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Eric Donfu eric donfu 3 juin 2008 10:10

Quelle richesse dans le débat difficile ! En Europe, tout le monde s’accorde sur le fait que le moral est la clé de la croissance. En vous remerciant  de vos encouragements et sans entrer dans les polémiques, je retiens plusieurs contributions :

 

1°) Tout d’abord, sur la prise en compte des indicateurs.

 

C’est vrai qu’il faut être prudent avec les statistiques. Vous connaissez cette boutade « si vous mettez vos pieds dans le four et votre tête dans le frigo, en moyenne, vous êtes à la bonne température »… J’ai pris comme référence l’indicateur de l’Insee, qui me semble intéressant, car c’est aussi cet organisme public qui mesure le taux d’activité qui est, comme chacun le reconnait, lié au moral des ménages comme de entreprises.

 

L’indicateur de synthèse de l’Insee a donc été mesuré en avril a -41. Du jamais vu qui justifie aussi cet article. Même si comparaison n’est pas raison, il faut se souvenir qu’il a effectivement rarement été positif, son pic « d’optimisme »ayant été le mois de janvier 2001 avec + 10. Mais cet indice n’existe que depuis 1987.

 

Il existe un autre indicateur de référence, réalisé chaque mois depuis 1972  par sondage par la Sofres pour Le figaro Magazine  Réalisé auprès d’un échantillon national représentatif de 1000 personnes, ce baromètre vient de livrer son étude daté de mai 2008, réalisée les 23 et 24 avril 2008.

 

http://www.tns-sofres.com

 

S’il est vrai que, depuis mai 1973, ce baromètre n’a jamais enregistré plus de 40% d’optimistes, les chiffres rejoignent, en plus sombre encore, ceux de l’Insee. A la question Quand vous regardez la manière dont évoluent la France et les Français, avez-vous l’impression que les choses vont en s’améliorant ou au contraire qu’elles ont tendance à aller plus mal ? Les personnes répondant Les choses vont en s’améliorant sont passées de 11 % en avril à 9 % en mai. Un autre baromètre sur les préoccupations du citoyen consommateur réalisé par la Sofres pour le groupe Casino et le magazine l’Hémicycle révèle, dans sa dernière vague, réalisée le 29 avril dernier, que 59% des Français sont préoccupés par leur pouvoir d’achat, passant ainsi par la même occasion pour la première fois devant la préoccupation pour le chômage (58%).

 

2°) En ce qui concerne les solutions

 

Il serait présomptueux d’affirmer détenir des solutions face à un problème irrationnel. J’ai retenu le principe d’un état d’esprit, d’une philosophie de la vie. Bien-sûr, le débat politique a sa place, mais il contredit de plus en plus, aussi vite qu’il s’impose, comme l’illustre les courses de pouvoir fratricides propres à la différente formation. La politique des Etats est de plus en plus  l’art de répondre aux urgences, de  gérer des contraintes et des crises  que d’impulser des changements positifs dans la vie quotidienne des gens. Jamais des lois nouvelles n’ont fait de mœurs nouvelles. Il est vrai que l’on ne gouverne plus par décret mais par contrat. Il faut donc pouvoir échanger avec la société civile, des représentations élues et autonome, en sachant que la politique n’intègre généralement les changements qu’à postériori, et non à priori des attentes d’une société.  Dans ce contexte, les dirigeants qui souhaitent être réélus sont souvent tenté de promettre, au pire, comme aujourd’hui, et, au mieux, comme hier. En tenant compte des déficits, celui de l’Etat, de l’assurance maladie et de la dette de l’Etat notamment, qui absorbent chaque année 40% des dépenses budgétaires.  Avec le changement de monnaie, du Franc à l’Euro, la dernière grande réforme a  été, sans la juger,  la réduction, par la loi, de la durée légale du travail de 39 à 35 heures. On voit aujourd’hui que cette loi ne survivra pas à l’alternance politique.  Une série de petites mesures touchent bien le quotidien, comme l’interdiction de fumer dans les lieux public, mais, comme les petites mesures fiscales, ou les heures complémentaires défiscalisées,  elles sont intégrées au quotidien aussitôt appliquées, en se partageant d’abord entre favorables et défavorables, mais en laissant la majorité des gens indifférents. Ne pouvant ni laisser filer les dépenses de l’Etat, ni jouer de l’arme fiscale, mis en demeure par Bruxelles, l’Etat semble impuissant à lancer une dynamique de croissance.

