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Martin sur AgoraVox Martin sur AgoraVox 19 juin 2008 15:51

 

Je dois réagir au commentaire qui tente d’évacuer le fondement de la démocratie véritable, la démocratie directe : « Tout d’abord il procède d’une question en général fermée (réponse atttendue = OUI ou NON), cette question ayant été préparée par des représentants de citoyens, des élus car c’est impossible de faire autrement…. […] ».

 

 

 

A l’intention des lecteurs je vais exposer ici quelques éléments de réflexion, je vais montrer que les arguments de l’auteur ne sont pas recevables, mais bien entendu je ne cherche pas à convertir l’auteur à la démocratie si elle préfère un autre système politique.

 

 

Soit on est pour la mise en application complète des règles qui définissent la démocratie alors on est démocrate, soit on veut restreindre ces règles, on veut imposer des limitations, alors on n’est pas démocrate, alors on est favorable à un autre système politique et ce système-là ne s’appelle pas la démocratie.

 

 

Tous les arguments sont bons pour réfuter la démocratie véritable, la démocratie qui dans toutes les décisions respecte la volonté de la majorité des citoyens.

 

 

Ces arguments sont fallacieux et servent à éliminer l’idée de la démocratie véritable afin de réserver le pouvoir pseudo-démocratique aux tenants de telle ou telle idéologie.

 

 

  • Démocratie versus pouvoir des élites

 

 

Je répète car on ne le répète pas assèz, les deux conditions de la démocratie véritable ont été définies par Aristote et en des termes modernes ces conditions sont exprimées ainsi :

  • - tout citoyen a le droit d’exprimer et de propager des opinions ou des idées quelles qu’elles soient, sans censure, sans interdit ;
  • - toute décision politique doit être prise conformément avec l’opinion de la majorité des citoyens. Cela signifie que lorsqu’il y a un doute toute décision politique doit pouvoir être soumise à la validation par la majorité des voix des citoyens qui désirent s’exprimer, donc le référendum d’initiative citoyenne doit être garanti sans restriction.

 

Si les décisions doivent être réservées à une élite, alors la démocratie n’existe pas. Rappel : en démocratie toutes les décisions doivent être conformes aux désirs de la majorité des citoyens, de tous les citoyens qui souhaitent exprimer leur volonté. Si la règle est que les décisions politiques doivent être seulement conformes aux désirs d’une certaine « élite » alors on ne se situe pas dans un système démocratique.

 

 

La démocratie n’est pas le seul système politique envisageable. On peut par exemple argumenter en faveur de la dictature éclairée. Mais qui décide que tel dictateur est éclairé et que tel autre mène vers le désastre ? Qui peut de façon certaine prouver à l’avance que tel politique, seul contre la majorité, a raison dans l’absolu, à très long terme, en harmonie avec les finalités de l’univers.

 

 

 

Certains sont donc libres de déguiser le système politique anti-démocratique qu’ils préfèrent, où les minorités imposent leurs volontés à la majorité, en l’affublant abusivement de la dénomination « démocratie » ou « « démocratie quelque chose » - par exemple « démocratie technocratique », « démocratie représentative », « démocratie oligarchique » etc.

 

 

  • L’exemple suisse

 

 

L’auteur mentionne « la délation ». Il faut respecter la démocratie : si les lois ont été votées dans un contexte démocratique, il faut les respecter. Tout citoyens doit dénoncer le délit dont il est le témoin – c’est le principe-même de sauvegarde de l’ordre social décidé démocratiquement par les citoyens.

 

 

Il y a en Suisse aussi des choses à améliorer. Des livres ont été écrits pour dénoncer certains disfonctionnement suisses, certains points qu’il convient encore d’améliorer. Vous remarquerez que des livres ont été également écrits pour dénoncer certains disfonctionnement français ou européens (de l’Union européenne) et ils sont à peu près cent fois plus nombreux que ceux qui concernent les disfonctionnement suisses.

 

 

Mais en Suisse les citoyens ont la possibilité d’intervenir à tout moment, sur toute question, pour imposer leur volonté. Et depuis plus d’un siècle, l’amélioration du système politique suisse basé sur les référendums généralisés est permanente. Souvent ces améliorations sont demandées directement par les citoyens suisses eux-mêmes, qui n’ont pas besoin de partis politiques pour faire entendre leur volonté. C’est bien cela la véritable démocratie.

 

 

Dans le dispositif législatif suisse il existe plusieurs types possibles d’intervention directe du peuple suisse. Les conditions du déroulement de l’initiative ou du référendum varient selon la portée des initiatives ou des référendums. Donc si vraiment tel ou tel fait ne convenait pas à la majorité des citoyens suisses, ils ont la possibilité de le changer. C’est le droit démocratique, donc le droit de la majorité des citoyens, de défendre les intérêts d’une entreprise suisse s’ils le souhaitent. Quelqu’un peut être individuellement contre mais la majorité doit l’emporter. L’essentiel est que les Suisses ont la possibilité d’intervenir à tout moment pour décider dans les choix politiques. 

