revenus générés par ces activités. Si ce commerce n’était pas aussi lucratif – bien plus que ne l’est le trafic de drogue –, les groupes mafieux ne s’y intéresseraient pas.

Dans ce comptage macabre, la mise en circulation des vidéos produites par les multiples scènes de viol d’enfants, de partouzes, voire de meurtres, n’est pas encore chiffrée. Il est avéré que l’âge des victimes de ces prédations - occasionnelles, bien sûr - tend à baisser et c’est ainsi que l’on voit circuler des scènes de viol de nourrissons. Oui, vous avez bien lu ! Sont particulièrement prisées les scènes de viol d’un enfant drogué soumis à sa première « séance ».

L’auteure affirme : « Les touristes sexuels occidentaux représentent une faible part des touristes sexuels : l’exploitation sexuelle et commerciale est majoritairement locale et régionale. » Ce n’est pas une activité de proximité, ni un commerce occasionnel, c’est un trafic organisé à l’échelle mondiale.
En Asie notamment, la Thaïlande compte deux millions de prostitués parmi lesquels au moins 300 000 mineurs. Ce pays détient le record d’abus sexuels commis par les étrangers. Chaque année, plus de 800 000 visiteurs viennent profiter de ces jeunes Thaïs. Quant à la capitale du Cambodge, elle compte environ 15 000 prostitués, dont au moins un tiers seraient âgés de moins de 18 ans.

Aux Philippines, en Malaisie et en Indonésie, l’industrie du sexe représenterait entre 2 et 14 % du PIB de chacun de ces pays. Enfin, la Birmanie, la Chine, l’Inde et le Sri Lanka présentent un profil similaire.
Selon l’association Égalité Maintenant (http://www.equalitynow.org/french/about/about_fr.html), des agences de voyages américaines comme G&F Tours ou Philippines Adventure Tours (Business Week en dénombrait déjà pas moins de 25 en 1995) proposent de vous emmener découvrir les pratiques sexuelles d’un autre pays - parfois sur contrat ! - les services de jeunes filles ou garçons vierges. Cette " clause " pousse ces tours opérateurs à recruter, pour un usage qui se veut unique, des enfants de plus en plus jeunes. Mais une fois ladite virginité perdue, ils la leur font refaire pour d’autres clients. C’est ce que disait Claire Brisset, défenseure des enfants en 1996...

Depuis, ces pratiques se sont étendues à l’Europe, l’Australie, le Japon, la Chine.
Quant à l’attitude exemplaire de la France dans la répression de ce genre de crime, rions ensemble, nous tous qui luttons pour faire valoir les droits des enfants partout dans le monde. Serge Garde, journaliste de l’Humanité, tient à la disposition de la justice française deux Cd contenant de nombreuses photos de ce genre de scène. Il attend encore la visite d’un juge. Combien de français ont-ils été condamnés par suite de la disposition d’extraterritorialité ? Ce n’est qu’un exemple donné à la volée. Notre quotidien n’est fait que des manquements réguliers de la France qui a déjà été épinglée plusieurs fois par l’Unesco, notamment... sans suite.

Allez dans une gendarmerie déposer un dossier de photos destinées à des pédocriminels, captées sur Internet et vous risquez d’être vous-même inculpé... Preuve que les personnes chargés de faire appliquer la loi ne sont pas même informées des dispositions internationales, innombrables mais rarement appliquées, encore moins formées pour enquêter sur ce genre de crime.

Madame sans gêne écrit : « Au moins, violés mais nourris, ils auront préservé leurs capacités intellectuelles, ce qui leur permettra d’accéder à la résilience, pour les meilleurs. (...) » C’est ignorer les ravages psychiques, souvent irrémédiables causés par ce genre de prédation. Si vous lisez les quelques rares chiffres présentés par quelques ONG, vous saurez que ces enfants sont violés, battus exploités. Ils ne gagnent rien ou presque rien.

