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LilianeBourdin 13 juin 2008 01:35

Merci de ces questions : j’en évoque quelques-unes.

La méthode globale. Encore une polémique, mais je suis d’accord  : effectivement la méthode de reconnaissance visuelle des mots, dès la maternelle, au lieu d’un apprentissage de la lettre et du phonème, introduisant les syllabes et la construction syllabique des mots, déconcerte l’enfant prédisposé à une appréhension analytique des choses. Cette approche (notion du "stock de mots", d’un texte dont il est important "de comprendre le sens global même si on n’en comprend pas tous les mots", etc...) conduit l’enfant à "deviner", et l’enfant précoce devine vite. Il va donc zapper la difficulté en inventant une solution personnelle au problème. Qui peut se révéler inefficace à moyen terme. Et le rendre peu sécure.

Et à propos des dys : après des années de rencontres et de prises en charge d’enfants précoces en difficulté, j’en suis arrivée à la conclusion que tous les dys-quelque chose que rencontrent les enfants précoces ont à voir avec cette inadaptation du niveau des exigences que l’on a vis à vis de l’enfant doué. "Laissez-lui son enfance", entend-on. Et l’on ne lui demande pas plus, ni sur le plan intellectuel, ni sur le plan psychomoteur, ni sur le plan affectif, qu’aux autres enfants du même âge, alors qu’il serait capable de fonctionner au niveau d’un enfant de deux ans de plus, par exemple. Cela aboutit à une infantilisation relative, avec des conséquences importantes : non apprentissage de l’écriture, par exemple, en même temps que la lecture qu’il va apprendre souvent seul. Or on sait que ces deux apprentissages sont d’autant mieux intégrés qu’ils sont faits ensemble. L’écriture intervient alors que l’enfant n’en est plus là. Idem pour les actions psychomotrices, qui n’abordent pas un niveau complexe alors que l’enfant y aurait accès. Il se désintéresse rapidement de la question. Quand on lui propose ces apprentissages, plus tard, il a peur de se retrouver en échec (cf, plus haut), et il se sent effectivement maladroit : il les désinvestit encore plus.

La confusion, me semble-t-il, vient d’une conception particulière du développement de l’enfant. L’enfant pousserait tout seul. Alors que l’enfant se développe en fonction des apprentissages qu’on lui propose. Mais qui doivent être adaptées au moment où il en est (et pas à son âge). C’est cette adaptation qui permettait autrefois aux enseignants de deviner pour quel enfant un saut de classe allait être nécessaire.


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