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Marc Bruxman 12 juin 2008 19:54
@ Marc Bruxman :

On a bien compris que "hors de l’informatique point de salut",

Ce n’est pas ce que je disais. Je disais qu’il s’agissait d’un enseignement aujourd’hui nécéssaire quelque soit le métier que l’on veut faire après. De la même façon que les Maths et le lecture sont des enseignements nécéssaires.

mais il ne faudrait quand même pas tomber dans l’analyse simpliste, tout cela pour taper bien entendu sur le système éducatif français dont je serais très curieux de savoir quel est votre connaissance du contenu des programmes qui sont enseignés aux différents niveaux.

J’en suis sorti en 2004 après une école d’ingé et un DEA. Pas si loin. J’ai encore dans ma famille des cousins qui n’en ont pas fini. Et j’ai des connaissances qui sont profs dont un prof de physique affecté en ZEP qui me raconte des trucs à faire pleurer. (Il souhaite d’ailleurs démissionner de l’EN tellement ca le saoule de faire de la garderie).

Il est exact que les jeunes fuient les études scientifiques (thème à creuser par AV !), mais dire que les formations d’ingénieurs tendent à se déconnecter de la technique, d’où tenez-vous cela ?

Et bien des étudiants et anciens étudiants en école d’ingénieurs que je fréquente Leurs écoles ne cessent de leur rabacher : "la technique va être délocalisée en Inde, soyez managers". Et on récupére à la sortie des gens avec marqué "ingénieur informaticien" qui ne savent pas programmer.

Ok c’est vrai, être un bon programmeur ne suffit pas à être un bon ingénieur. Mais quand on voit un mec sorti de Centrale (pourtant une école de bonne réputation) directeur technique d’une boite d’édition de logiciel sortir : "Ah les automates à états finis ! Je ne sais pas ce que c’est moi ! J’ai du sécher le cours qui en parlait". Et bien quand on entend ca on est triste. D’autant que c’est pas comme si cette inculture scientifique et technique n’avait pas posé un gros problème de performance dans le logiciel et que la boite avait perdu un marché à cause de ca. Des exemples comme cela, il y en a plein. J’ajouterai pour la forme un "#define private public" trouvé dans le code source d’un logiciel très professionnel (j’étais stagiaire au service qualité à l’époque on s’est bien marré quand on l’a trouvé) et qui n’a pas valu de "faute lourde" à son auteur juste une grosse engeulade dans le bureau du service qualité avec mon boss qui était vert de rage. (Et il avait complétement raison).

Après je suis à mon compte et quand on fait du recrutement c’est déprimant. Ils veulent tous être "chef de projet" et beaucoup ont tellement voulu être chef qu’ils ont oubliés le travail que fesaient ceux qu’ils sont censés diriger. On a mis en place des tests de programmation préalables à tout entretien. Et bien ce n’est vraiment pas glorieux.

Notez bien que je ne critique pas le fait de vouloir être chef (c’est normal d’avoir de l’ambition, le contraire serait étonnant) mais le fait d’avoir négligé une partie importante de l’apprentissage croyant que les logiciels allaient s’écrire tout seul grâce aux indiens magiques. On voit tous les jours que cela ne marche pas comme cela et que si les indiens accomplissent énormément de travail, le besoin d’expertise technique n’a jamais été aussi grand.

Je pourrais vous citer quantité de jeunes ingénieurs-chimistes ( !) qui à une certaine époque se casaient très bien dans l’informatique après avoir été longuement testés !! Bien entendu c’est encore plus vrai pour les écoles plus tournées vers les maths et les technologies.

La vérité sur les transfuges d’autres Sciences vers l’Informatique c’est que le secteur manque tellement de bras qu’il ferait n’importe quoi pour en avoir. J’ai connu un cas de chimiste reconverti à l’informatique quand je bossais en startup. Extrait choisi un jour à la machine à café :

  • Et les mecs ! J’ai une question pour vous ! C’est quoi une table de hachage ?
  • (Silence)... Ah c’est pour ca que ton application ramait depuis deux semaines !

Effectivement le monsieur se plaignait depuis deux semaines que son programme ramait affreusement. Et il se fesait pressurer par le DG pour que ca marche parce que la lenteur enmerdait un gros client. Et effectivement le code fonctionnait avec des listes chainées la ou une table de hachage aurait été appropriée. Je vous laisse imaginer la catastrophe.

Bon ok c’est un cas particulier. Mais la grosse chance des transfuges c’est justement que les formations en informatique sont tellement défaillantes (dans une grande partie des cas il s’agit d’une formation généraliste avec 6 mois de spécialisation à la fin) qu’effectivement un non spécialiste va pouvoir se noyer rapidement dans la masse. Cela dit des ingénieurs de qualité cela se trouve (on a même réussi à faire une bonne équipe dans notre boite et je connais d’autres boites avec de bonnes équipes de tueurs) mais on en produit beaucoup trop peu. 

L’étalage des lieux communs sur l’enseignement à tous les niveaux finit par être insupportable.

Si seulement c’était des lieux communs :(

 


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