 

 

La démocratie véritable, qui est donc dans la pratique basée sur la démocratie directe – avec la possibilité donnée aux citoyens de déclencher les référendums – n’élimine pas les éléments de « démocratie représentative » ni les éléments de « démocratie participative ». La démocratie directe laisse aux uns et aux autres la possibilité de faire des propositions et laisse aux politiques la responsabilité de gérer les affaires de la communauté au quotidien. Mais elle exerce sur les politiques et sur les lobbies (c’est à dire sur les groupes de pression) le contrôle permanent du respect de la règle démocratique : « pour toutes les questions qui touchent la communauté c’est la volonté de la majorité des citoyens qui décide ».

 

 

La démocratie véritable, la démocratie directe, cela ne signifie pas une société qui est gérée uniquement par référendums. Le droit aux référendums d’initiative citoyenne est le droit donné aux citoyens d’intervenir lorsqu’ils estiment que la règle fondamentale de la démocratie n’est pas respectée, la règle qui est la suivante : « pour toutes les questions qui touchent la communauté c’est la volonté de la majorité des citoyens qui décide ». Lorsqu’il y a un doute, toute décision politique doit POUVOIR être soumise à la validation. Mais cela NE signifie PAS que toutes les lois sont OBLIGATOIREMENT rédigées d’après les référendums. Il suffit d’observer le système politique suisse pour comprendre les mécanismes de prise de décision : les politiques professionnels (exécutif/législatif, gouvernement/ parlement) et leurs décisions y ont leur place et les votes directs (« référendums ») d’initiative citoyenne n’interviennent que lorsque les citoyens ont un doute et veulent vérifier concernant certaines décisions politiques quelle est la volonté démocratique de la majorité des citoyens.

 

 

Dans le contexte de démocratie directe, dont un dispositif important est la garantie de référendums, y compris les référendums d’initiative citoyenne, les politiques ne s’aventurent pas à prendre des décisions qui sont manifestement contraires à la volonté démocratique de la majorité des citoyens. Les politiques sont ainsi obligés d’agir en respectant la démocratie. Et quand ils ne la respectent pas ils s’exposent au risque d’être rappelés à l’ordre au moyen de référendum déclenché suite à l’initiative des citoyens.

 

 

  • La peine de mort

 

On nous ressort systématiquement cet argument pour s’opposer à la démocratie véritable.

 

 

De façon collective, la masse des citoyens n’est pas souvent génératrice d’idées constructives. Certaines grandes idées qui apportent le progrès à la communauté viennent d’individus qui sont capables d’exposer leur vision, de l’argumenter et de convaincre les citoyens. Ces individus font progresser l’humanité parfois en étant au départ contre l’opinion du plus grand nombre. Mais il est important que ces individus n’imposent pas leurs idées contre la volonté de la majorité des citoyens : ils doivent convaincre les citoyens et c’est toujours l’opinion du plus grand nombre qui doit décider. Car si c’est une minorité, qui s’octroie le nom de « l’élite », qui décide, alors nous sommes dans une dictature.

 

 

 

 

  • Règne de la majorité ou règne des minorités ?

 

 

 

On peut remarquer que dans la démocratie véritable la minorité subit, alors que dans la dictature - lorsque la volonté de la minorité s’impose - la majorité subit. Entre faire subir la minorité ou la majorité, quel est le choix le plus humain ?

 

 

La Technocratie est une variante de la « dictature éclairée » lorsque cette dictature est exercée par un cercle restreint qui se réserve le droit de prendre les décisions politiques sous prétexte que les membres de ce cercle possèdent le savoir qui convient.

 

 

Dans la Démocratie les citoyens décident de leur avenir. Au moyen de la majorité des voix ils sont entièrement libres de décider. Ils décident les questions sur lesquelles ils décident, ils décident des critères selon lesquels ils décident. Ils peuvent également aussi décider des solutions qui sont des « bêtises ».

 

 

Certains pensent, par contre, que c’est une minorité qui doit décider, une toute petite minorité choisie selon les critères qui correspondent à une définition préalable de ce qui « est juste » et « doit être fait » ou « ne doit pas être permis ». Naturellement rien ne nous garantit que cette petite minorité Technocratique ne commettra pas des « bêtises ». Peut-être que les « bêtises » de la petite minorité Technocratique ne seront pas les mêmes que celles que commettrait la majorité Démocratique.

 

 

Entre les deux types de « bêtises », je préfère celles commises par la majorité Démocratique, car dans ce cas, seule une minorité de la population sera frustrée. Par contre lors des « bêtises » commises par la petite minorité Technocratique, c’est la grande majorité de la population qui sera frustrée.

 

 

 

Face au dilemme, certains citoyens penchent en faveur de la Démocratie, d’autres sont contre.


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