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Jacques Brodeur Jacques Brodeur 24 juillet 2008 05:03

Marc Bruxman a pris connaissance du DÉFI « 10 jours pour voir autrement » et continue de le comparer à sa préférence personnelle, « aller dans la nature pour de vrai ». Hélas, toutes les écoles d’Europe et d’Amérique n’ont pas accès à une classe nature. Elles ont organisé le DÉFI 10 jours et les résultats ont été positifs. Surprise, ce DÉFI, loin d’avoir été perçu comme une punition, a, malgré toute attente, enthousiasmé les enfants et leurs parents. Devrait-on les blâmer de se contenter de si peu ? Devraient-ils réclamer une classe nature ? Si Marc veut organiser des classes nature, on lui laisse la voie libre.

Le DÉFI 10 jours a appris aux enfants à VOIR AUTREMENT sans les sortir de leur quartier et de leur famille. Relève-t-il d’une idéologie technophobe. Selon les adorateurs du dieu technologie, ce dernier fait partie de notre monde et « ceux qui veulent en isoler les enfants sont dangereux ». Accusation non fondée puisqu’en réalité, ces 10 jours ont appris aux enfants à décrypter des pubs, à aiguiser leur sens critique, à voir (les messages transmis par la télé) autrement. Personne n’a cassé sa télé, personne n’a jeté sa console de jeux ou exorcisé son ordinateur. C’est justement parce que la technologie est omniprésente et puissante que les écoles doivent apprendre aux enfants à refuser d’avaler n’importe quoi, leur donner le goût de se soustraire à son emprise. Le DÉFI est un moyen de concertation fourni aux enseignants et aux parents pour aider les enfants gagner le match contre une équipe redoutable.

Les professeurs Bushman, Gentile, Huesman, Zimmerman, Anderson et Rich sont des scientifiques pour qui la seule notoriété qui compte est celle qui permet la diffusion des découvertes qu’ils font pour améliorer la santé publique. Toutes leurs découvertes sont épluchées par des avocats de l’industrie qui les traîneraient devant les tribunaux à la moindre apparence de diffamation. Les organisations de professionnels qui ont sonné l’alarme au sujet des divertissements violents sont tout à fait crédibles et leurs dirigeants ont procédé avec précaution et modération. Ceux qui leur reprochent de « jouer sur la peur des gens » errent lamentablement. Les défenseurs de l’industrie craignent ces chercheurs et ces organisations professionnelles comme la Grande Inquisition craignait ceux qui osaient prétendre que la terre tourne autour du soleil. Ces associations professionnelles représentent des pédiatres, des psychiatres, des psychologues et des médecins. Leur reprocher de jouer sur la peur des gens, ce n’est pas sérieux !

Les jeunes consommateurs de divertissements violents deviennent-ils tous insensibles ? Ceux qui ont consommé des jeux vidéos et des films violents étant jeunes se réjouissent peut-être que leur club vidéo ait été assez « cool » pour leur prêter n’importe quel produit toxique. Comme prévu, tous ne sont pas « devenus de dangereux criminels » ? Mais que font-ils lorsqu’ils discutent de l’impact des divertissements violents sur les enfants ? Ils ridiculisent leur interlocuteur et tournent en dérision les évidences scientifiques qu’on leur présente. Leur argument ultime ne tient pas la route. « Puisque mon grand-père, fumeur invétéré, est mort en dégustant un yaourt, c’est la preuve que le tabac n’est pas malsain. » Peu convaincant, non ?

« Malgré que de nombreux élèves de ma classe aient joué avec des jeux désensibilisants, aucun n’a levé la main sur un prof ou menacé de le faire ». Ça devrait rassurer quelqu’un ? Comme il n’y a pas eu passage à l’acte, on devrait conclure qu’il n’y a pas eu d’impact, même avec un si faible échantillon ? Et puis votre interlocuteur (qui n’est pas devenu criminel) ajoute que ça le « fait marrer quand il y a un crime gore » (est-ce vraiment marrant ?) et qu’il trouve le journaliste idiot de préciser que "le meurtrier jouait avec de jeux violents ou avait vu un film très violent". Avec un tel degré de curiosité et de sens critique, le risque de découvrir quoi que ce soit est mince. Lorsqu’on a obligé Galilée à renier son livre, certains l’ont probablement reconnu coupable « de débilité improuvable » et l’ont cru « intéressé à se faire un coup de pub et en retirer du profit ».

Précisons que le tabagisme ne tue pas un fumeur sur deux. En fait, moins de 30% sont victimes de maladies pulmonaires ou cardiaques. Si on veut vraiment connaître l’impact des divertissements violents sur l’agressivité des joueurs, on fait au moins une petite recherche avant de répliquer. Les chercheurs qui ont pris la peine de consacrer des années à fouiller la question ont constaté que l’impact est plus grand que celui du tabac sur le cancer. http://edupax.org/precede/public/Assets/divers/documentation/1_articles/1_0 89_PagesfromSteinbergMacedo_ch56.pdf

Et puis au bout du compte, on invoque la fatalité ! « Les enfants ont toujours eu des jeux violents », ou « tout le monde le fait ». Alors allons-y, cessons de réfléchir et de nous faire du souci. Continuons la chaîne, laissons les fabricants de jeux et les réseaux de télé augmenter les doses déversées dans les cerveaux pour empocher plus de profits. On ne poura pas les arrêter, alors résignons-nous.

Les citoyennes et les citoyens seront intéressés d’apprendre que dans les écoles primaires du Québec, on a constaté qu’un nombre croissant d’enfants identifient plus difficilement « les limites à ne pas dépasser ». Ils éprouvent plus de difficulté à faire la différence entre les jeux violents virtuels et la réalité. La frontière entre fiction et réalité s’embrouille, et les adolescents n’y échappent pas. Voilà pourquoi les commerçants les prennent pour cibles. Ils connaissent la vulnérabilité de ce client idéal qui adore le risque, raffole des sensations fortes et sous-estime le danger. Voilà pourquoi nous croyons que la personne qui joue est en fait mentalement abusée par le jeu. C’est le concepteur du jeu qui s’amuse avec les synapses de son jeune cerveau.







 


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