Les relations entre Noirs et Juifs aux Etats-Unis sont assez complexes.
On pourrait se demander pourquoi les plus radicaux des organisations noires ont éprouvé le besoin d’ajouter l’antisémitisme à leur fond de commerce, alors même que nous savons que dans les années ’60 de nombreux jeunes juifs idéalistes ont payé de leur vie leur engagement en faveur des droits civiques.
Influence du conflit israëlo-arabe, dès lors que certains se sont convertis à l’Islam ? Rejet tout simplement de toute aide extérieure à la communauté, la jugeant par définition intéressée ? Adoption des vieux stéréotypes en vigueur chez les Blancs pour leur en montrer ? Concurrence victimiaire ?

Quant aux Juifs américains eux-mêmes, il est intéressant de constater une évolution en balançoire. Au XIXe siècle, le Vieux Sud est des plus accueillants pour les Juifs, dont les références bibliques plaisent aux Protestants locaux. Ils seront nombreux et respectés dans le Mississippi, et l’un des leurs, Judah P. Benjamin sera le premier Juif secrétaire d’Etat.... des Etats Confédérés !!! En revanche, beaucoup d’antisémitisme dans le Nord, et pendant la guerre le général Grant prendra même des mesures d’expulsion (annullées par Lincoln) envers des commerçants juifs.

Dans ce sens, en admettant qu’ils aient été au courant, des militants noirs pouvaient conclure à une entente entre Juifs et esclavagistes du Sud.

 En revanche, avec l’arrivée des immigrés juifs d’Europe de l’Est à la fin du XIXe, les Juifs se voient englober dans la masse d’"aliens" dangereux. Suprême marque d’honneur, le Klan les désigne comme ennemis au même titre que les Noirs... et que les Catholiques. Le point culminant, d’ailleurs, c’est le lynchage d’un patron juif, Leo Frank, en 1915, accusé d’avoir assassiné une de ses ouvrières chrétiennes.

Il est certains que les exploits verbaux de la ’Nation of Islam’ ont sévèrement ébranlé cette solidarité.