Ben voyons ! Vive le viol humanitaire ! Achetez vite les livres de Cyrulnik mais pour connaître les infinis bienfaits de la résilience mais lisez d’abord ces articles :
Resilisilence, http://www.hommes-et-faits.com/Dial/spip.php?article47
Les pièges de la résilience de Marc André Cotton : http://www.enfancedanger.com/index.php?type=special&area=1&p=articles&id=7

Il y a viol, il y a esclavage et cela sur des durées très longues. Rares sont les rescapés qui oseront défier leurs prédateurs, qui savent leur famille menacée, qui connaissent le risque de voir leur jeune frère ou sœur pris en otage si jamais ils se rebellent. La résilience, de ce point de vue est un cautère bien anodin, un petit délire intellectuel. Et comme le dit l’auteure du commentaire, cela concerne les "meilleurs"... Ha ! Voilà le retour de la sélection naturelle, les autres - les faibles - n’auront qu’à attendre que les "meilleurs" viennent affronter, l’épée de vengeance au poignet, leurs proxénètes. Tant pis si ça rate, quelques uns auront été sauvés. Dormons en paix, nous autres bonnes gens, la morale est sauve !

Comment échapper aussi facilement à l’enfer des coups réguliers, de la narco dépendance comme instrument de coercition, des pressions exercées sur des familles démunies ? Prosaïque mais efficace !
On comprend le souci de l’auteure, on peut saluer sa bonne volonté mais faire un copier/coller, sans investigation ni critique, des propos plutôt douteux d’une ONG qui fait commerce du tourisme équitable, relève d’une forme primaire d’incompétence et c’est, non seulement contre productif, mais cela induit une forme de banalisation d’un crime majeur. Beaucoup d’ONG relèvent que l’on s’intéresse bien plus au délit de proxénétisme ou de traite d’êtres humains, pas assez à la prédation commise sur ces êtres et à ses conséquences. En bref, on ignore les victimes.

Un tel article banalise cette prédation la réduisant à un crime occasionnel, commis presque par ignorance. À quand une justice qui dispenserait de peine le violeur occasionnel, prédateur qui ne savait pas qu’il s’agissait d’un crime relevant des Assises ?

Sur ce thème Voir le dossier de Courrier International de cette semaine. Edifiant ! http://www.courrierinternational.com/gabarits/html/default_online.asp

Certains commentaires tendent à banaliser voire rationaliser ce genre d’activité car ce sont les hommes des pays riches qui en sont les consommateurs, ce qui nous plonge au cœur de l’horreur de nos mentalités. Oui, ce sont de bons pères de famille (sic)qui se livrent à ce genre de tourisme, mon voisin, le vôtre...

Des références :
ECPAT International dont se revendique Vision du monde d’où cet article est totalement copié est basé : http://www.ecpat.net/EI/main/front/index.asp
328/1 Phayathai Road, Rachathewi, Bangkok, Thailand 10400

Les propos de cette ONG sont bien moins naïfs que ceux de Vision du monde dont l’objectif affiché ça et là est le tourisme équitable. L’équitable est une Marque déposée qui permet de vendre n’importe quoi sous couvert de conservation des traditions, de protection des espèces disparues et autres objets de fascination de nos univers consuméristes avides de bonne conscience. Attractif et vendeur !

Le dossier de Vision du Monde téléchargeable en PDF reprend lui-même des éléments donnés ici et là :
http://www.humantrafficking.org/organizations/15
http://www.change.org/nonprofits/view/40889
Our Mission : Make the United States into a country where every single child is free from sexual exploitation Stop U.S. citizens from sexually exploiting children overseas. Prevent international criminals from bringing children into the U.S. to force them into sexual exploitation. Support the Convention on the Rights of the Child and its Optional Protocols as tools for protecting children from sexual exploitation.

Savoir que l’administration Bush, sous l’impulsion des évangélistes a pris des dispositions extrêmement sévères en ce qui concerne le tourisme pédosexuel. La France tarde sur cette voie. En septembre 2008, notre Garde des Sceaux a reçu des ONG de défense des victimes pour accueillir leurs doléances... On attend encore les résultats. Il est vrai que le thème n’est pas vendeur pour le principal sponsor et communiquant de notre Ministre, la marque Dior.

Une bibliographie : http://doc-iep.univ-lyon2.fr/Ressources/Documents/Etudiants/Memoires/MFE2001/bauerc/these_ back.html

Une video : http://www.youtube.com/watch?v=Xo8qbxUhGfI 


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