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ortograf-fr 4 octobre 2008 20:09

Réponse à Parpaillot

"Je ne comprends pas le message que vous cherchez à faire passer, ni les rapports qu’il pourrait y avoir entre l’espérance de vie et l’origine de la langue maternelle ? Je ne vois pas non plus en quoi le fait de parler le français devrait être un handicap dans la vie professionnelle ? Je n’ai jamais rien constaté de tel dans mon pays, la Suisse, pays multilingue dans lequel je vis."

Réponse

Tu pêches par modestie, Parpaillot, et pour un Parpaillot, Suisse qui plus est, c’est pas bien.

Le message que je cherche à faire passer, c’est qu’il faut réformer l’orthographe, mais pas n’importe comment.

En y regardant de près, on s’aperçoit qu’elle représente un énorme handicap pour les francophones, mais qu’elle n’est jamais mise en cause. A sa place on accuse les enseignants, les méthodes de lecture, les parents qui démissionnent.

Pour montrer qu’elle est une véritable cause de déclin, on peut alors reprendre le discours qui a été tenu des deux côtés des barricades en mai 68. D’après ce discours, la mentalité entretenue par le catholicisme de la Contre-Réforme était à l’origine des fragilités de la société française. On ajoutait même qu’elle avait beaucoup inspiré le communisme : "nos communistes sont des
catholiques, mais des catholiques d’avant le Concile" (Alain Peyrefitte, "Le Mal Français"). 

Le même auteur fait remarquer que ce sont les pays protestants d’Europe du Nord qui ont fait la révolution industrielle, il fait remarquer aussi qu’en Suisse, ce sont les cantons protestants qui ont été les plus dynamiques.

Toutes ces analyses font un lien entre la mentalité et ce qu’on peut appeler l’intelligence collective, dont dépendent notamment la qualité de vie et la longévité.

Comme par hasard, il s’avère que les complications de notre orthographe ont été mises en place au même moment que le courant de Contre-Réforme, vers 1640.

L’explication des problème de la société française est alors toute simple et lumineuse. Le livre "Le Prince", de Machiavel était sorti un siècle plus tôt et il avait été interdit par l’Eglise 28 ans après sa parution. Ce livre sous-entend en permanence que le pouvoir ne se partage pas, il se garde ou il se prend, par les voyous les plus motivés, et pour ça, la fin justifie les moyens.

Machiavel inspirait et inspire les réflexions de la classe dirigeante, alors que les milieux populaires en ignoraient et en ignorent jusqu’à l’existence.

Le machiavélisme a beaucoup utilisé l’Eglise pour garantir la soumisssion populaire. Par exemple, suite à la révolution de 1848, Thiers, un rationaliste, est allé jusqu’à déclarer : "courons nous réfugier dans les bras des évèques, eux seuls pourront nous sauver (Cité dans "les grands discours parlementaires du 19ème siècle, préface de Jean-Louis Debré). Ce ralliement opportuniste à l’Eglise a permis à Montalembert, député de Maiche, de mettre en place en 1850 l’enseignement catholique qualifié pour la circonstandce de "libre". Le marché était on ne peut plus clair : l’Eglise fournissait des cadres moyens soumis et bien pensants, et, en contrepartie, elle avait ainsi une tribune pour faire connaitre son message.

Depuis quelques dizaines d’années, l’Eglise ne peut plus guère être manipulée efficacement par quelque dirigeant machiavélique. Notre chanoine-président aurait probablement mieux fait de se contenter d’une grâce terrestre qu’il tenait, sans vouloir y ajouter une autre grâce qui fleurait trop l’opportunisme.

En tout état de cause, un Prince qui se respecte doit maintenant trouver autre chose que l’Eglise comme outil d’asservissement du peuple, et cet ersatz, il le trouve de toute évidence dans l’obscurantisme.

Les deux places fortes de l’obscurantisme sont naturellement les instances qui ont pour mission de former et d’informer le peuple, c’est à dire le système éducatif et les grands médias. Aux sommets de ces deux instances, les chefs de clans se partagent le pouvoir et se ménagent mutuellement. Par exemple, ils ont fait en commun un raté qui a amené l’explosion de mai 68. Ce raté, c’est la réforme signée par Christian Fouchet, ministre du général de Gaulle, et concoctée avec la collaboration indispensable de l’appareil communiste de l’Education Nationale.

S’ils partagent le pouvoir entre eux, pourquoi pas. C’est déja un début de partage. Le malheur, c’est que, depuis 1960 environ, des impulsions venues d’en haut ont fait faire à l’Education Nationale toutes les c... possibles : méthode globale, grammaire structurale, maths modernes, targette à pëne plat, réforme Fouchet. On y ajoutera un intellectualisme forcené digne de l’ancien régime et qui nous vaut un record de chômeurs et la régression sociale, et un activisme agaçant pour faire des réformes bidon.

Et l’orthographe dans tout ça ? Par les difficultés qu’elle apporte, par l’aventurisme pédagogique et les réformes bidon qu’elle occasionne, elle fournit le meilleur des prétextes pour faire cafouiller l’enseignement et écarter les élèves des savoirs fonctionnels, qui, eux et eux seuls, sont synonymes de pouvoir.

Le principal atout de l’obscurantisme moderne, ce n’est plus du tout le catholicisme, c’est l’orthographe du grand-père.

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