Bonsoir Imhotep,

Je n’aime pas Sarkozy (je n’ai rien contre l’UMP) parce qu’il a le profil de l’incompétent qui s’attribue le travail des autres (on en connaît tous dans les entreprises et les administrations), beau parleur mais sans profondeur, comme en atteste son absence de culture. Je crois également volontiers que cet homme a été installé pour liquider la France (ce pays communiste qui avait réussi) quand Chirac, gaulliste mais pas gaullien, a fait de la résistance passive, a retardé l’échéance. La France n’a donc plus d’identité propre, et c’est la faute de nos gouvernants.

Ceci dit, je vais prendre la défense de Sarkozy car mon jugement, forcément subjectif, est toujours conduit par l’honnêteté, même envers une personne que je n’aime pas.

Sarkozy est indubitablement l’homme le plus médiatique qui ait gouverné la France. On sait tout de sa vie publique comme de sa vie privée. Nous sommes donc soumis à un bombardement d’informations dont la conséquence est de se focaliser sur sa personne plus que sur ses actes. Et c’est l’émotion qui l’emporte alors sur la raison parce que Sarkozy a le profil-type du repoussoir. Il me fait penser à Bel Ami.

Pour moi qui vis à l’Etranger depuis quelques mois maintenant, je suis moins soumis à ce bombardement que vous ; Agoravox demeurant avec RFI mon seul lien informationnel avec la France. Et c’est très reposant. Sarkzoy demeure donc un élément parmi d’autres de ce qui se passe en France.

Il en ressort donc que, si tout ce que vous dites est vrai et inacceptable, Sarkozy n’agit pas différemment de ses prédécesseurs ou de toute personne qui jouit d’une autorité, d’un pouvoir. La tentation est toujours là d’user de son autorité et de son pouvoir à des fins strictement personnelles, et il faut une bonne dose d’altruisme pour n’en rien faire. Charrasse, alors ministre du budget sous Mitterand, était connu pour lancer des contrôles fiscaux contre toute personne qui ne lui plaisait pas. Mitterand avait une cellule personnelle d’écoute et a trempé dans bien des affaires. Sans doute que Bayrou use de son pouvoir pour punir ou récompenser. Le véritable problème n’est donc pas Sarkozy, mais la réflexion qu’il faut porter sur l’exercice de l’autorité et du pouvoir, qui doit être sévèrement encadré, avec de très lourdes sanctions en cas de défaillance. Ce devrait être un principe applicable à tous.

Sarkozy n’est donc pas pire que les autres gouvernants. Son style est différent. Maintenant qu’il a le pouvoir, il le fait savoir, en use et en abuse à la lumière, quand les autres agissent de même, mais dans l’ombre, avec plus de subtilité.

Sarkozy est également à mon sens le meilleur pour insérer la France dans le système économique mondial, dominé – pour le moment – par l’idéologie anglo-saxonne. Il est le pendant de Thatcher. Cette mutation porte évidemment son lot de gagnants et de perdants.

Enfin, Sarkozy a été aussi élu parce qu’au-delà de son programme, une grande partie des Français se reconnaissait dans son style, et adoptait au quotidien son comportement, à une échelle plus réduite bien entendu. Ca n’est certes pas agréable à lire (ni à écrire), mais c’est ce qui ressort des comparaisons que je peux effectuer avec d’autres peuples. Les valeurs de la France et des Français ont changé, surtout depuis Chirac 2, et Sarkozy en représente l’archétype, la caricature.

Si ce que j’écris est faux, dites-moi qu’aujourd’hui, en France, il y a une vraie solidarité et un souci de l’autre.

Bonne soirée à toutes et à tous.