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Jordi Grau J. GRAU 10 septembre 2008 16:14

Il me semble qu’on s’expose à des malentendus sans fin si on ne s’entend pas sur les sens des mots "gauche" et "droite".

Il y a, selon moi, deux sens principaux. "Gauche" ou "droite" peuvent désigner :


- des organisations politiques ou des regroupements de partis (exemple : la défunte "gauche plurielle")

- des familles politiques, dont l’identité se définit moins par l’appartenance à un parti que par une communauté d’idées et d’intérêts.

Au premier sens du terme, il est difficilement contestable que la différence entre droite et gauche s’est largement estompée, et pas seulement en France. Les principaux partis de gauche (PS, sociale-démocratie, travaillisme...) ont généralement rallié la doxa néo-libérale. Tous les partis sont devenus plus à droite (au moins sur le plan social, sur la question des inégalités économiques et culturelles), mais les partis de gauche bien davantage que les autres. Avec les chocs pétroliers, la montée du chômage, Thatcher, Reagan et le triomphe des idées de Friedman et Hayek, le compromis keynésien entre capitalisme et socialisme est mort. Cette évolution est bien visible chez nous. C’est sous Mitterrand, par exemple, que la France est entrée dans la mondialisation financière. Fabius première manière, DSK, mais aussi Royal, Jospin, Delanoë, et bien d’autres, ne sont pas très éloignés sur le fond des têtes pensantes de l’UMP. Les grands partis de gauche se sont parfaitement acclimatés à la mondialisation libérale (mieux : ils ont contribué à la mettre en place) et aux inégalités qui en découlent.

Si maintenant nous quittons le magnifique monde des partis, nous nous apercevons que les mots "droite" et "gauche" ont encore des significations bien distinctes pour beaucoup de gens (comme le montre le sondage dont parle l’auteur de l’article). Pour ma part, je dirai qu’être de gauche consiste à vouloir plus de liberté ET d’égalité entre les hommes. Pour les gens de gauche, liberté et égalité vont de pair : si les inégalités sont fortes, des rapports de domination apparaissent nécessairement. Pour les gens de droite, les rapports de domination sont moins gênants. En tout cas, ils ne sont pas convaincus que la liberté et l’égalité vont bien ensemble. Ils veulent bien - aujourd’hui, en tout cas, car cela n’a pas toujours été ainsi - une égalité des droits, mais pas d’une égalité des fortunes et des savoirs.

Pour terminer, j’ajouterai qu’on peut très bien être à la fois de droite et de gauche. On peut par exemple être pour une redistribution des richesses (donc de gauche) et hostiles à l’égalité entre hommes et femmes ou favorable à une dictature communiste (donc de droite, parce que favorable à une forme d’oppression). Inversement, quelqu’un de droite (sur la question sociale) peut avoir un point de vue de gauche sur des questions sociétales (sur le droit des homosexuels, par exemple). Bref, c’est assez compliqué. Cela dit, il y a quand même des liens entre les différentes formes d’oppression. Par exemple, l’exploitation des salariés est amplifiée par des inégalités qui, au départ, n’ont rien à voir avec des inégalités de fortune : inégalités entre hommes et femmes, Français et étrangers, blancs et "colorés", etc. Le racisme et le machisme contribuent à diviser les salariés, à les mettre en concurrence, donc de les affaiblir.


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