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quen_tin 19 novembre 2008 15:16

Je commence à mieux cerner votre raisonnement.

Dites moi si je me trompe : vous considérez que le concept même d’état est quelque chose d’inacceptable car il constitue une atteinte à la liberté individuelle (qui est en quelque sorte la valeur que vous placez au dessus de tout). Vous supposez ensuite que tout ne peux être que mieux si l’on accepte de ne jamais porter atteinte à la liberté individuelle, et donc dans l’idéal ne pas avoir d’état du tout. Le reste de votre "système" est basé sur la notion de propriété privé, d’échange économique et de contrat.

Premièrement je constate qu’il existe tout de même des règles du jeu communes dans votre système, ne serait-ce que le fait de ne pas porter atteinte à la liberté ou à la propritété d’autrui. Or ces règles du jeu communes constituent déjà quelque chose qui est imposé à tous et qui n’est pourtant pas contractuel. Que se passe-t-il si moi je refuse ces règles ? Quel instance est en charge de les faire respecter ?

Ensuite je pense que le concept d’état n’est rien d’autre - en théorie - que l’idée suivante : il existe des problématiques collectives et des choses qui n’appartiennent à personne, un cadre commun (la nature, etc.), et pour que la société fonctionne, pour pouvoir gérer ce cadre commun, il faut que tout le monde joue le jeu. Si une personne refuse de jouer le jeu, alors plus rien ne peux fonctionner. L’état est donc une nécessité, et pour éviter qu’il devienne une oppression, on lui donne la forme de la démocratie. Je ne parle pas de l’état tel que nous le connaissons qui a ses défauts mais du concept d’état dans l’idéal.

Il se pourrait bien en fin de compte que l’escroquerie, ce ne soit pas le concept d’état mais celui de propriété privée. Le concept de propriété privée est complètement artificiel. Le droit de s’approprier un objet ne va pas de soi. Il est même illusoire pour une grande partie : puis-je m’approprier l’air que je respire, les animaux qui passent sur mon terrain ? Si je cloture mon terrain ils risquent de mourrir... Puis-je m’approprier un morceau de musique ? Comment empêcher qu’on l’enregistre quand je le fais écouter ? Puis je m’approprier une idée ?

L’imposture n’est donc pas l’état mais la propriété privée.

Je vais reprendre les exemples de notre discussion pour illustrer.

Vous relevez que les rivières privées sont plus propres que les rivières publiques. On peut donc imaginer que si toutes les rivières étaient privées, elles seraient toutes propres. Or rien n’est moins sûr. En effet ceux qui achètent des rivières ne le font pas pour les polluer. Mais l’espace public, s’il est une plaie quand il faut payer des impôts, est une aubaine quand il s’agit de polluer (sauf restrictions légales). Si toutes les rivières venaient à être privatisées, pourquoi est-ce que le rejet de déchets diminuerait ? Au contraire les entreprises seraient amenées à racheter des rivières uniquement pour les polluer, au lieu de le faire gratuitement dans l’espace public. Elles n’auraient plus de contraintes légales sur les taux de métaux lourds, feraient donc moins de traitements. On peut logiquement penser qu’il y aurait plus de pollution après privatisation qu’avant.

Pour ce qui est de la recherche une remarque : faire de la recherche peut être un hobby (qui nécessite un financement). Je ne pense pas que financer la recherche en soit un... 

Dans le cas du rejet de carbone, la problématique est identique : l’atmosphère constitue un espace commun sur lequel la propriété privée ne peut pas s’appliquer. Quelqu’un rejettant du CO2 impacte donc l’ensemble de la communauté. Si certains décident de se mettre d’accord pour ne plus rejeter de CO2 parce qu’ils sont convaincus que c’est mieux pour la planète et signent un contrat, le problème viendra des non signataires qui polluent l’espace commun. Ces derniers dépenseront moins en retraitement du CO2 et seront plus compétitifs économiquement. Les autres trouverons ça injuste et ne pourront plus tenir leur accord parceque certains ne jouent pas le jeu.

Quand on est dans une problématique collective, il suffit que certains ne jouent pas le jeu pour que plus rien ne fonctionnent. L’état (en théorie toujours), c’est donc cette idée simple : il faut que tout le monde joue le jeu pour que ça fonctionne. Derrière ça il y a aussi l’idée qu’il puisse y avoir contrepartie. Si une nouvelle théorie scientifique voit le jour, les scientifiques l’ayant mise au point ne vont pas la garder pour eux, ça ne servirait à rien. Une théorie nécessite validation par toute la communauté scientifique. Si tout le monde a connaissance de cette théorie, elle n’est plus brevetable, mais elle peut servir à chacun pour trouver des applications (et les breveter) : elle appartient au domaine public.

Puisque les philantropes ne courrent pas les rues, la recherche public est logiquement financée par un groupe, mais encore une fois, il faut que tout le monde joue le jeu... Sinon ceux qui acceptent de financer la recherche public pour tous se retrouvent lesés.


Certaines critiques que vous portez sur l’état dans son fonctionnement actuel sont sans doute justifiées. Mais affirmer que le concept même d’état est néfaste me semble illusoire.

A la base personne ne nait seul au monde et tout le monde a besoin d’une société sans laquelle il n’est rien. C’est la société qui fait ce que nous sommes. En revenir à des individus dotés d’une liberté individuelle et se regroupant éventuellement par des contrats est donc une illusion simpliste et une regression. Au contraire je pense qu’il faudrait à oeuvrer à l’emergence d’un gouvernement mondial qui soit le moins oppresseur possible.


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