 

En fait, le rôle des Etats est bien celui d’être maitres des horloges. Et de réduire incertitude du futur.  

Garantir l’emploi des enfants, le niveau de vie, de protection sociale et le paiement des retraites, tel est leur feuille de route.  Un travail de bon « père de la nation » en quelque sorte. Mais l’époque, et la situation mondiale, porte en elle de nouveaux défis qui agissent directement sur la vie quotidienne de tous les citoyens. Aujourd’hui, la façon avec laquelle les pays de l’union européenne vont gérer la crise pétrolière agira directement sur le moral. Le refus, hier soir, par l’Union Européenne, de la proposition française de plafonner la TVA démontre qu’il n’existe pas de miracle.  La capacité de la société d’aborder une révolution culturelle, dont le prix du baril n’est que le déclencheur est plus importante  que toutes les décisions conjoncturelles. Cette crise incitera –elle les Français à se prendre aussi en charge sans tout attendre de l’Etat ? Il faut que la solidarité nationale joue bien-sûr, mais nous savons bien que les transports et la pétrochimie ne pourrons plus suivre au même rythme de production, et ce, dans le monde.

 

Alors, oui, ce constat fait, il peut paraître dérisoire de dire aux gens « Lancez-vous ! », réalisez vos rêves, changez de vie, amusez vous ! Et bien paradoxalement, dans l’histoire, les périodes de crises économique ont toujours été plus créatives que les périodes d’expansion. La qualité architecturale, par exemple, s’en est ressentie. Alors, il ne s’agit pas de dire, comme dans les années 80 « Vive la Crise ! » et j’ai rappelé dans mon article que la situation de notre pays, préoccupante pour beaucoup, n’avait rien de catastrophique. Mais la déprime de l’opinion, si elle a presque toujours existé, atteint aujourd’hui un niveau  qui agit sur la consommation et l’activité.

 

Tout n’est pas lié à la politique, à la conjoncture, ou au gouvernement. Comme le souligne justement une internaute, la logique de la gestion du personnel et de l’encadrement par des entreprises qui confondent leurs collaborateurs avec des « kleenex » est bien un élément qui pèse sur le moral. Aux profits-records des grandes entreprises, alors que les richesses se partagent mal, s’ajoute le stress au travail. L’autoritarisme dans l’entreprise ne passe plus, et brise tout plaisir et tout désir de changer.

 

Qui sait ? Peut-être que les Etats Unis seront, demain, moins égoïste ? La nouvelle génération, les 20 / 30 ans semblent aussi prêts aux changements inéluctables de la société. En tous cas, et nos échanges le prouvent, la société de l’information, cette « économie immatérielle » que j’évoque dans mon article. Un groupe d’expert, animé par le président de Publicis, Maurice Levy, a consacré un rapport  - peut-être même  plus réaliste que celui de Jacques Attali sur la « libéralisation de la croissance Française -  que je vous conseille de lire, comme je vous conseille aussi de lire le rapport Attali.

 

http://www.minefi.gouv.fr/directions_services/sircom/technologies_info/imma teriel/immateriel.pdf

 

http://lesrapports.ladocumentationfrancaise.fr

 

En tous cas, l’économie de l’immatériel a le vent porteur. En avril 2008,  33.2 millions de personnes se sont connectées au moins une fois à Internet soit 62.8% de la population 11+. Un chiffre en hausse de +2.2% par rapport au mois précédent.  Aujourd’hui,  plus d’un foyer sur deux (52%) a aujourd’hui accès à Internet avec près de 13.5 millions de foyers équipés au 1er trimestre 2008. Côté connexion à domicile, le haut débit continue en avril sa progression avec une hausse de 5% par rapport à mars.

J’aimerais poursuivre ce débat, secteur par secteur, mais je suis déjà très satisfait de constater que une spécificité française est bien la capacité critique, la liberté de débat, et le goût de la connaissance. Il reste à construire l’audace, en libérant des minorités actives,  en n’ayant pas peur du débat et du conflit constructeur, en retrouvant le sentiment d’un possible pour tous susceptible  d’amplifier le  bien-être personnel.

 

Eric Donfu

 


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